le Dimanche 20 avril 2025
le Vendredi 1 octobre 2021 9:09 Culture

L’horreur dans les contes de fée

L’horreur dans les contes de fée
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Jusqu’au 3 octobre, la Galerie-boutique de la Route des arts de Lachute présente Et toi?, une œuvre installative de l’artiste Roselyn Le Cour. Dans celle-ci, l’artiste utilise l’imagerie des contes de fée pour dénoncer ces prédateurs qui s’en prennent aux enfants.

Ayant fait carrière en infographie, Roselyn Le Cour a une formation en art qu’elle a exploitée autant durant sa carrière professionnelle que lors de ses loisirs. «J’ai toujours eu une passion pour le dessin et les arts plastiques à l’école. Le métier de designer graphique a évolué avec la technologie et j’ai donc fait carrière là-dedans, raconte-t-elle. J’ai toujours fait de l’art à temps partiel mais depuis six ans, j’en fais à temps plein.»

Résidente de Montréal, dans le quartier d’Hochelaga-Maisonneuve (elle a aussi un chalet à Wentworth-Nord), c’est en allant au dépanneur que l’inspiration pour Et toi? lui est venue: dans la vitrine du commerce, une affiche pour relancer les recherches pour retrouver Sébastien Métivier, qui avait 8 ans lorsqu’il a disparu le 1er novembre 1984. Deux autres garçons avaient également disparu la même journée et leur corps mutilé avaient été retrouvés quelques jours plus tard mais pas celui du jeune Métivier. À ce jour, personne n’a été accusé dans cette affaire.

«Je me suis posée la question: de qui ces enfants ont-ils été victimes?, explique l’artiste qui a décidé d’étendre son sujet à tous les enfants disparus. J’ai commencé à faire des œuvres sur qui sont ces prédateurs et là, le mouvement #MeToo est arrivé. [Mes œuvres et le mouvement] se sont rejoints.»

L’œuvre installative Et toi? combine des tableaux mais aussi des sculptures pour former une grande installation artistique dans deux des salles d’exposition de la galerie. Utilisant des matériaux récupérés pour ses œuvres tridimensionnelles et la technique mixte pour ses tableaux, madame Le Cour utilise également l’imagerie des contes de fée pour faire passer son message.

«Je veux montrer l’ambiguïté de ces prédateurs. J’ai pris l’imagerie des animaux pour me rapprocher des contes de fée car je ne voulais pas identifier des tares spécifiques à des agresseurs particuliers, indique l’artiste. On remarque aussi une diversité corporelle et de sexe parmi les victimes. On oublie des fois qu’il y a des femmes et des hommes de plus de 70 ans qui ont été agressés lorsqu’ils étaient plus jeunes.»

L’œuvre installative Et toi? a nécessité deux ans de travail de madame Le Cour pour être complétée. Depuis plus de 18 mois, elle promène celle-ci en divers endroits, de Montréal à la Côte-Nord en passant par l’Estrie. Après Lachute, l’œuvre ira en Beauce et en Alberta.

«Je veux partager avec vous votre indignation, dit-elle. Je trouve ça terrible que les enfants soient mis en danger en faisant des activités anodines, comme aller à l’école ou faire du sport. De plus en plus de gens dénoncent ces prédateurs mais il y en a qui gardent encore le silence.»

L’exposition Et toi? se déroule jusqu’au 3 octobre à la Galerie-boutique de la Route des arts de Lachute (76, rue Clyde).