C’est avec regret et grande amertume qu’André Chabot a annoncé, dimanche soir dernier, aux membres du regroupement Action Champlain, via une conférence virtuelle tenue sur Zoom, que la demande d’appel logée le 27 avril dernier par le groupe n’a pas été retenue par le Tribunal d’appel de l’aménagement local (TAAL).
Mais la bataille n’est pas terminée pour autant, dit monsieur Chabot farouchement, car Action Champlain implore maintenant les élus des comtés de Prescott-Russell, notamment Amanda Simard au niveau provincial et Francis Drouin au niveau fédéral, de prendre la relève en faisant pression auprès du ministre ontarien de l’Environnement, David Piccini, afin de faire annuler toutes licences octroyées jusqu’à présent à la cimenterie Colacem de L’Orignal.
«Vous allez devoir prendre le flambeau dès maintenant, car Action Champlain a épuré tous ses moyens légaux pour mettre un frein à l’expansion de la cimenterie Colacem», dit très sérieusement monsieur Chabot, frustré devant le manque de soutien de la part de la «grosse machine politique». Selon lui, Amanda Simard et Francis Drouin ont des comptes à rendre auprès des citoyens car ils ont été élus pour les représenter et protéger les droits des électeurs du comté.
Francis Drouin, député fédéral local, a tenu à rappeler aux citoyens que plusieurs décisions prises relèvent du niveau provincial. «Souvent, dit-il, il est difficile de s’ingérer dans ce genre de dossiers au niveau fédéral. Il faut faire très attention car en maintes occasions, la frustration et les émotions passionnées de certains peuvent plus souvent nuire au soutien d’une cause plutôt que de l’aider.»
Même s’il y a des points soulevés par les citoyens, monsieur Drouin et madame Simard ont promis de s’impliquer en soumettant une lettre rédigée à l’Honorable Piccini. Malgré cette mobilisation, ceci ne signifiera pas que Colacem ne pourra pas aller de l’avant avec son projet d’expansion de sa cimenterie.
Quant à madame Simard, elle a tenu à informer les citoyens qu’en travaillant conjointement avec le député Drouin, ensemble ils pourraient faire une meilleure représentation auprès des autorités supérieures car elle croit qu’une intervention conjointe auprès des politiciens de haut niveau pourrait freiner ou arrêter le projet d’expansion de la cimenterie. Elle maintient aussi que tout n’est pas perdu et qu’il y a peut-être une petite lueur au bout du tunnel qui donnerait raison à Action Champlain.
Réactions locales
La conseillère municipale du Canton de Champlain, Violaine Tittley, représentante du district de Longueuil, s’est dite encore une fois très déçue du verdict et elle ne comprend surtout pas pourquoi un projet d’une telle ampleur puisse aller de l’avant lorsque la voix des citoyens qu’elle dit représenter s’y opposent majoritairement.
«Le seul commentaire que j’ai est que c’est très regrettable!, mentionne le maire de Champlain, Normand Riopel. De l’autre côté de la médaille, la municipalité travaillera de près avec la compagnie Colacem et avec le ministère de l’Environnement afin de s’assurer que toutes les mesures sécuritaires pour la protection contre les polluants et les nuisances soient respectées tout au long des démarches lors de la construction et lors des opérations ».
En conclusion, le maire Riopel mentionne que la santé publique et le bien-être des citoyens du Canton de Champlain et des environs restent quand même une priorité dans notre municipalité.
Des citoyens frustrés
Durant la période de questions, de nombreux citoyens ont exprimé leurs frustrations devant l’indifférence de certains et la difficulté d’obtenir des réponses exactes à leurs revendications. «Par exemple, aucun membre de différents niveaux gouvernementaux ont répondu à nos lettres exprimant nos positions contre l’expansion de la cimenterie, dû grandement aux changements continus du personnel en charge, rappelle monsieur Chabot. À la longue, tout devient très frustrant de faire affaire avec la machine politique, au point de se demander si l’opinion publique compte pour quelque chose auprès de nos élus».
Certains membres ont même soulevé la possibilité de barricader la grande route 17, afin de sensibiliser le public et de mettre des pressions additionnelles afin d’obtenir gain de cause, mais monsieur Chabot a vitement rejeté cette proposition car il ne supporte pas ce genre de pression auprès des autorités. «Nous pouvons encore mettre des bâtons dans les roues de Colacem, dit-il, avec le soutien de nos élus.»
En retour, monsieur Drouin réitère qu’il a besoin du soutien de la population et demande expressément de faire parvenir des lettres personnelles au ministre Piccini, exprimant les raisons pour lesquelles les citoyens s’opposent au projet d’expansion de la cimenterie.
«Si les gens s’impliquent en masse, il y a peut-être une mince possibilité que les permis échus à Colacem soient révoqués», mentionne le député Drouin. Celui-ci déplore aussi le manque d’engagement de la part de la compagnie Colacem auprès de la communauté du Canton de Champlain, ajoutant à la frustration de ceux-ci.
Depuis plus de dix ans déjà, Action Champlain a mené une féroce bataille contre l’expansion de la cimenterie Colacem. Monsieur Drouin tient à mentionner que sans preuves concrètes additionnelles, il sera très difficile de faire annuler les ententes et les licences déjà approuvées: il appert donc que le projet d’expansion de la cimenterie ira sans doute de l’avant.
Au moment d’aller sous presse, Marc Bataille, représentant de la compagnie Colacem, n’a pas répondu à notre invitation de se prononcer sur le verdict rendu par le juge du TAAL.