Le matin du 14 avril dernier, pas moins de 73 000 enseignants de la province ont déclenché une courte grève de quelques heures qui fut suffisante pour chambouler l’horaire de milliers d’élèves. Les enseignants voulaient envoyer un message au gouvernement provincial alors qu’ils demandent de meilleures conditions salariales mais aussi une amélioration de leur charge de travail afin de pouvoir mieux aider les élèves en difficulté.
Tôt le matin du 14 avril, les quelque 2500 membres du Syndicat de l’enseignement de la Rivière-du-Nord (SERN), affilié à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), ont déclenché une grève de quelques heures qui a pris fin à 9h30. Les cours ont ensuite repris dans les écoles du Centre de services scolaire de la Rivière-du-Nord (CSSRDN).
«On fait du piquetage devant nos écoles et au lieu de faire des journées complètes de grève, on ne fait que des petits blocs pour minimiser l’impact sur les élèves, explique Grégory Pesant, représentant syndical à l’école St-Julien de Lachute, rencontré pendant la grève. Le but est de désorganiser l’organisation scolaire et on sent que ça dérange. On ne veut pas faire ça souvent, on veut que ça se règle.»
Du côté anglophone, un millier d’enseignants de la Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier, membres du Syndicat des enseignants et enseignantes de Laurier, se sont également joints à la grève. Cependant, la commission scolaire avait décidé pour sa part que les élèves suivraient leurs cours à distance suite à la grève.
«C’est difficile: avant la pandémie, ça faisait dur au niveau des ressources pour les enfants et depuis la pandémie, c’est pire, indique Hugh Cooke, représentant syndical à la Laurentian Elementary School de Lachute. On est frustré, on a besoin de l’aide du gouvernement. Il doit plus investir dans l’avenir des enfants.»
Salaires et ressources
Les syndicats qui ont pris part à cette grève réclament depuis plusieurs mois de meilleures conditions salariales pour leurs membres, des demandes qui datent d’avant même la pandémie de Covid-19.
«On a fait des demandes avant la pandémie. Quand celle-ci est arrivée, on a décidé que l’on n’allait pas négocier pendant cette période-là mais le gouvernement a décidé qu’il négocierait quand même, affirme le président du SERN, Christian Aubin. Il devait se dire que puisqu’on est en pandémie, on accepterait ce qu’il nous proposerait mais ce n’est pas ce que l’on a fait.»
Monsieur Aubin confirme que les demandes salariales des syndiqués déposées avant la pandémie ont été revues à la baisse suite à celle-ci. «On a baissé nos attentes. On demande 6% d’augmentation sur trois ans, le gouvernement nous en offre 5% avec la possibilité d’obtenir le 1% manquant assujetti à 22 conditions qui feraient en sorte qu’on ne l’obtiendrait jamais.»
L’autre demande des enseignants concerne leur tâche alors que le gouvernement voudrait augmenter le nombre d’heures qui seraient assignées par la direction des écoles au personnel enseignant.
«Il y a aussi le service à l’élève: on veut plus de psychoéducateurs et de TES. Les enseignants font aussi de la surveillance dans les cours d’école: serait-il possible que ce soit quelqu’un d’autre qui fasse ça pendant que l’enseignant fait du tutorat ou de la récupération?», explique monsieur Aubin.
Appui de la population?
Si on en croit les deux représentants syndicaux rencontrés sur les lignes de piquetage, le public semble appuyer les revendications des enseignants.
«La plupart des gens klaxonnent et on voit beaucoup de pouces en l’air. J’imagine donc qu’ils nous appuient, indique Grégory Pesant. J’ai l’impression que la population est de plus en plus consciente de la lourdeur de notre tâche. Les problèmes en éducation, ça date d’avant la pandémie.»
«La réaction des parents et de la communauté est positive, confirme pour sa part Hugh Cooke. On veut que le gouvernement écoute et on veut que les parents continuent à nous appuyer en disant aux élus que le système de l’éducation est important.»
De son côté, le président du SERN a indiqué avoir également perçu un appui du public. «Ça s’est bien passé. Des fois, on doute un peu de l’appui du public mais aujourd’hui, il y a eu beaucoup de klaxons des automobilistes, a mentionné monsieur Aubin, quelques minutes après la fin de la grève. Ça semble donc être bien accepté par le public.»
Ce dernier ajoute que le CSSRDN a bien réagi en permettant aux jeunes d’être à l’école après la grève. «On est obligé de dire que ça s’est bien passé. Le centre de services nous a écoutés. On apprécie qu’il ait fait cela.»
Il s’agissait de la première de cinq journées de grève qui pourraient avoir lieu si les négociations avec le gouvernement n’aboutissent pas. La prochaine grève devait avoir lieu le 27 avril prochain en milieu d’après-midi. Cependant, en fin de journée le 23 avril dernier, celle-ci a été suspendue suite à un déblocage dans les négociations.
«Le but de la grève était de ramener les gens aux tables de négociations pour régler ça le plus vite possible. Il n’y a personne qui aime faire la grève. Mais j’ai bon espoir que ça se règle rapidement», conclut monsieur Aubin.
MISE À JOUR LE 26 AVRIL À 16H30.