le Mardi 18 février 2025
le Lundi 5 février 2024 12:05 Lachute

La retraite a sonné pour Ginette

Elle a oeuvré pendant près de 39 ans comme brigadière scolaire à Lachute.
La retraite a sonné pour Ginette
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Le centre-ville de Lachute a perdu l’un de ses monuments le 26 janvier dernier: Ginette Lefebvre, brigadière scolaire depuis plus de 38 ans dans ce secteur de la ville, a pris une retraite bien méritée. Le Régional s’est entretenu avec celle qui faisait partie du paysage lachutois depuis presque quatre décennies.

Si vous vous promeniez sur la rue Principale lachutoise un jour de semaine durant l’année scolaire, il est presque impossible pour vous d’avoir manqué la brigadière installée au coin des rues Principale et Bellingham. Plusieurs piétons en profitaient chaque fois pour la saluer et piquer un brin de jasette avec elle. Même les enfants de certains services de garde en milieu familial la reconnaissaient en la croisant durant leur marche, lui faisant un câlin au passage.

Pourtant, Ginette Lefebvre n’avait jamais pensé devenir brigadière scolaire lorsqu’elle a commencé en 1985. En fait, c’est vraiment par hasard qu’elle s’est retrouvée avec cet emploi.

«Une brigadière de ma connaissance m’a demandé de la remplacer pendant une heure un lundi, raconte-t-elle. Pendant que je faisais traverser la rue à des enfants, il y a une voiture qui s’est arrêtée et elle était encore là quand je suis revenue sur mon côté de rue. Je ne savais pas que c’était Réal Chartrand, le patron des brigadières qui cherchait justement à en engager. Il m’a vue faire la ‘job’ et il voulait que je donne mon nom pour un de ses postes. Le lendemain, j’ai postulé et le vendredi, on m’engageait. J’ai commencé le lundi suivant, le 15 avril 1985.»

«Je n’avais aucun emploi à ce moment et je ne savais pas trop ce que j’allais faire, poursuit-elle. Ça vraiment tombé par hasard que mon amie m’a demandé de la remplacer. Et depuis 38 ans, je suis là!»

En effet, pendant près de quatre décennies, Ginette Lefebvre a aidé les enfants à traverser les rues au centre-ville lachutois. Elle a d’abord débuté à l’intersection des rues Principale, Barron et Harriet avant d’être déplacée un peu plus à l’est, au coin de la rue Bellingham, où elle avait remplacé son amie. Elle y a passé au moins les 21 dernières années à cette intersection: elle-même ne se souvient pas du nombre exact d’années qui se sont écoulées depuis qu’elle a été mutée à cet endroit.

Évolution

Des enfants, Ginette Lefebvre en a vus pendant les 38 ans et 9 mois pendant lesquels elle a été brigadière scolaire. Certains de ces jeunes qu’elle a aidés à traverser la rue ont eu des enfants qui, à leur tour, l’ont aussi eu comme brigadière.

«Il y a beaucoup de ces anciens jeunes qui sont revenus me voir pour me parler. Ils étaient surpris que je sois encore là après tant d’années. Mais moi, je ne les reconnaissais pas tous», admet-elle.

En 1985, à ses débuts, il faut dire que l’intersection où elle travaillait se trouvait à proximité de trois établissements scolaires: les écoles primaires St-Alexandre et Laurentian Elementary School ainsi que l’école secondaire Monseigneur-Lacourse. Il y avait donc beaucoup d’enfants de tous âges qui la croisaient chaque jour.

Aujourd’hui, les enfants sont un peu moins nombreux qu’avant à traverser la rue Principale au centre-ville. Les élèves anglophones viennent désormais à l’école majoritairement en autobus scolaire tandis qu’une autre école primaire, St-Julien, a repris les locaux de Monseigneur-Lacourse: son territoire de desserte fait en sorte qu’aucun élève ne provient du quartier du Petit-Canada, situé au nord du centre-ville.

La nouvelle retraitée a cependant remarqué que tout au long de sa carrière, les automobilistes ont toujours été respectueux de son travail lorsqu’elle levait sa petite affiche ‘Arrêt’ pour aider à faire traverser la rue aux enfants.

«Par contre, aujourd’hui, on dirait que les automobilistes vont plus vite, dit-elle. Il fallait faire plus attention mais ils ont toujours été très respectueux.»

Adorer son travail

Après plus de 38 ans à faire ce métier, Ginette Lefebvre a décidé de prendre sa retraite en raison de sa santé. Malgré cela, elle gardera un souvenir impérissable de sa carrière.

«J’ai trop aimé ça. J’ai ADORÉ faire cette ‘job’ de brigadière scolaire, lance-t-elle. J’ai trouvé ça ‘l’fun’ de travailler avec les enfants. Ils me parlaient, me souhaitaient bonne journée…»

On sait évidemment ce qui va lui manquer le plus. «Les jeunes, c’est sûr!, avoue-t-elle. Ça me fait de la peine. Les gens qui s’arrêtaient pour me jaser, je vais pouvoir les revoir en les croisant au magasin ou dans des événements mais les jeunes, je ne les reverrai probablement plus.»

Cette peine, cette nostalgie, Ginette l’a ressentie de façon plus intense lors de sa dernière journée le 26 janvier dernier. Mais elle se promet quand même de revenir se promener sur la rue Principale pour discuter avec ses anciens collègues et, qui sait, piquer un brin de jasette avec les passants qui l’ont côtoyée pendant près de quarante ans.