Après qu’une grave blessure l’ait tenue à l’écart pour l’entièreté de la saison 2019-20, la skieuse Valérie Grenier revient de loin. Possédant maintenant une confiance renouvelée, tous les espoirs semblent permis pour la skieuse originaire de Saint-Isidore. Avec son expérience aux Jeux de Pyeongchang de 2018 en poche, elle a maintenant des aspirations beaucoup plus grandes pour ceux de Pékin prévus pour l’hiver 2022.
Un retour à l’action est rarement facile pour un athlète de haut niveau, particulièrement quand il s’agit de revenir d’une quadruple fracture à la jambe droite, comme a subi Valérie Grenier lors d’une compétition en Suède en février 2019. En revanche, après avoir retrouvé ses repères lors de la saison 2020-2021, la skieuse de 25 ans a commencé la saison 2021-2022 en force. En octobre dernier, elle a obtenu une 7e position à la Coupe du monde de Sölden (en Autriche). Il s’agissait pour elle d’un troisième Top 10 en carrière, mais surtout du premier depuis son retour. Bref, un moment clé pour la confiance de la skieuse à quelques mois des prochains Jeux.
« C’était tellement un beau moment pour moi, j’avais eu une bonne saison de retour, mais rien de wow comme [une 7e position]. Cela m’a fait réaliser que je m’approche réellement du plus haut niveau et donc des podiums », s’est rappelée celle qui a développé un intérêt pour le ski à seulement deux ans et qui a commencé à compétitionner dès l’âge de sept ans.
Valérie Grenier 2.0
Du côté physique, la représentante d’Équipe Canada se dit complètement remise de sa blessure. Pour ce retour à une forme optimale, elle souligne notamment le soutien d’Erik et Stefan Guay, avec qui elle a dévalé les pentes du Mont-Tremblant pour la première fois depuis sa blessure en décembre 2019.
« C’était extrêmement important pour moi d’avoir leurs conseils. Je voulais vraiment revenir le plus vite possible, mais Stefan [qui a conseillé Erik tout au long de sa carrière] m’a vraiment fait comprendre l’importance de ne pas rusher mon retour et prendre toute la saison 2019-2020 pour revenir à 100% la saison suivante », raconte-t-elle en affirmant que ce choix a finalement été très « payant ».
Du côté psychologique, depuis son accident, elle ne cache pas avoir encore un certain blocage psychologique en super-G, une compétition où la vitesse est primordiale. Toutefois, elle croit que ce blocage pourrait éventuellement l’aider à être encore meilleure, plus calculée et moins casse-cou.
« C’est frustrant, car j’ai toujours été celle qui aimait la vitesse, qui n’avait peur de rien et qui prenait beaucoup de risques, donc c’est sûr que ce n’est pas un changement que j’aime. Pour voir ça du bon côté, maintenant, mes décisions sont plus réfléchies, je ne prends plus de risques inutiles. En gros, j’ai arrêté de faire des niaiseries », contraste celle qui a quelque peu mis de côté le super-G pour s’entraîner davantage en slalom géant. Un choix judicieux qui lui a permis d’obtenir un top 10 à Sölden qui était le premier pour elle dans ce type de compétition.
Peaker au bon moment
En parlant d’entraînement, l’entraîneur de Valérie Grenier, Manuel Osborne-Paradis, a souvent souligné l’importance de peaker au bon moment. Un concept souvent mentionné dans la plupart des sports, mais avec lequel tout le monde n’est pas familier.
« C’est vraiment au niveau de l’entraînement, parce qu’en compétition, tu veux évidemment toujours faire le mieux possible, indique l’Olympienne pour rassurer ceux qui seraient moins familiers avec le jargon sportif. C’est donc d’ajuster ton programme d’entraînement pour essayer d’atteindre le sommet de ta forme au moment le plus important de la saison et cette saison, c’est en février 2022 pour les Jeux », explique-t-elle en ajoutant qu’en prévision des Jeux, son entraînement intensif a débuté plus tard dans l’été, voir presque au début de l’automne.
Pékin 2022
Ayant déjà atteint son rêve olympique en février 2018, si la tendance se maintient et qu’elle se qualifie pour ceux de 2022, il ne s’agira pas du « premier rodéo » de la skieuse franco-ontarienne. En revanche, quatre ans plus tard, elle débarquera en Chine avec des objectifs bien différents.
« C’est sûr que ma mentalité a changé. En 2018, c’était mes premiers Jeux et j’étais très jeune, se remémore celle qui avait 21 ans à l’époque. Même si j’y allais pour gagner, l’important était surtout de prendre de l’expérience, alors que maintenant, j’y vais pour une médaille », raconte la skieuse alpine canadienne.
En attendant, bien que cela semble de plus en plus se confirmer, elle doit d’abord se qualifier. Plusieurs médias ont faussement rapporté qu’elle l’était déjà. Valérie Grenier avoue, elle-même, s’être laissée prendre au jeu du tourbillon médiatique.
« Je sais que cela peu paraitre étrange, mais je ne le sais même pas moi-même, dit-elle en riant. Au début, plusieurs médias avaient écrit que j’étais qualifiée avec mon top 10. Ensuite, d’autres ont dit que cela prenait en fait plusieurs tops 30, donc je devrais vraiment m’informer davantage », indique-t-elle en ajoutant qu’avec ses plus récentes performances, elle n’est pas inquiète quant à sa qualification.
Somme toute, peu importe ce qui se passera concernant sa qualification ou aux Jeux, personne ne pourra remettre en question la résilience de Valérie Grenier et sa passion pour son sport.
« Il n’y a pas eu de moment où j’ai su que je voudrais en faire une carrière. J’ai tout simplement su que je voulais faire cela de ma vie, comme j’ai toujours su, malgré le doute, que j’allais revenir plus forte de ma blessure », conclut celle qui bénéficie actuellement d’une semaine de repos, chez elle à L’Orignal, mais qui reprendra l’action dans le cadre de la Coupe du monde de Courchevel, en France le 21 décembre prochain.