La Lachutoise Marilou Leblanc, finissante de l’École de théâtre professionnel du collège Lionel-Groulx, a su se démarquer lors de sa dernière année dans cette institution. Elle a remporté le Concours intercollégial d’écriture dramatique Égrégore avec son texte Le Projet du lac qui a ainsi été mis en scène et présenté au 21e Festival du Jamais Lu de Montréal au début du mois.
Le concours de l’Égrégore est ouvert à tous les étudiants de niveau collégial. Ceux-ci soumettent un texte dramatique et le gagnant voit celui-ci être publié aux Éditions Fides et être mis en lecture par des comédiens professionnels lors de l’Intercollégial de théâtre et lors du Festival du Jamais Lu à Montréal.
Dans le cas du Projet du lac, renommé La Paix du lac pour sa version sur scène, c’est à Sarah Berthiaume, dramaturge québécoise, que Marilou donne crédit pour l’avoir incitée à prendre part au concours après qu’elle ait assisté à un cours d’écriture dramatique avec elle.
«Elle a lu mes trucs et m’a demandé si ça me tentait de pousser ça plus loin. Je lui ai dit que non, se rappelle-t-elle. Dans ma tête, j’étais comédienne et c’était tout mais je sentais qu’il me manquait quand même un petit quelque chose. Elle m’a poussée et honnêtement, je ne me suis jamais sentie aussi heureuse qu’en écrivant.»
La réception de ce prix est, pour elle, la confirmation qu’elle a probablement un bel avenir en écriture dramatique. «C’est super touchant et c’est affirmant pour moi de voir que je ne me trompe pas, que peut-être que ma place est là, dans l’écriture, explique la principale intéressée. Je ne me considère pas encore comme une autrice mais peut-être que je suis plus autrice que je ne le pense.»
Inspirée par son entourage
Le Projet du lac est une tragédie rurale racontant l’histoire d’une jeune femme qui va vivre à Montréal pour réaliser son rêve de quitter sa ville natale, en région, avec laquelle elle entretient une relation amour-haine. À son départ, elle laisse son amoureuse de jeunesse, qui a choisi de rester là-bas pour reprendre la compagnie familiale. En ville, elle rencontre un homme trans et queer qui lui fera vivre et connaître une toute nouvelle relation. La jeune femme demeurera toutefois hantée par sa région.
Se décrivant elle-même comme une femme queer de région, Marilou Leblanc admet candidement qu’elle s’est inspirée des gens qui l’entourent pour écrire ce texte. «C’est 100% inspiré des gens de ma vie, de tous les gens qui ont été influents dans ma propre quête identitaire, dit-elle. C’est de l’auto-fiction mais super romancée.»
Elle indique que si les personnages et les motivations de ceux-ci sont inspirés de sa vie, les événements décrits sont de la pure fiction. Cependant, en écrivant ce texte, Marilou s’est rendue compte qu’elle comblait sans le savoir un vide.
«Il me manquait quelque chose en jouant car je cherchais l’existence d’un texte qui est plus près de moi, qui parle de gens queers comme moi, des gens qui viennent des régions et qui arrivent en ville en se disant qu’ils vont vivre leur ‘queerness’ pleinement et que finalement, ce n’est pas tout à fait ce qui arrive, explique-t-elle. C’est de là que vient mon besoin de créer quelque chose qui va parler de nous, les gens queers de région et qui va nous connecter à quelque chose d’un peu plus vrai.»
Elle précise cependant qu’elle n’a jamais eu à subir du harcèlement à Lachute en raison de son orientation, lui faisant dire que les gens de régions sont peut-être beaucoup plus ouverts aux différences qu’on pourrait le penser. «On a une force de communauté en région même si ce n’en est pas une LGTBQ+», explique-t-elle.
Passage sur scène
Au moment de discuter avec elle, Marilou s’apprêtait à voir son texte être joué sur scène au Festival du Jamais Lu de Montréal. Précédemment, celui-ci a été présenté une première fois à l’Intercollégial de théâtre et elle en a profité pour le modifier en prévision de sa première montréalaise.
«Je suis méga fébrile! On est la seule lecture qui est complète au festival, je suis survoltée, lance-t-elle. J’ai vraiment hâte d’avoir le ‘feedback’ de mes pairs.»
Après cette présentation, elle aimerait par la suite présenter le texte dans Argenteuil, selon les disponibilités des salles.
Sinon, au cours des prochaines semaines, Marilou retournera sur les bancs d’école. En effet, elle vient d’être acceptée comme stagiaire à l’École nationale de théâtre du Canada dans un programme d’écriture. À terme, seulement deux stagiaires seront sélectionnés pour suivre la formation complète et elle compte bien être l’une des deux personnes élues.
Au cours de l’été, la Lachutoise veut continuer à écrire. Son prochain projet: une pièce de théâtre qui traitera de grossophobie, un sujet qui lui tient à cœur.
Il sera peut-être possible de la croiser à Lachute au cours de l’été car elle concède que même si elle a dû s’exiler pour les études, la région garde une place importante dans son cœur.