Une autre église de la région se retrouve en difficulté. Le conseil de fabrique de la paroisse Ste-Trinité a en effet décidé de se départir de l’église St-Louis-de-France de Brownsburg-Chatham puisque celle-ci est en piteux état et nécessiterait des travaux qui mettraient en péril les finances de la paroisse.
Le 20 octobre dernier, une quinzaine de paroissiens ont assisté à une rencontre organisée par le conseil de fabrique pour expliquer cette décision de mettre en vente l’église et son presbytère. Selon le président du conseil de fabrique, Gilles Forget, les personnes présentes n’ont pas été trop surprises de cette mise en vente face à une situation qui devenait insoutenable pour la paroisse.
«J’aurais pensé qu’il y aurait eu plus de monde à cette réunion et je m’étais attendu à plus de commentaires négatifs, admet monsieur Forget. Les gens ont semblé compréhensifs.»
Construite en 1927, l’église St-Louis-de-France remplace une première chapelle qui a été inaugurée en 1906. Dans les années 50, on a allongé le bâtiment à l’arrière et haussé les clochers. Si l’intérieur du bâtiment semble en assez bon état, l’extérieur nécessite plusieurs travaux. Monsieur Forget a présenté une quinzaine d’éléments qui nécessiteraient des dépenses de la part de la paroisse, allant de la réfection de la toiture de la sacristie à la réparation des fenêtres en passant par la réfection de la cheminée et du plafond du jubé. L’installation d’un drain français serait aussi à faire alors que l’eau s’infiltre annuellement au sous-sol à la fonte des neiges au printemps.
La situation du presbytère situé tout à côté n’est guère mieux alors qu’une dizaine de réparations sont à faire, notamment la toiture et l’isolation. La paroisse a même dû condamner le logement qu’elle louait, entraînant une perte de revenus.
Au total, le coût des réparations des deux bâtiments est estimé à entre 800 000$ et 1,2 M$. «Et je ne suis même pas sûr que 1,2 M$ soit assez!, admet monsieur Forget. Il y a tellement de réparations à faire. On ne voulait pas mettre de l’argent là-dessus.»
L’impact de la Covid-19
Avant même la pandémie, la situation financière de la paroisse Ste-Trinité n’était déjà pas des plus joyeuses. Fondée en 2004, la paroisse actuelle regroupe les anciennes paroisses de St-Philippe, Brownsburg et St-Michel-de-Wentworth. En 2011, l’église de St-Michel a été vendue à la municipalité de Wentworth-Nord; seules des cérémonies de baptême, mariage et funérailles peuvent encore s’y tenir. Dans les deux autres églises, on y tient également la messe dominicale en alternance une semaine sur deux. Entre 30 et 45 personnes participent à ces messes hebdomadaires.
Depuis 2016, des activités de financement ont été tenues par la paroisse pour amasser des fonds, avec un certain succès. Entre 2016 et 2019, la paroisse a dégagé des surplus annuels variant entre 11 000$ et 17 600$. Mais la pandémie a mis un frein à ces activités de financement. Résultat: un déficit de 23 000$ en 2020.
«On avait trouvé une façon de fonctionner mais la Covid-19 a eu un grand impact, confirme monsieur Forget. Pour réussir à faire des profits, il nous faut faire des activités de financement et là, on ne peut pas trop en faire.»
La suite
Pour l’instant, les activités se poursuivront normalement à l’église St-Louis-de-France tant qu’un acheteur ne sera pas trouvé. Une fois la vente conclue, les cérémonies devraient avoir toutes lieu à l’église de St-Philippe, sauf celles qui pourront encore être tenues à l’église de St-Michel. Selon l’évaluation qui a été faite en 2020, la valeur de l’église et du presbytère dans leur état actuel serait de 676 000$, loin de leur valeur à neuf de près de 2 M$.
Or, l’église ne sera pas mise en vente immédiatement: lors de la réunion du 20 octobre, le directeur général de Brownsburg-Chatham, Jean-François Brunet, et le conseiller sortant Stephen Rowland étaient présents. Selon monsieur Forget, il y aurait une ouverture de la part de la municipalité pour discuter de l’avenir de l’église.
«On va attendre après les élections. Rien ne sera fait tant qu’on n’aura pas rencontré la ville, confirme Gilles Forget. Le diocèse privilégie souvent des projets communautaires lors de la vente d’églises.»
Résident depuis une trentaine d’années à Brownsburg-Chatham, monsieur Forget souhaite que l’église St-Louis-de-France reste debout. «Je suis attaché à cette église. Je ne voudrais pas qu’on la démolisse. On pourrait lui trouver une autre vocation, dit-il, tout en précisant par contre que cela ne lui dérangerait pas de démolir le presbytère pour agrandir le stationnement. Plus de 90% des gens qui viennent à la messe sont âgés. Les jeunes, ils ne viennent pas, ils ne connaissent plus grand-chose de la religion. Il y a moins de monde et c’est triste.»
Au cours des dix dernières années, plusieurs églises de la région ont cessé d’être des lieux de cultes. Alors que l’Église unie de Lachute est en cours de transformation en bibliothèque municipale, l’église Immaculée-Conception accueille désormais le Club de gymnastique Barany. Les églises de St-Hermas et St-Joseph de Carillon ont eu moins de chance et sont simplement fermées (quoiqu’un comité de sauvegarde œuvre à amasser des fonds pour l’église de Carillon). À l’échelle du diocèse, huit églises ont fermé au cours des quatre dernières années.