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le Vendredi 17 septembre 2021 8:55 Culture

Église de St-Philippe: Un joyau du patrimoine religieux

Église de St-Philippe: Un joyau du patrimoine religieux
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L’intérieur est entièrement peint, le plancher a été refait et la fenestration permet à une lumière colorée de pénétrer dans le bâtiment. Non, il ne s’agit pas de la fiche descriptive d’une résidence: il s’agit plutôt de l’église de St-Philippe! Construite en 1888, celle-ci a ouvert ses portes aux visiteurs le 11 septembre dernier dans le cadre des Journées du patrimoine religieux du Québec, une belle occasion de découvrir ce joyau du patrimoine de la région encore méconnu.

Construite en 1888, l’église de St-Philippe remplace une première chapelle qui était située au coin des actuelles rue Renaud et route 148, bâtisse qui était utilisée au moment où la paroisse du même nom fut fondée en 1856. La croix qui ornait ce premier bâtiment est d’ailleurs conservée devant l’église actuelle.

En 2004, la paroisse St-Philippe fusionne avec celles de Brownsburg et de St-Michel-de-Wentworth pour former la paroisse Ste-Trinité tandis que l’église de 300 places est ajoutée au répertoire du patrimoine culturel du Québec en tant que patrimoine immobilier.

Gilles Forget, président du conseil de fabrique de la Paroisse Ste-Trinité, rappelle comment cette grande église a vu le jour grâce à l’implication de la communauté de l’époque. «Ils avaient besoin d’une plus grande église. Celle-ci a été payée en grande majorité par des dons de paroissiens», explique-t-il.

En effet, plusieurs éléments du bâtiment ont été payés par les membres de la communauté. Par exemple, la quinzaine de vitraux de l’église, fabriqués selon une technique de motifs au pochoir avec de l’acide, ont chacun coûté à l’époque 25$, sauf celui du portail qui a coûté 35$, soit entre 700 et 1000$ aujourd’hui. Malgré tout, plusieurs membres de la communauté paieront de leur poche ces œuvres, notamment John Abbott, premier ministre du Canada originaire de St-André, et Henri Bourassa, fondateur du journal Le Devoir et originaire de Montebello.

D’autres éléments payés par la communauté sont les stations du chemin de croix au coût de 15 $ chacun (environ 430$ aujourd’hui). Peintes sur de la tôle, celles-ci ont été installées lors de la consécration officielle de l’église en 1894 et n’ont pas subi de détérioration. Quant au trio de cloches au sommet du clocher, celles-ci ont coûté plus de 1000$ à l’époque, soit plus de 30 000$ en argent d’aujourd’hui, et pèsent en tout 2466 livres. À elle seule,  la plus grande des trois pèse près d’une tonne.

De l’art partout

Ce qui frappe cependant le plus à l’intérieur de l’église de St-Philippe, c’est la décoration des murs et plafonds. Ceux-ci sont en bois, malgré l’extérieur en pierre de l’édifice. Qui plus est, toutes ces surfaces sont peintes et décorées de motifs, une réalisation de François-Édouard Meloche. Derrière l’autel, sa grande fresque représentant la multiplication des pains selon l’Évangile de St-Jean, d’après lequel Jésus se serait adressé à son apôtre Philippe, couvre l’entièreté du mur.

«C’est une des plus belles églises de la région, affirme monsieur Forget. Elle est unique, c’est un des plus beaux endroits de la région. Elle est accueillante et il faut protéger ce patrimoine pour la léguer aux générations futures.»

Malheureusement, si presque tout est d’origine dans cette église (sauf peut-être l’orgue Casavant, installé en 1942), des rénovations dans les années 60 ont modifié le plancher de l’église tandis que les bancs d’époque ont été remplacés, sauf ceux du jubé.

«C’est malheureux que les bancs et planchers aient été changés, concède monsieur Forget. Heureusement, l’église est maintenant classée comme bâtiment patrimonial, alors on ne peut plus faire des modifications comme on le veut.»

Il est à noter que le presbytère voisin n’a été construit qu’en 1901. Il a été transformé en résidence privée en 2004.

Pour le président du conseil de fabrique de la paroisse Ste-Trinité, les Journées du patrimoine religieux du Québec peuvent permettre à la population de prendre conscience du patrimoine qui les entoure, même si celle-ci n’assiste plus aux célébrations religieuses.

«Il faut faire connaître cette église. Les gens ne viennent plus à la messe, alors ça prend des événements comme celui-ci pour la faire connaître», conclut-il.