On le sent, la Ville de Lachute se développe rapidement depuis quelques années, comme en fait foi l’annonce de la construction d’une nouvelle école primaire parue dans nos pages récemment. Cependant, si certains choix de développement sont généralement acceptés par la population lachutoise, d’autres le sont un peu moins. Un projet initial de 50 logements sur l’avenue Argenteuil a rencontré une opposition citoyenne alors que les voisins du terrain concerné ne veulent pas d’immeubles à logements à côté de leur maison unifamiliale.
Si les citoyens se rendent présentement au 509, avenue Argenteuil, ils ne verront rien d’extraordinaire: une simple petite maison unifamiliale. Mais les choses pourraient changer puisque cette résidence se trouve à l’entrée d’un terrain de 1,11 hectare qui est essentiellement boisé. Un développeur immobilier voulait en effet détruire cette maison et la remplacer par quatre immeubles à logements de trois étages pour un total de 50 appartements.
Pas moins de sept terrains contigus au terrain visé sont présentement occupés par des maisons unifamiliales et certains voisins ne veulent pas de ces grands immeubles juste à côté de leur cour. C’est le cas de Raymond Carrière qui est propriétaire depuis 1986 du terrain voisin au nord du 509, avenue Argenteuil. Son fils Marc-André le représente dans ce dossier, lui qui est avocat et qui a déjà travaillé dans le droit municipal.
«On vient mettre un projet de 50 unités d’habitation à côté de maisons. Sur l’avenue Argenteuil, à cette hauteur, ce ne sont que des maisons unifamiliales, commente-t-il. J’ai parlé à un autre voisin qui s’oppose lui aussi au projet car cela va changer l’environnement du bâtiment qu’il vient d’acheter alors qu’un immense stationnement va être fait à côté de sa cour.»
Un PPCMOI
Mais comment la ville peut-elle autoriser que de grands immeubles à logements peuvent être construits dans un secteur qui ne compte que des maisons unifamiliales? La zone Ha-416 où est situé le terrain ne permet pas la construction de tels immeubles: il faudrait changer le règlement de zonage au complet de cette zone pour l’autoriser. À la place, la Ville de Lachute a recours à un Règlement sur les projets particuliers de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI) qui permet de changer le zonage uniquement d’un terrain et non de la zone complète.
«C’est pour ça que l’on fait ça par PPCMOI car c’est un processus qui est beaucoup plus transparent», lance le maire de Lachute, Bernard Bigras-Denis.
Une consultation publique a d’ailleurs eu lieu le 25 septembre dernier où les citoyens, dont monsieur Carrière, ont pu s’exprimer sur le projet. Monsieur Bigras-Denis indique que la position des balcons, la distance avec les voisins et la position des stationnements sont des choses sur lesquelles l’entrepreneur devra apporter certaines modifications.
«On attend les nouveaux plans. Quand ils seront déposés, le conseil les prendra en considération et on verra si on adopte le deuxième projet de règlement ou si on demande d’autres correctifs», affirme-t-il.
Mais pour Marc-André Carrière, le projet de PPCMOI proposé ici contreviendrait lui-même à un règlement lachutois pour ce type de projet. «Il existe un règlement à la Ville de Lachute sur les PPCMOI, dit-il. Dans le cas de ce projet-ci, il y a plusieurs choses qui ne sont pas respectées, notamment la hauteur des bâtiments qui devrait normalement s’harmoniser avec le reste du secteur, c’est-à-dire être limité à deux étages.»
Des démarches juridiques?
Monsieur Carrière est catégorique: si le règlement de PPCMOI est adopté sans que certaines modifications soient apportées, il pourrait entreprendre des démarches juridiques au nom de son père.
«On veut quand même laisser la possibilité aux discussions, note monsieur Carrière. Mais si le projet est adopté comme tel, on pourrait entreprendre les démarches pour attaquer la résolution sur la base que le règlement des PPCMOI de Lachute n’a pas été respecté.»
«On ne veut pas transformer ça en chicane de voisins ou déchirer le projet sur la place publique, poursuit-il. Mais la Ville a certaines obligations et il faut qu’elle suive son propre règlement. Il y a aussi une certaine obligation morale, lorsqu’on décide d’établir un projet d’une telle envergure dans une zone de maisons unifamiliales, de consulter les voisins affectés et de prendre en considération leurs commentaires.»
Pour Bernard Bigras-Denis, le rôle du conseil municipal est de bien encadrer de tels projets de développement pour éviter qu’ils affectent négativement le voisinage.
«Dans le cas de ce projet-ci, il a déjà fait l’objet de nombreuses révisions de la part du Comité consultatif d’urbanisme, notamment parce qu’il était trop gros, et trop haut. Il y a déjà un travail qui est fait à l’interne pour protéger le quartier existant.»