le Dimanche 20 avril 2025
le Jeudi 9 novembre 2023 9:16 Société

Les grévistes se font voir dans Argenteuil

Première journée de grève du front commun le 6 novembre dernier.
Les grévistes se font voir dans Argenteuil
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Le 6 novembre dernier marquait la première journée de grève du front commun syndical des employés des secteurs public et parapublic au Québec. Dans Argenteuil, les manifestants ont profité de la journée pour se faire voir comme il se doit.

Ce sont 420 000 travailleurs des secteurs public et parapublic qui étaient en grève lundi dernier à travers la province. Dans Argenteuil, c’est devant les écoles, les centres de soins de santé et même à des intersections où il n’y a pas de tels bâtiments que les syndiqués ont manifesté afin de se faire entendre.

Chantal Ouellette, trésorière de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) pour le CISSS des Laurentides et qui représente environ 3100 syndiqués dont un peu plus de 120 à Lachute, cette grève était devenue inévitable. «Ça fait des années que l’on a pas eu beaucoup d’augmentations et que l’on a perdu des choses si on se compare avec le privé, indique-t-elle. En étant un gros groupe [de syndiqués en grève], ça donne plus de poids.»

La dernière offre de Québec à ses syndiqués comportait des augmentations salariales de 10,3% sur cinq ans. Le front commun a rejeté cette offre alors que les syndiqués réclament une augmentation de pas moins de 20% sur trois ans.

Pour Jean-Stéphane Giguère, président du Syndicat des enseignants de la Rivière-du-Nord (SERN) qui représente près de 4000 enseignants du Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord, cette offre gouvernementale était dérisoire dans le contexte inflationniste actuel.

«Ce que l’on demande est une protection du pouvoir d’achat. Nous avons une clause ‘inflation’, ce qui fait que nos demandes sont élevées parce que l’inflation est élevée. C’est ce qui donne environ 20%, explique-t-il. Pour les enseignants, on demande aussi de l’amélioration pour les services aux élèves. On a des classes où il y a tellement d’élèves en difficulté que les profs ne sont pas capables d’y arriver. On veut que lors de la formation des classes, il faudrait prendre en considération ces élèves en difficulté pour qu’il y en ait moins dans chaque classe pour qu’ils reçoivent des services adéquats.»

Autant monsieur Giguère que madame Ouellette espèrent que cette première journée de grève (trois autres sont prévues du 21 au 23 novembre prochains) mène à une entente.

«Le but n’est pas de faire la grève une autre fois mais de pousser le gouvernement à revenir à la table pour négocier sérieusement, dit monsieur Giguère. Depuis le début, le gouvernement a ses priorités mais fait la sourde oreille à nos demandes.»

«Je n’ai pas confiance [que ça se règle d’ici le 21 novembre]… mais c’est mon opinion personnelle! On est prêt à aller à la grève générale illimitée!», lance pour sa part Chantal Ouellette.

Revoir l’organisation du travail

De son côté, la députée provinciale d’Argenteuil, Agnès Grondin, a rappelé que cette grève et les manifestations qui en ont découlé faisaient partie du droit de ces travailleurs tout en soulignant que le gouvernement continuait à négocier avec le front commun. Outre les demandes salariales des syndiqués, la députée a rappelé que dans ces négociations, le gouvernement voulait aussi revoir l’organisation du travail de ses employés.

«Il y a eu quatre propositions du gouvernement mais les syndicats n’ont pas fait de contre-offre, affirme-t-elle. Oui, il y a les conditions salariales mais il y a aussi toute l’organisation du travail, autant en santé qu’en éducation.»

Elle cite notamment les offres différenciées qui permettraient, par exemple, aux infirmières qui effectueraient des quarts de travail impopulaires (fins de semaine, nuits) de recevoir un salaire bonifié. Elle mentionne aussi la protection de l’ancienneté pour les employés qui changent de région: actuellement, une infirmière qui travaille à Montréal perdrait son ancienneté en venant travailler dans les Laurentides.

Quant aux hausses salariales de 20% sur trois ans que demandent les syndicats, madame Grondin rappelle que cela représente plusieurs millions de dollars de dépenses gouvernementales supplémentaires pour chaque point de pourcentage versé en salaire additionnel.

«Au total, ça représente des milliards. Il y a des choix qui devront être faits mais je laisse ça à Sonia Lebel, présidente du Conseil du trésor, dit-elle. Pour moi, le plus important est la réorganisation du travail. Il faut absolument régler ça car il faut offrir des services. Depuis des années, on a des difficultés, comme à l’hôpital de Lachute où c’est difficile en matière de pénurie de main-d’œuvre. Il faut attirer des gens en région mais ça passe par cette réorganisation du travail.»

La députée reste cependant optimiste qu’une entente sera conclue rapidement entre les parties.