Le 19 novembre dernier, les Alouettes de Montréal ont fait ce que l’équipe n’avait pas fait depuis 13 ans: remporter le match de la Coupe Grey, le championnat de la Ligue canadienne de football (LCF). Et parmi les membres de l’organisation présents ce jour-là à Hamilton, se trouvait un p’tit gars de St-André-d’Argenteuil: Mark Weightman, président et chef de la direction de l’équipe pour qui il s’agissait de la cinquième Coupe Grey en carrière.
Les derniers jours ont été très occupés pour les membres des Alouettes depuis leur 8e conquête du trophée centenaire avec des célébrations aux quatre coins de la ville, incluant le traditionnel défilé des champions dans les rues du centre-ville. Lorsque Le Régional a joint monsieur Weightman, celui-ci était d’ailleurs en déplacement entre deux événements.
«Depuis dimanche, on a à peine dormi!, a-t-il confirmé. La Coupe se promène un peu partout en ville, je ne peux même pas te dire où elle se trouve en ce moment!»
Pourtant, monsieur Weightman devrait être habitué à ces célébrations, lui qui en était à sa cinquième conquête. Arrivé dans l’organisation en 1995 comme stagiaire alors que l’équipe s’appelait les Stallions de Baltimore, Weightman a goûté à une première Coupe Grey cette année-là. Il a par la suite suivi l’équipe lors de son déménagement à Montréal en 1996 pour gravir les échelons: vice-président des opérations et des événements, chef des opérations et finalement président de 2012 à 2016, année où il quitte l’organisation pour de nouveaux défis. Il a donc participé aux célébrations des victoires de 2002, 2009 et 2010.
Cette conquête de 2023 est quand même différente des précédentes avec tout ce qui est arrivé hors du terrain. «Cette année, ce fut spécial en raison des circonstances, explique-t-il. Je suis arrivé en poste trois semaines avant le début du camp d’entraînement et il y a du travail qui a été fait en catastrophe et en continu durant la saison pour bâtir cette équipe-là. C’est aussi spécial en raison de mon rôle qui est différent de 2009 et 2010. En même temps, dans une équipe sportive, tout le monde a son rôle à jouer. Ce n’est pas moins spécial pour le gars qui a joué tous les jeux de la saison que pour le gars qui n’a attrapé qu’un seul ballon.»
De zéros à héros
La saison 2023 des Alouettes, pour bien des observateurs, ne semblait pas au départ être une saison de grandes célébrations. Sans propriétaire, l’équipe a été placée sous tutelle par la ligue en février. Puis, le grand patron de Québecor, Pierre-Karl Péladeau, s’est porté acquéreur des Moineaux au début du mois de mars et, deux semaines plus tard, Mark Weightman effectuait un retour en tant que président de l’équipe. Malgré ces changements, la majorité des analystes prévoyaient que l’équipe finirait dans les bas-fonds du classement de la LCF…
«Il faut avouer qu’avec les changements au niveau des joueurs et du personnel d’entraîneurs et tout ce qui s’est passé dans l’entre-saison, on était en mode rattrapage, confirme monsieur Weightman. C’est clair que le défi était plus grand que ça aurait dû être. Mais avec le travail fait durant la saison, on a commencé à y croire de plus en plus au fur et à mesure que la saison progressait.»
Selon lui, dès les premiers entraînements de la saison, la chimie entre les joueurs était déjà très bonne. Avec les obstacles qui se sont dressés devant les Alouettes au cours de la saison, cela a permis à l’équipe de ne pas baisser les bras même lorsqu’elle tirait de l’arrière 17 à 7 après la première demie de la finale. Le reste fait désormais partie de la légende: l’équipe a remonté la pente pour prendre les devants pour de bon lors de sa toute dernière séquence à l’attaque, avec à peine 13 secondes à faire au cadran.
Retour aux sources
En 2016, après 22 saisons au sein de l’organisation, Mark Weightman a quitté les Alouettes, sans en spécifier exactement les raisons. Cependant, après un passage dans le monde du hockey (Rocket de Laval, Lions de Trois-Rivières et des équipes professionnelles en Suisse et en Suède) en plus d’avoir contribué à l’arrivée de l’Alliance de Montréal dans la Ligue élite canadienne de basketball, il a effectué un retour qu’il qualifie d’inattendu avec les Moineaux en mars dernier. Les raisons qu’il évoque concernant ce retour aux sources donnent cependant une idée de ce qui a provoqué son départ il y a sept ans.
«Ce qui a fait que je sois revenu, c’est Pierre-Karl!, confirme-t-il. Par ses mots, j’ai vu qu’on avait l’occasion de ramener les Alouettes là où ils devraient être, au sommet de la LCF et au sommet des équipes de cœur de tous les Montréalais et des Québécois. C’est quelque chose que je n’avais pas vu les dernières années.»
Celui qui dit avoir le logo de l’équipe tatoué sur le cœur espère utiliser le momentum que cette victoire à la 110e Coupe Grey va apporter aux Alouettes pour notamment redynamiser l’intérêt des partisans envers le club, entre autres par son implication communautaire.
«C’est quelque chose qui a été un peu mis de côté ces dernières années, dit-il. Avec ce momentum, on a l’opportunité de reconnecter avec les gens partout en province mais il y a encore beaucoup de travail à faire.»
D’ailleurs, en parlant de visiter le Québec, se pourrait-il que la Coupe Grey fasse un détour dans Argenteuil comme ce fut le cas en 2009 et 2010?
«Oui! Quand et où, je ne le sais pas mais c’est clair que je vais essayer de la ramener pour célébrer avec la famille, confirme-t-il. J’ai appris très tôt dans ma carrière qu’il ne fallait jamais oublier d’où l’on vient. Je suis très fier de dire haut et fort que je suis un p’tit gars de St-André-d’Argenteuil. Je suis très fier de mon patelin et ce sera toujours une priorité.»