Déclaré coupable en 2019 des meurtres prémédités de son ex-conjointe et du Lachutois Yvon Lacasse, Ugo Fredette a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans par la juge Myriam Lachance le 8 janvier dernier, une peine que certains ne jugent pas assez sévère.
Rappelons qu’en septembre 2017, Ugo Fredette a assassiné son ex-conjointe Véronique Barbe de 17 coups de couteau dans leur résidence de St-Eustache avant de s’enfuir avec un jeune enfant qui se trouvait sur les lieux, déclenchant la plus longue Alerte Amber du pays. Pour brouiller les pistes, il a ensuite fait un arrêt à la halte routière de Lachute où il a battu à mort le Lachutois Yvon Lacasse, 71 ans, pour lui voler son véhicule. Fredette a été arrêté en Ontario le lendemain et le corps de monsieur Lacasse n’a été retrouvé qu’une semaine plus tard.
Un jury a déclaré Fredette coupable en octobre 2019 des deux meurtres au premier degré. La peine pour ce genre de crime est la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Or, depuis décembre 2011, une disposition dans le Code criminel canadien permet à un juge d’ordonner que les peines soit purgées une après l’autre dans le cas de meurtres multiples. C’est ainsi qu’en juin dernier, lors des représentations sur sentence, la Couronne réclamait pour Fredette la prison à vie sans possibilité de libération avant 50 ans.
Cependant, depuis cette plaidoirie, cette disposition du cumul des peines a été jugée inconstitutionnelle au Québec lorsque la Cour d’appel provinciale a décidé de revenir sur la décision du juge de première instance dans le dossier d’Alexandre Bissonnette, le tueur de la mosquée de Québec. Ce dernier avait été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération avant 40 ans pour le meurtre de six personnes, peine qui a été réduite à 25 ans par la Cour d’appel qui jugeait la disposition du cumul des peines comme «absurde, odieuse et dégradante». Officiellement, la disposition du cumul des peines est invalide au Québec mais reste en vigueur ailleurs au Canada mais le ministère public et le Procureur général ont jusqu’à la fin du mois pour porter cette dernière décision devant la Cour suprême.
En attendant, et vue la législation en vigueur, la juge Lachance n’avait donc pas d’autre choix que de condamner Ugo Fredette à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Bien que cela ne veut pas dire que Fredette sortira automatiquement de prison au terme de ces 25 ans, en 2042 (il est détenu depuis 2017), les proches des victimes auraient aimé que le cumul des peines soit appliqué.
«Vingt-cinq ans pour deux meurtres, pour moi, ça veut dire douze ans et demi par meurtre… C’est vraiment ridicule, a déclaré aux médias Claudette Biard, mère de Véronique Barbe, après que la sentence ait été prononcée. Je n’ai reçu aucune excuse, il est toujours d’un ton et d’une allure tellement froide, tellement distant […] Je ne pense pas qu’il ait de remords.»
«Pour Véronique, il a eu 25 ans et c’est ce que ça vaut, et même plus, mais pour mon père, il a eu zéro. Mon père est mort pour rien, a dénoncé la fille d’Yvon Lacasse, Jennifer. Ce qu’on envoie comme message, moi ce que j’entends, c’est: ‘Tuez-en un, tuez-en deux, tuez-en trois, ils vont avoir 25 ans’».