Depuis 2020, la pandémie a été brutale pour bien des industries. Toutefois, celle de la motoneige a la chance de ne pas pouvoir en dire autant, elle qui a connu une forte hausse de popularité depuis deux ans.
« On a connu une très belle saison. Elle était courte, parce que la neige est arrivée tard et est partie relativement tôt, mais on avait de très bons sentiers », raconte Peter Haldimand, président du Club de motoneige le Hibou Blanc depuis près de 25 ans.
L’enjeu des ‘bons sentiers’ était d’ailleurs particulièrement d’actualité cet hiver dans la région. Rappelons que plusieurs agriculteurs ont décidé de bloquer l’accès aux sentiers passant sur leurs terres pour protester contre certaines lois environnementales imposées par le gouvernement du Québec. C’est donc bien malgré eux que les membres du Club Motoneige Argenteuil se sont retrouvés au centre de ce bras de fer, un club qui fait justement affaire avec celui du Hibou Blanc.
« Nous avons plus de 125km de sentiers. Notre réseau connecte avec celui de plusieurs clubs, dont celui du Club des Lynx de Deux-Montagnes, du Club Motoneige Argenteuil et celui du Club Motoneige Diable et Rouge qui est un peu plus dans le nord [Mont-Tremblant]. Donc on avait quand même plusieurs très bons sentiers à offrir à nos membres », explique le Lachutois dont le club comprend plus de 500 membres.
Tout planifier « six mois d’avance »
Si la fermeture de ces sentiers de la région d’Argenteuil a eu un impact minime sur la saison du Hibou Blanc, cela a tout de même démontré qu’un club de motoneige, c’est aussi beaucoup de gestion.
Une grande partie de cette gestion se fait dans l’entretien, mais aussi dans la négociation de ces sentiers, autant avec les villes, les municipalités et les particuliers. C’est que chaque année, le trajet des sentiers est appelé à changer. Cela est parfois dû au fait que les terres qu’ils traversent changent de mains ou que leurs propriétaires changent d’idée. S’ajoutent à cela les obstacles « naturels », comme les arbres, les animaux et toutes les lois environnementales qui les concernent. Un enjeu qui n’en était pas un lorsque Peter Haldimand est devenu membre du Hibou Blanc il y a près de 40 ans.
« C’était très différent, il n’y avait aucun règlement sur n’importe quoi lié à l’environnement. On pouvait faire un meetingjeudi soir et défricher vendredi matin, se rappelle celui qui s’accorde toutefois sur le fait que ces changements ne sont pas nécessairement négatifs. L’environnement, ce n’est pas juste un mot, c’est notre réalité. C’est assez simple de comprendre que si on en prend soin on va mieux vivre plus longtemps », affirme le président du club qui opère depuis 1968.
Facture élevée, bénévoles passionnés
Défricher et entretenir ces sentiers, avec aucune garantie qu’ils seront de retour l’année suivante, ce n’est pas gratuit. Cela nécessite du travail manuel et bien souvent la location du bon équipement, par exemple d’une pelle mécanique.
« La Fédération [des clubs de motoneigistes du Québec] paye 70% des coûts et ensuite s’arranger pour trouver le reste », indique simplement Peter Haldimand.
Cette année par exemple, le Club Hibou Blanc a reçu 5000$ du nouveau programme P.A.S.S. (Protection, Accès, Sécurité, Soutien) de Ski-Doo BRP. Un programme qui a remis 580 000$ à 111 clubs de motoneiges d’Amérique du Nord et qui sera de retour en juin pour un appel de projets.
En dehors de programmes comme ce dernier, c’est avec des abonnements que les clubs de motoneiges comme le Hibou Blanc remplissent leurs coffres. En dehors de l’aspect financier amené par ces abonnés, aux yeux du président du Hibou Blanc, c’est surtout leur passion qui fait vivre le Club.
« Si on a des travaux à faire, par exemple, de 20 000$, on n’a pas à payer le double parce qu’on a des bénévoles passionnés qui sont prêts à les faire », souligne-t-il, en ajoutant que cela permet ainsi de réinvestir l’argent épargné dans d’autres projets.
Des gens de partout
Financièrement, si plus de gens que jamais pratiquent la motoneige, il n’y a pas que les clubs d’ici qui vont en profiter, mais bien toute l’industrie locale qui servira ce type de touristes de plus en plus nombreux. Des 550 membres du Hibou Blanc, une majorité vient évidemment de la région d’Argenteuil et des Laurentides, mais près d’une centaine vient aussi de l’Ontario et une autre centaine du Grand-Montréal.
Bref, la pandémie a sans aucun doute donné un coup de pouce à l’industrie de la motoneige, mais selon Peter Haldimand, le travail dans l’ombre des clubs de la région est aussi à souligner.
« Si les membershipssont à la hausse, ce n’est certainement pas parce qu’on traite mal les gens », conclut-il en riant, tenant à préciser que le Club a aussi un agent qui veille au respect des terrains utilisés et surtout à la sécurité de ‘tout ce beau monde’ sur les sentiers.