L’un des plus importants transporteurs scolaires de la province, Autobus Campeau, accélère son virage électrique. En effet, l’entreprise a annoncé avoir investi près de 10 M$ pour l’achat de trente autobus électriques de marque Lion et l’installation de bornes de recharge, un projet qui a reçu l’appui du gouvernement du Québec.

Transportant plus de 35 000 élèves par jour des deux côtés de la rivière des Outaouais, Autobus Campeau possède donc une flotte conséquente de près de 500 véhicules, dont 293 au Québec. Et selon Jonathan Lauzon, directeur général de l’entreprise basée dans le secteur St-Philippe de Brownsburg-Chatham, le tiers de ceux-ci seront remplacés par des autobus électriques Lion d’ici deux ans.

En effet, l’entreprise avait convié les médias le 12 décembre dernier pour présenter les trente nouveaux autobus électriques de modèle LionC qui remplaceront leurs équivalents au diesel dans les prochaines semaines et qui s’ajoutent à la vingtaine de véhicules reçus l’an dernier. D’ici deux ans, 56 autres autobus électriques s’ajouteront au parc d’Autobus Campeau, pour un total de 106.

Ces nouveaux autobus seront répartis dans les différentes installations de l’entreprise au Québec: une dizaine seront basés au garage de Lachute et autant aux garages de Rigaud et de Saint-Hippolyte.

«Je ne peux pas aller trop rapidement à la même place tout en même temps, explique monsieur Lauzon à propos de cette répartition. Il faut y aller étape par étape pour plein de raisons, notamment pour s’habituer [aux autobus électriques] et pour aussi garder des véhicules au diesel en cas de pépin.»

Pour l’environnement mais pas seulement

Évidemment, l’achat de ces autobus électriques devrait aider à réduire l’empreinte carbone d’Autobus Campeau en cette ère de changements climatiques. Cependant, selon monsieur Lauzon, ces nouveaux autobus jouent aussi un rôle en ce qui a trait à l’efficacité de l’entreprise.

«On s’en sert beaucoup pour faire de la formation, améliorer nos processus et aider à la rétention de nos chauffeurs, dit-il. Avec les jeunes aussi ça va mieux: c’est plus silencieux. [L’électrification des transports] fait partie de leur éducation, alors quand ils voient un autobus aux pare-chocs bleus, ils se garrochent pour aller le prendre!»

L’ajout de GPS intégrés, de carnets de bord électroniques et de données télémétriques à bord de ces nouveaux véhicules devraient aussi améliorer le rendement de chacun d’entre eux.

Quant à l’économie liée à l’achat de carburant, monsieur Lauzon admet ne pas avoir encore de données probantes là-dessus mais il croit que cela devrait être significatif. Pour l’instant, il estime à 20 000$ par année par autobus le coût moyen du carburant diesel. Reste à savoir à combien se chiffrera le coût de l’électricité par année par autobus. Avec une autonomie d’environ 200 km avec une pleine charge, le directeur général indique qu’il voudra placer ces nouveaux véhicules sur les circuits les plus longs pour maximiser l’économie de carburant.

Aide gouvernementale

Pour faire l’achat de ces trente autobus électriques, Autobus Campeau n’avait pas le choix que de recevoir de l’aide gouvernementale. Alors qu’il en coûte environ 150 000$ pour l’achat d’un autobus muni d’un moteur à combustion, il en coûte plus du double, soit 320 000$, pour faire l’achat d’un autobus de modèle LionC, en plus des frais liés à l’installation de bornes de recharge. Ce sont ainsi près de 10 M$ que l’entreprise a investis cette année uniquement dans ce virage électrique.

Heureusement, le gouvernement du Québec a donné un coup de pouce financier avec un total de 4,68 M$ en subventions, dont 927 690$ pour l’achat et l’installation d’une vingtaine de bornes de recharge. Cette somme est issue du Programme d’électrification du transport scolaire.

Autobus Campeau a choisi les véhicules de la Compagnie électrique Lion, basée à St-Jérome, pour ses nouveaux autobus. Il faut dire que l’entreprise s’était portée acquéreure d’un des premiers autobus produits par Lion, il y a sept ans.

«On a choisi Lion et on en est très fier, mentionne monsieur Lauzon. Je suis fier d’encourager une compagnie québécoise. Le virage électrique, j’y crois beaucoup.»

«Je salue la clairvoyance et le leadership d’Autobus Campeau, a pour sa part mentionné la députée d’Argenteuil, Agnès Grondin. Malgré toutes les embûches et les imprévus, l’entreprise prend ce virage électrique. Ce n’est pas toutes les entreprises qui voudraient faire ça. On est vraiment dans l’esprit entrepreneurial en prenant des risques en raison de valeurs auxquelles on croit.»

Autobus Campeau va poursuivre son virage électrique au cours des prochaines années. Outre les 56 autres autobus électriques qui s’ajouteront d’ici deux ans, monsieur Lauzon indique avoir un plan d’acquisition pour les sept prochaines années. Les autobus à pare-chocs bleus devraient donc être de plus en plus nombreux sur les routes de la région.