Consciente qu’elle doit se rapprocher des élus et des citoyens de Grenville-sur-la-Rouge (GSLR), Canada Carbon reconnait qu’elle doit faire la promotion du projet Miller et mener une meilleure campagne d’information auprès de la population francophone. Récemment nommée au poste de directrice des relations publiques et porte-parole chez Canada Carbon, madame Valérie Pomerleau, de Malartic en Abitibi, a animé une première session virtuelle en français le 25 mai dernier.
« Nous voulons être de bons citoyens corporatifs et nous sommes très conscients que le projet Miller a le potentiel de devenir un atout dans le créneau minier du Québec. Les gens sont inquiets et avec raison, dit-elle, donc il est de notre devoir de mieux les informer au sujet du projet Miller et de promouvoir tout le potentiel possible qu’apporteront les retombées économiques suite à l’expansion de la mine. »
En janvier 2013, Canada Carbon a acquis les droits miniers de la propriété Miller, située dans le secteur rural de Grenville-sur-la- Rouge, dans le but d’exploiter principalement une mine de graphite de très haute qualité. Dans un monde qui doit se concentrer agressivement sur les énergies propres et à faible émission de carbone pour atteindre les objectifs en matière de changement climatique, Grenville-sur-la-Rouge (GSLR), une municipalité d’environ 2 800 habitants, pourrait jouer un rôle de premier plan.
La présence d’un gisement de graphite filonien hydrothermal en morceaux de très grande pureté et d’une valeur considérable serait en partie une solution pour protéger notre environnement, selon les experts en la matière. Ce qui semblait être une aventure gagnante-gagnante pour la communauté de GSLR et de Canada Carbon dès le début des pourparlers en 2013 s’est graduellement détérioré au fil des ans à un tel point que cette aventure semble tourner en rond depuis belle lurette déjà.
Les ententes conclues entre GSLR et Canada Carbon sont tombées à l’eau après l’élection du nouveau conseil municipal en novembre 2017. « Depuis l’investiture du maire Tom Arnold et du nouveau conseil, ceux-ci mènent une campagne silencieuse et ignorent nos nombreuses demandes de rencontres, clame avec frustration la présidente-directrice générale par intérim de Canada Carbon, madame Olga Nikitovic. Suite à une entente à l’amiable du 19 février 2020 concernant le projet Miller, il fut entendu de mettre fin aux procédures judiciaires en cours et d’engager, en toute bonne foi, un dialogue raisonnable qui servirait les intérêts de tous et chacun, incluant les citoyens. Mais cette entente, il appert que les élus de GSLR ne l’ont jamais respectée. »
Le 31 mars 2021, la municipalité a vu sa demande d’appel concernant le report des audiences de la Commission de la protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) rejetée par la Cour supérieure du Québec.
Le Régional a tenté en quelques occasions de communiquer avec le maire Arnold, ainsi qu’avec son directeur-général, Marc Beaulieu, en vain et sans aucun retour d’appel.
Citoyen corporatif responsable
Il semble que présentement Canada Carbon fasse cavalier seul dans toute cette affaire mais néanmoins, elle garde le cap sur sa mission. Faisant suite à une suggestion de la Cour et afin de respecter les droits des citoyens et répondre à leurs inquiétudes, une première session d’information virtuelle a été tenue par Valérie Pomerleau le 25 mai dernier. Une vingtaine de questions soumises au préalable par les citoyens ont été revues et ont toutes reçu des réponses de la part de la présidente Nikitovic, d’un expert en géologie d’exploration, d’un hydrogéologue, ainsi que de Valérie Pomerleau.
Maintes questions portaient sur de nombreux sujets comme la superficie de la mine, les changements paysagers, l’environnement, la nappe phréatique et l’effet néfaste que la mine pourrait avoir sur la qualité de l’eau au lac Carson, ainsi que sur le bruit excessif des camions, le dynamitage et la diminution de la valeur des propriétés et des terrains.
Madame Pomerleau a réitéré qu’il n’y aura aucun dynamitage lorsque les enfants seront au camp Amy Molson ou lorsque l’utilisation du lac McGillivray sera à son maximum durant la saison estivale.
Selon l’entreprise, les rapports produits par les experts ont confirmé que les déchets générés par le projet Miller seront non toxiques. La compagnie s’engage et est tenue par la loi de nettoyer et de réhabiliter le site de la mine après sa fermeture. De plus, l’ail des bois présent près du site sera déménagé afin de le protéger et on propose même de planter des érables dès maintenant afin qu’ils soient matures à la fermeture de la mine dans une vingtaine d’années, d’ajouter le géologue Lauzier.
« Nous avons déjà modifié l’infrastructure du projet Miller de manière à ne pas empiéter ou abimer les zones humides », ajoute-t-il.
Canada Carbon maintient sa part de responsabilités dans ce projet d’envergure et veut créer des liens forts avec la communauté de GSLR. L’entreprise affirme que le projet Miller a le potentiel d’injecter près de 190 millions $ dans l’économie locale et environnante, de créer une soixantaine d’emplois durant la phase de construction et d’une centaine d’emplois durant la durée de vie de la mine, sans oublier les retombées fiscales non négligeables d’environ 4 millions $ annuellement en revenus de taxes pour la municipalité de GSLR.
Madame Nikitovic dit regretter que la municipalité utilise des moyens légaux pour défendre ses intérêts et que d’importantes sommes d’argent, payées à partir des fonds municipaux, soient utilisées pour assumer cette défense alors que Canada Carbon s’est engagée à payer le coût d’expertises supplémentaires si « un véritable dialogue », dit-elle, était d’abord engagé avec les dirigeants municipaux.
« Je ne comprends simplement pas l’attitude du maire Arnold et du conseil municipal, déplore-t-elle, et souhaite réellement qu’un début de dialogue soit initié dès que possible comme il en fut convenu par les deux parties en février 2020. »
Alors quelles sont les raisons principales qui empêchent le conseil de GSLR et le maire Tom Arnold de s’asseoir à la table de négociations avec Canada Carbon et de sa présidente? C’est exactement ce que se demande madame Pomerleau. « Depuis mon arrivée sur la scène en décembre dernier, j’ai fait parvenir de nombreux courriels au maire Arnold et aux échevins. J’ai obtenu un accusé de réception de la part d’un conseiller, sans obtenir aucunes explications additionnelles et aucun mot de la part du maire Arnold, ce que je trouve vraiment bizarre, dit-elle. Je vais continuer à soumettre des demandes à la municipalité car nous croyons au projet Miller, en son expansion car il est impératif d’obtenir la coopération de la municipalité, en commençant par monsieur le maire Tom Arnold.»
Le 3 juin dernier, Canada Carbon a lancé un nouveau site web dédié à ce projet de mine à l’adresse suivante: projetmiller.ca