Après avoir manqué d’eau potable au début du mois de juin, la municipalité de St-André-d’Argenteuil a présenté le 27 septembre dernier son plan de match pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise. Nettoyage des puits, systèmes de vérification en temps réel et surtout, colmatage d’une potentielle fuite sont au menu pour les prochains mois.
Rappelons que le soir du 6 juin dernier, le réservoir d’eau potable de la municipalité s’est retrouvé presque vide. En conséquence, le poste de surpression, qui ajoute de la pression dans le réseau d’aqueduc, s’est arrêté. Rapidement, la municipalité a acheté des citernes d’eau d’une entreprise privée en plus de voir ses pompiers et ceux de Lachute transporter de l’eau à partir de la station d’eau potable de Lachute afin de remplir le réservoir. Le temps d’avoir une quantité assez importante dans le réservoir, d’évacuer l’air accumulé dans le système d’aqueduc et de repartir les pompes du poste de surpression, la situation n’est revenue à la normale qu’en début de matinée le lendemain.
Schéma à l’appui, le maire de la municipalité, Marc-Olivier Labelle, a expliqué aux médias le 27 septembre dernier comment la municipalité s’approvisionne en eau potable. Celle-ci puise son eau à partir de deux puits situés dans le secteur du Coteau-des-Hêtres-Sud, creusés en 1976 et 1985 respectivement. Cette eau est acheminée vers un réservoir souterrain de 980 000 gallons dont la capacité utile est en fait de 680 000 gallons (une quantité d’eau reste continuellement dans le fond pour accueillir les sédiments tandis qu’au sommet, des ouvertures anti-débordement empêchent le réservoir d’être trop rempli). Ensuite, par gravité, celle-ci descend vers le poste de surpression à travers une conduite de 1,3 km qui date des années 50. Le surpresseur pousse ensuite l’eau dans les canalisations du réseau d’aqueduc principal.
Théoriquement, les puits actuels devraient être capables de fournir de l’eau à plus de 700 adresses alors qu’il n’y en a actuellement que 611 qui sont connectées au réseau d’aqueduc de la municipalité, selon ce que nous avait expliqué monsieur Labelle en juin dernier. Or, au cours des derniers mois, des analyses ont révélé plusieurs problématiques tout au long de la chaîne d’approvisionnement et de distribution de l’eau potable, ce qui explique en partie pourquoi la municipalité a manqué d’eau en juin dernier. Ce sont à ces problématiques que compte s’attaquer St-André-d’Argenteuil au cours des prochains mois.
Nettoyage et colmatage
La plus grande problématique qui a été révélée au cours des dernières semaines est qu’il y aurait probablement une ou des fuites entre le réservoir souterrain et le poste de surpression. La conduite de 1,3 km de long entre ces deux points est la principale suspecte: on estime qu’environ 50 000 gallons d’eau par jour sont perdus.
Au moment d’écrire ces lignes, la municipalité prévoyait inspecter cette conduite âgée de près de 70 ans le 1er octobre pour trouver le ou les endroits où se trouvent les fuites. L’opération de colmatage devrait avoir lieu au cours des prochains mois, selon le nombre de fuites et les subventions qui pourraient être reçues. Pour cette raison, la municipalité ne pouvait chiffrer pour l’instant à combien s’élèveront les coûts de ces réparations ni dire quel sera l’échéancier des travaux. Elle souhaite cependant utiliser des sommes provenant du Programme de transfert de la taxe fédérale sur l’essence aux municipalités pour réaliser ces travaux.
Du côté des deux puits, d’autres problèmes ont été découverts, ce qui expliquerait pourquoi ils ne fonctionneraient pas à pleine capacité.
«Il y a eu du forage qui a été fait pour s’assurer que l’emplacement des puits était bon. On a aussi fait des tests de capacité de recharge des puits, explique le maire Labelle. Des tests avec des caméras ont révélé des lacunes au niveau des crépines des capteurs d’eau: certains étaient bouchés, d’autres avait des problèmes au niveau de la conception ou de l’installation.»
Photo gracieuseté: le puits de 1985, au cours de l’opération de nettoyage.
D’ici le 12 octobre, la municipalité dépensera environ 40 000$ pour nettoyer et réparer les deux puits. Une pompe a aussi déjà été installée dans le puits datant de 1976 pour augmenter sa capacité. Si tout va bien, ces travaux vont permettre de porter à 300 000 gallons par jour la capacité totale des puits. Elle n’est actuellement que 178 000 en raison des problématiques mentionnées plus haut.
L’ajout de capteurs de débit aux puits et dans différentes parties du réseau devrait aussi aider la municipalité à avoir une idée en temps réel de la situation dans son réseau d’eau potable, ce qui n’était pas le cas auparavant.
La suite?
Si la réparation des puits et le colmatage des possibles fuites sont des solutions évidentes pour éviter que St-André-d’Argenteuil ne se retrouve une nouvelle fois sans eau, monsieur Labelle souligne que la consommation d’eau potable des citoyens semble cependant très grande par rapport à d’autres municipalités (consommation moyenne de 1109 litres par jour par adresse au cours de la dernière semaine). Bien qu’il ne compte pas faire installer des compteurs d’eau à chaque résidence ni imposer de taxes de consommation, le maire indique vouloir poursuivre des campagnes de sensibilisation auprès des résidents pour faire diminuer leur consommation. Un projet d’aide financière pour vérifier si des fuites d’eau n’existeraient pas dans les installations des citoyens branchés à l’aqueduc municipal est également sur la table.
Un autre projet de la municipalité serait de creuser un troisième puits. Comme mentionné en juin dernier, la municipalité étudie présentement la faisabilité d’en faire un près du poste de surpression, situé le long de la route 327, dans le secteur de la terrasse Raymond. Ce nouveau puits permettrait l’approvisionnement en eau de la municipalité pendant d’hypothétiques travaux sur le réseau en amont du poste de surpression. Cependant, on ne fermerait pas la porte à le creuser ailleurs.
Afin d’éviter que la municipalité ne manque encore d’eau au cours des derniers mois, celle-ci a procédé à l’achat de plusieurs citernes d’eau d’une entreprise privée pour remplir son réservoir. On estime que jusqu’à présent en 2021, cela a coûté près de 100 000$ aux contribuables. Monsieur Labelle espère que les travaux prévus ces prochaines semaines sur le réseau vont mettre un terme à ces achats.