Marilou Leblanc, Lachutoise et étudiante d’interprétation théâtrale au Collège Lionel-Groulx, a remporté la 27eédition du Concours intercollégial d’écriture dramatique l’Égrégore. C’est pour son texte Le projet du Lac qu’elle fut ainsi primée, le 26 janvier dernier.
Avec cette victoire, elle pourra retravailler son texte avec l’autrice Sarah Berthiaume. Il sera ensuite lu au grand public à l’Intercollégial de théâtre qui aura lieu au Cégep de Shawinigan (du 20 au 22 avril prochain), ainsi qu’au Festival du Jamais Lu de Montréal (du 5 au 14 mai). Avec Le projet du Lac, ce sera donc « un peu de Lachute » qui sera lu en Mauricie et dans la Métropole dans les mois à venir.
« Le projet du Lac, c’est une grosse quête identitaire, à savoir qui on est en tant qu’individu ou si notre région nous représente. Sans que ce soit de faits vécus, c’est une histoire qui parle de moi, avec deux personnages inspirés de vraies personnes, étant tiraillée par une histoire d’amour en région et une autre en ville », raconte celle qui en est à la dernière année de sa technique de quatre ans.
Retour aux sources
Cette « nostalgie », elle la doit notamment à son enfance à Lachute, mais aussi à un retour un peu « forcé » dans la région, après l’avoir quittée pour se rapprocher de son lieu d’étude.
« Un peu comme tous les gens du coin, quand j’ai quitté Lachute, je ne m’attendais pas à revenir. En y réfléchissant, je me dis qu’on n’a pas choisi de grandir ici, pourtant, je n’échangerais ça pour rien au monde et quand je suis revenue, je me suis rendue compte que ça m’avait manqué », indique l’étudiante de 21 ans qui est revenue vivre un an chez son père, il y a près de deux ans, puisqu’elle était atteinte d’un cancer (lymphome de Hodgkin), aujourd’hui guéri.
Passion écriture
Durant cette période, où elle commencera Le projet du Lac, Marilou raconte qu’elle avait « rien d’autre à faire que d’écrire », une passion qu’elle doit notamment à sa mère.
« Elle sera tellement contente que je dise ça, mais je dirais que ça vient de cette ‘routine du dodo’ que j’avais avec ma mère qui me lisait une histoire par soir. Je n’ai jamais vraiment aimé lire, mais j’aime vraiment me faire lire et je crois que mon intérêt pour l’écriture part de là », affirme celle qui se considère comme une solitaire et qui en profite donc pour écrire davantage.
Pour ce qui est du théâtre, c’est un intérêt qui a commencé sur le tard, car il n’y en avait pas vraiment lors de ses études secondaires à la Polyvalente Lavigne. S’accrochant toutefois à son intérêt pour l’improvisation, elle décida de s’inscrire en interprétation théâtrale quelques mois avant la fin de son parcours secondaire, sans même savoir qu’elle devait passer une audition.
D’importantes rencontres
« Je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais. J’ai eu un mois pour me préparer pour l’audition. Après lui avoir dit qu’elle n’aurait qu’à me donner quelques répliques, mon amie a fini par devoir apprendre un texte complet, dit-elle avec reconnaissance. J’ai aussi eu la chance d’être coachée par Virginie Ouelette qui étudiait à l’UQAM et qui était dans une gang de filles qui faisaient du théâtre expérimental […], mais même rendue à l’audition, je me souviens qu’elle me disait : ‘là Marilou, tu ne dois pas non plus t’attendre à être sûre d’être prise’ » raconte la jeune artiste.
Ayant finalement été retenue, elle sera maintenant guidé par Sarah Berthiaume qui, concrètement, l’épaule déjà depuis 2019. Ce n’est toutefois qu’un « beau concours de circonstances » sachant qu’elle a accepté d’aider le gagnant du concours sans évidemment savoir qui ce serait.
« C’est le fun parce que c’est une continuité. J’avais rencontré Sarah il y a deux ans dans un de mes cours, ça a cliqué tout de suite et elle m’aide dans mon écriture depuis. Justement, l’an passé, on était allé au festival du Jamais Lu et elle m’avait tout de suite dit : ‘tu devrais présenter tes textes l’année prochaine », se souvient la principale intéressée.
Maintenant que c’est fait et que deux lectures sont à l’horaire, elle laisse le destin décider de la suite.
« J’ai fait des propositions de projets à quelques théâtres, mais ça se peut aussi que ça s’arrête à deux lectures, ce soit un peu ce qui est beau avec le théâtre, ce soit que c’est éphémère », indique-t-elle avec sérénité.
Derrière le rideau
Regardant vers l’avenir, bien qu’elle ne regrette aucunement son passage sur les planches et ses études en interprétation bientôt complétées, Marilou aimerait par la suite poursuivre ses études en écriture dramatique à l’École nationale de théâtre.
« Je suis un peu tannée de jouer et de toute façon je suis grosse et j’ai une voix de ‘clopeuse’ », dit à la blague celle qui habite maintenant Montréal depuis quelques mois.
D’ailleurs, même si elle se considère comme étant une éternelle nostalgique, ce second départ de Lachute représente pour elle un passage obligé pour de nombreuses ‘filles de région’.
« Ce serait bien de pouvoir toujours rester à Lachute, tu restes près de tes amies et de ta famille, mais honnêtement, je ne sais pas trop où est ma place à Lachute. Ce serait dur de pouvoir vivre ma vie pleinement parce qu’il y a très peu de place pour gagner sa vie avec le théâtre et très peu de représentation d’une communauté Queer à laquelle m’accrocher », conclut Marilou Leblanc, avec une lueur d’espoir que Lachute pourra conserver son cachet de région, mais qu’elle pourra peut-être être celle qui y apportera un jour cet apport de culture manquant à ‘sa région’.