Les négociations avec les employés du secteur public du Québec se poursuivent mais cela n’empêche pas les syndiqués de continuer à manifester leur grogne. Le 23 novembre dernier, au terme de trois jours de grève, les membres des syndicats du Front commun (FTQ, CSN, CSQ et APTS) ont tenu de grandes manifestations à travers le Québec. Lachute a été le théâtre d’une de ces manifestations qui a réuni plusieurs centaines de syndiqués.
Des membres du personnel enseignant, des syndiqués de l’hôpital de Lachute et des employés de soutien du monde de l’éducation, notamment, se sont réunis devant l’hôpital lachutois en prévision d’une marche dans les rues de la ville. Celle-ci les a menés au centre-ville de Lachute, devant le bureau de la députée provinciale Agnès Grondin qui était à Québec ce jour-là, avant de revenir à leur point de départ. Des employés membres de syndicats qui ne font pas partie du Front commun étaient aussi présents pour appuyer leurs confrères.
Brigitte Beaudry, présidente du Syndicat des employés de soutien scolaire de la Rivière-du-Nord, affilié à la CSQ, qui représente 1800 membres dans 36 corps de métier dans les écoles du Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord, était sur place pour prendre part à cette marche. Elle admet que les organisateurs de cette manifestation espéraient attirer 400 manifestants: elle estimait à 600 le nombre de syndiqués qui avaient finalement répondu à l’appel à la mobilisation dans Argenteuil.
De son côté, Dominic Presseault, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Laurentides en santé et services sociaux, affilié à la CSN, était à Mont-Tremblant après avoir fait le tour des 31 lignes de piquetage qui avaient lieu dans les Laurentides.
«Le message doit être clair: ce sont 600 000 personnes (NDLR: dont 420 000 qui font partie du Front commun) qui sont en grève aujourd’hui, soit 12% de la population active du Québec, souligne-t-il. C’est le plus grand mouvement de grève en Amérique du Nord depuis 1981.»
Le salaire mais pas seulement
Autant madame Beaudry que monsieur Presseault tenaient à rappeler que les demandes syndicales ne se limitaient pas qu’aux salaires des employés de l’état. Madame Beaudry a mentionné les régimes de retraite ainsi que l’assurance parentale qui comptent parmi les autres enjeux de cette grève.
«Il y a aussi les conditions de travail, ajoute monsieur Presseault. Il y a tellement de gens qui quittent le réseau de la santé et des services sociaux. Il faut être attrayant mais il faut surtout pouvoir garder nos travailleurs.»
Ce dernier mentionne qu’une simple hausse des salaires ne règlera pas tous les problèmes que vivent les différents employés de l’état, que ce soit en santé ou en éducation. Des investissements majeurs devront aussi être faits dans ces services.
«Si on veut garder un système de santé vraiment public, c’est un choix qu’il faut faire comme société, dit-il. On veut donner un service de qualité, on travaille avec des humains, pas des machines. Il faut que l’on revienne à ce que c’était il y a 20 ans, pas refaire les mêmes gaffes des dernières années.»
«L’organisation du travail, c’est beau mais il y aussi les conditions de travail, poursuit madame Beaudry. Il ne faut pas oublier que quand on investit dans les services publics, ce sont des gens qui vont réinvestir dans l’économie.»
À la demande des syndicats, un conciliateur a été nommé pour aider à conclure une entente. Si Brigitte Beaudry souhaite que le dossier se règle rapidement, son confrère Dominic Presseault affiche un optimisme plus posé, conscient que certaines concessions devront être faites par les syndicats pour en arriver à une entente.
«Je souhaite qu’avec le mouvement qui a été fait aujourd’hui, ça va donner des résultats au bout de la ligne. Tant que les deux parties se parlent, je suis positif. On ne voudrait pas avoir à exercer notre droit de grève générale illimitée», conclut-il.
Les négociations se poursuivent et on ignore encore si et quand le Front commun pourrait exercer son droit de grève générale illimitée. En attendant, d’autres journées de grève sont prévues du 8 au 14 décembre prochains.