le Mercredi 29 mars 2023
le Jeudi 9 septembre 2021 16:16 Économie

Train de passagers: La MRC demande une étude auprès des gouvernements fédéral et provincial

La MRC d’Argenteuil veut en avoir le cœur net. Alors que certains groupes citoyens demandent le retour des trains de passagers dans le corridor Montréal-Gatineau, le conseil des maires de la MRC a adopté une résolution en août dernier demandant aux gouvernements fédéral et provincial de réaliser une étude sur les bénéfices du retour du train par rapport aux coûts qui seraient nécessaires d’investir pour que cela se fasse. Les députés de la région ont déjà annoncé leur intention d’appuyer cette demande.

C’est en 1877 que la ligne reliant Montréal à Gatineau en passant par Lachute est complétée. Le Canadien Pacifique s’est porté acquéreur de cette ligne en 1882 et depuis 1997, celle-ci est exploitée par les Chemins de fer Québec-Gatineau, filiale de l’américaine Genesee & Wyoming, qui l’utilisent uniquement pour le transport de marchandises.

Entre-temps, en 1978, le Canadien Pacifique a cédé le transport de passagers sur ses lignes à une nouvelle société de la couronne, Via Rail Canada. En 1981, le gouvernement fédéral décide de sabrer dans le budget de l’entreprise: 40% des liaisons de trains de passagers sont coupées, incluant celle reliant Montréal à Gatineau. Le 14 novembre 1981, le train VIA 171 (en fait, un simple wagon motorisé) quitte une dernière fois la gare de Lachute avec des passagers.

Près de 40 ans plus tard, la MRC d’Argenteuil demande aujourd’hui aux deux paliers de gouvernement de faire une étude sur ce qu’il en coûterait pour que les trains de passagers puissent de nouveau circuler sur cette ligne par rapport aux bénéfices qui pourraient en être retirés tout le long de la voie ferrée.

Beaucoup d’appuis

Déjà, le député fédéral sortant d’Argenteuil-La Petite-Nation, Stéphane Lauzon, a annoncé son intention d’appuyer la demande de la MRC s’il est réélu, tout comme son adversaire du Bloc québécois Yves Destroismaisons. D’autres municipalités situées le long de la ligne de chemin de fer à l’extérieur d’Argenteuil auraient aussi donné leur appui à cette demande aux dires du préfet de la MRC d’Argenteuil, Scott Pearce.

«Depuis que l’on a passé la résolution, ça fait boule de neige, dit-il. Je reçois des appels de maires et de préfets d’un peu partout qui disent qu’ils vont nous appuyer. On est très contents.»

Selon lui, le retour du train de passagers au moins jusqu’à Lachute pourrait permettre de faciliter le transport des gens vers Montréal en réduisant la congestion et les émissions de gaz à effet de serre. De plus, cela pourrait attirer une certaine clientèle touristique dans la région.

Cependant, comme mentionné dans nos pages il y a quelques semaines, la ligne d’autobus entre Montréal et Gatineau, en passant par Lachute et Grenville, serait sur le point de trouver un repreneur. La MRC offre également déjà un service de navette vers la gare de trains de banlieue de St-Jérôme et a demandé au gouvernement provincial de prolonger le REM au-delà de son terminus à Deux-Montagnes, jusqu’à Mirabel. Un train de passagers à Lachute ne serait-il pas de trop avec les services déjà offerts?

«Plus l’offre de transport collectif est grande, plus je crois que tout le monde en sera gagnant, affirme le préfet. Si l’étude dit qu’il y a trop de compétitions entre les services, ce sera aux gouvernements de dire qu’il y a trop d’offres. Le but de la résolution est de les faire réfléchir.»

La MRC aurait en sa possession des données concernant les montants qui seraient nécessaires pour remettre la voie ferrée entre Lachute et Montréal conforme aux normes pour le transport de passagers, montants qui seraient dans les sept chiffres.

«C’est sûr qu’il y a un coût à ça mais il y a aussi un coût à la congestion et aux gaz à effet de serre, confirme monsieur Pearce. La question ici est de savoir si cette option de trains de passagers est la meilleure, si c’est plus efficace mais on n’est pas des experts. C’est pour ça que l’on demande aux experts des gouvernements de faire l’étude.»

Appui de la députée

De son côté, la députée d’Argenteuil, Agnès Grondin, a elle aussi annoncé son appui à la demande de la MRC. «La résolution est bien ficelée, je suis très à l’aise avec les arguments qui sont là, notamment celui sur la réduction des gaz à effet de serre, lance-t-elle en entrevue au Régional. Je suis à l’aise de défendre la demande auprès du gouvernement.»

Madame Grondin indique trouver raisonnable la demande d’étude de la MRC afin de savoir si le jeu en vaut la chandelle de ramener le train de passagers. Elle souligne aussi que la demande concernerait l’impact sur l’ensemble de la rive nord et pas seulement dans Argenteuil. Cependant, on ignore combien coûterait cette étude: la députée ne pouvait se prononcer à savoir si Québec pourrait financer seul la réalisation de celle-ci en cas de refus du gouvernement fédéral, quel qu’il soit au lendemain des élections.

Dans l’éventualité que l’étude se fasse et conclut que le retour du train de passagers ne serait pas viable, le gouvernement provincial pourrait-il investir dans d’autres formes de transport collectif vers Montréal?

«Si l’étude dit que ça coûte trop cher, c’est relatif: ça coûte trop cher à qui et qu’est-ce que ça veut dire? Je suis de celle qui croit que plus il y a de services de transport, plus le citoyen gagne, lance la députée, rejoignant ici la pensée du préfet de la MRC. Il faut développer des services de transport collectif qui sont plus abordables et plus fiables pour la région mais je ne crois pas qu’il faille miser sur un seul. Argenteuil mérite d’avoir d’autres choix comme d’autres villes!»

«Pour un décideur, l’important est d’avoir toutes les informations pour prendre une décision la plus éclairée possible. À l’heure actuelle, on voudrait que le train de passagers revienne mais on n’a aucune idée de combien ça coûterait ni ce que ça implique. On verra [où cette étude nous mènera]», conclut la députée.