Au cours des derniers mois, la MRC d’Argenteuil a tenu des consultations publiques concernant le troisième Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) de son histoire, un plan qui devrait entrer en vigueur dès cette année. Si une amélioration a pu être notée au cours des dernières années concernant la quantité de matière résiduelle qui prend le chemin du site d’enfouissement, il reste encore beaucoup à faire pour qu’Argenteuil atteigne la moyenne provinciale.
En vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement, les MRC du Québec doivent rédiger un PGMR qui est un outil favorisant l’atteinte des objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles. Dans le cas de la MRC d’Argenteuil, il s’agira du troisième plan du genre à être adopté après ceux de 2004 et 2016. Le nouveau PGMR devrait entrer en vigueur cette année et s’étendre jusqu’en 2030.
L’objectif du plan est bien sûr de réduire la quantité de matière résiduelle qui se retrouve au site d’enfouissement, que ce soit par la collecte sélective, le compostage ou encore par des services de collecte de résidus domestiques dangereux (RDD) ou d’écocentre.
Or, si l’on regarde les données des dernières années, la population d’Argenteuil semble avoir amélioré son bilan depuis l’adoption de son dernier PGMR en 2016. Selon les données de ce document, en 2013, ce sont 62 803 tonnes de matières résiduelles qui avaient été collectées dans Argenteuil, dont 57% avaient été détournées du site d’enfouissement. Pour 2020, ce nombre baisse à 46 478 tonnes mais seulement 54,7% avaient été détournées de l’enfouissement. Moins de matières résiduelles ont donc été produites mais elles ont également été moins revalorisées.
Howard Sauvé, maire de Mille-Isles et président de la commission de révision du PGMR, estime que la situation s’est bel et bien améliorée pour certains secteurs. «Il y a eu des progrès au niveau du recyclage et du compostage, dit-il. Mais il y a encore beaucoup de chemin à faire encore concernant l’enfouissement. C’est dur de faire changer les habitudes des gens.»
«Il y a des choses qui ont été mises en place pendant le dernier PGMR mais est-ce suffisant? Clairement non! Il y a encore du chemin à faire mais il y a eu une grande amélioration», note pour sa part Éric Morency, directeur du service de l’aménagement du territoire de la MRC.
Produire moins de matières résiduelles
Cette amélioration, on le voit surtout du côté de la quantité de matières résiduelles produites par habitant. En 2020, on estimait que chaque habitant de la MRC avait produit 626 kg de matières résiduelles, en nette amélioration par rapport aux 821 kg/habitant estimés en 2016 et bien en deçà de l’objectif de 700 kg/habitant que le PGMR 2016-2020 visait.
Cependant, le gouvernement provincial visait une cible de 525 kg/habitant d’ici la fin de 2023, objectif qui sera difficilement atteignable. La moyenne québécoise en 2021 était de 721 kg/habitant.
En 2020, 46 479 tonnes de matières résiduelles ont été produites dans Argenteuil et 55% d’entre elles ont été détournées de l’enfouissement. Or, c’est le secteur des résidus de construction, rénovation et démolition (CRD) qui a performé le mieux en terme de revalorisation de ses matières résiduelles: 82% de celles-ci ont été récupérées alors que ce secteur a produit 37,8% de toutes les matières résiduelles générées dans Argenteuil. Monsieur Morency indique que cette belle performance s’explique par la présence d’équipements sur le territoire de la MRC qui permettent de recueillir ces matières, ce qui n’est pas le cas partout au Québec.
Le coût de l’enfouissement
Depuis le 1er janvier dernier, le prix payé par les municipalités pour envoyer ses déchets à l’enfouissement est passé à 30$ par tonne, avec une indexation de 2$ par année. Il en coûtera donc de plus en plus cher pour les municipalités d’enfouir ses déchets.
La meilleure façon pour ces villes de réduire la quantité de déchets à enfouir sera bien sûr de sensibiliser les citoyens à mieux utiliser ses bacs de recyclage et de compostage. Des redevances sont également prévues pour les municipalités selon leur performance. D’ici 2030, entre 75 000$ et 275 000$ par année pourraient être perçus par l’ensemble des municipalités de la MRC selon leur performance au niveau du recyclage et du compostage.
«Il faut changer la mentalité de beaucoup de monde, il y a de l’éducation et de l’information à transférer aux citoyens, concède monsieur Sauvé. C’est un changement de culture qu’il faut installer.»
Changer les mentalités
Le projet de PGMR 2023-2030 est disponible sur le site web de la MRC (argenteuil.qc.ca). Les citoyens peuvent le consulter et voir sur quels axes la MRC compte s’attarder pour améliorer le bilan d’Argenteuil.
Quatre grands objectifs ont été établis, soit d’accompagner le secteur des institutions, commerces et industries dans une optique d’économie circulaire; optimiser les services en gestion de matières résiduelles (par exemple, avec l’ajout de bacs bruns pour les immeubles à plusieurs logements); fournir un encadrement municipal performant et exemplaire (en étudiant les coûts et les bénéfices liés à la mise en place de certaines formes de collecte); et finalement de promouvoir de bonnes pratiques en gestion de matières résiduelles.
Le nouveau PGMR devrait être adopté officiellement cet été.