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le Vendredi 22 octobre 2021 12:27 Municipal

Rapport M’Garry : la mairesse Assaly fait face au conseil

Rapport M’Garry : la mairesse Assaly fait face au conseil
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Le 27 septembre dernier, lors d’une réunion du conseil, Valerie M’Garry, commissaire à l’intégrité de la ville de Hawkesbury, a finalement déposé son rapport sur une plainte (reçue en septembre 2020) qui avait été faite en lien avec une rencontre à huis clos ayant mené au congédiement de trois employés de la ville en juin 2020. Pour une deuxième fois cette année, la mairesse Paula Assaly ne s’en sort pas blanchie.

Si c’est écrit « pour une deuxième fois », c’est qu’en mars 2021, John Saywell (prédécesseur de madame M’Garry) avait aussi déposé un rapport répondant à une plainte faisant suite à cette « réunion à huis clos ». Ses conclusions étaient que la mairesse avait manqué à son devoir déontologique, avait commis de l’ingérence et se « prenait pour le grand patron » d’une entreprise, ce qui était nocif pour l’atmosphère de travail du conseil et donc de la ville.

Après que le contrat de John Saywell n’ait pas été renouvelé, Valerie M’Garry a pris sa place et voilà qu’avec le dépôt de son rapport, cette dernière en vient à des conclusions très similaires à celles de son prédécesseur.

« Nous endossons et recommandons, en général, aux pénalités que l’ancien commissaire à l’intégrité John Saywell avait données, avec certains petits changements », peut-on lire à la 26e page du rapport M’Garry.

Des « pénalités », il y en a cinq. D’abord, des excuses de la mairesse ainsi que des conseillers Antonios Tsourounakis, André Chamaillard et Lawrence Bogue aux personnes affectées par les événements de juin 2020. Ensuite, que le conseil reçoive davantage de ‘coaching’ professionnel pour pouvoir mieux fonctionner. Troisièmement, que madame Assaly soit réprimandée par le conseil pour avoir violé le code de conduite et donc les lois manipulées. Quatrièmement, que le conseil définisse qui fait partie de l’équipe de gestion de la ville et que toutes les embauches ainsi que les congédiements nécessitent un vote majoritaire au deux tiers du conseil. Finalement, que le rapport M’Garry, ainsi que les autres rapports reliés soient envoyés au ministère des Affaires municipales et du Logement de l’Ontario pour qu’il puisse les étudier (et les modifier au besoin) à son tour.

La réponse du conseil

Suite à la lecture du rapport M’Garry, lors de cette même réunion du 27 septembre dernier, le conseil l’a accepté à cinq voix sur six. Il y a ensuite eu un vote sur les cinq mesures recommandées, et de ce fait, deux d’entre elles ont été approuvées. Il s’agit de celle servant à définir l’équipe de gestion de la ville, en plus de demander un minimum du deux tiers des votes du conseil pour tout congédiement ou embauche, ainsi que celle voulant envoyer le rapport entre les mains du gouvernement ontarien pour qu’il l’étudie à son tour.

Même si seulement deux des cinq mesures ont été adoptées, il semblerait que plusieurs conseillers en sont venus aux mêmes conclusions que madame M’Garry et monsieur Saywell et donc sur l’atmosphère que cela crée sur tout le conseil.

« L’ingérence, le harcèlement et le manque de transparence créent une atmosphère toxique (dans le conseil). Ce n’est pas pour rien que cinq autres employés ‘cadres’ ont démissionné après le congédiement des trois premiers », a indiqué Robert Lefebvre, conseiller municipal depuis 2018.

Un autre conseiller pointe quant à lui l’impact monétaire que tout cela a pour les citoyens. En mai dernier, la directrice générale de la ville, Dominique Dussault avait déposé le rapport sur les coûts directement reliés au 16 juin 2020 et les coûts des enquêtes suite à des plaintes au Code en déontologie. Déjà là, sans même inclure les coûts liés au rapport M’Garry, la facture s’élevait à plus de 420 000$.

« Cela ne me dérange pas de dépenser si cela permet d’offrir quelque chose aux citoyens mais là on dépense de l’argent par milliers et personne n’obtient rien en retour. Cela me frustre autant que tout le monde en tant payeur de taxes et citoyen de Hawkesbury », a lancé avec amertume, Yves Paquette, conseiller depuis 2014.

La mairesse se défend

En mars dernier, la mairesse avait refusé de reconnaitre le rapport Saywell, citant qu’il se basait notamment sur de fausses allégations et que le commissaire John Saywell n’était pas impartial. Elle avait même tenté, sans succès, de faire invalider le rapport devant les tribunaux.

L’histoire se repète car à la suite de la lecture du rapport, la mairesse s’est défendue pendant presque 20 minutes, en remettant tout de suite en question les capacités de madame M’Garry à faire son travail.

« La remise de dossier a été prolongée et reprolongée depuis novembre 2020. Un dossier que madame M’Garry n’aurait jamais dû prendre puisqu’elle est unilingue anglophone et qu’elle a traduit les documents, majoritairement en français, avec Google Traduction », a-t-elle affirmé en faisant d’entrée de jeu référence aux multiples reports demandés par madame M’Garry, que cette dernière a expliqué par le long transfert des dossiers du bureau de John Saywell  au sien, la traduction, et tous les obstacles liés à la pandémie.

La mairesse a ensuite réitéré que ce rapport était lui aussi basé sur de fausses allégations.

« Les ex-employés mécontents des congédiements ont mis leurs efforts à inventer, fabuler et spéculer les (fausses) histoires qui se retrouvent dans ce rapport », a-t-elle cité en précisant que c’était eux qui étaient responsables du climat toxique.

Celle qui est mairesse de Hawkesbury a ensuite minimisé son rôle dans toute l’affaire en expliquant que c’est le conseil qui a congédié les trois employés et que bien qu’elle le représente, elle n’a qu’un droit de vote comme tout le monde.

Finalement, elle a conclu sa prise de parole en voulant aller de l’avant et finalement tourner la page sur cette histoire qui lui porte de l’ombre depuis juin 2020.

« Il est temps de mettre nos énergies et notre argent dans l’avancement et dans la vie de notre ville de Hawkesbury », a-t-elle affirmé.

Réunion extraordinaire du 13 octobre

Un peu plus de deux semaines après la réunion du 27 septembre, le conseil s’est réuni pour une rencontre extraordinaire tenue le 13 octobre. De cette rencontre, il fut voté de manière presque anonyme (puisque la mairesse Assaly s’est abstenue) que les paroles de cette dernière lors de la réunion du 27 représentaient son opinion personnelle et non celle du conseil.

Reste maintenant à voir si tout le conseil réussira finalement à « passer à autre chose », alors que le climat semble encore très tendu.

« En ce moment, le conseil travaille ‘ensemble’ comme des membres d’une équipe de hockey qui se ‘gèlent’ dans la bande entre eux », a indiqué Yves Paquette, avec frustration.

Reste maintenant à voir ce que les citoyens penseront de cette saga, avec l’arrivée des élections manipulées qui se tiendront dans presque un an jour pour jour, soit le 24 octobre 2022.