Le bois d’œuvre : une épine au pied des relations canado-américaines et, par ricochet, aux pieds de nos marchands, travailleurs et consommateurs locaux.
Le Canada et les États-Unis semblent impliqués dans un conflit perpétuel, sans en arriver à une solution bipartite qui réponde aux revendications de l’un ET de l’autre, peu importe qui est président ou premier ministre; l’effet boule-de-neige des surtaxes imposées par les Américains sur le bois d’œuvre canadien entraîne des répercussions importantes à tous les niveaux de cette pyramide, mais principalement, en ce qui nous concerne, au niveau de nos fournisseurs de matériaux locaux, qu’ils soient franchisés ou indépendants, de nos contracteurs en construction/rénovation et des consommateurs que nous sommes.
Le bois d’œuvre, c’est le bois transformé utilisé dans la construction de charpente de maison (madriers, poutres, colombages, contreplaqué …) ou à la rénovation résidentielle. Le bois d’œuvre canadien provient d’arbres résineux (conifères) à 98% et il est coupé dans les forêts publiques à 90%, alors qu’aux États-Unis, il provient en grande partie de terres privées, d’où la source du conflit : une apparence de subvention déguisée aux producteurs canadiens par le gouvernement fédéral. L’Ontario se classe loin derrière la Colombie-Britannique et le Québec en termes de production, il est même devancé par l’Alberta. La majorité du bois d’œuvre canadien est exporté, dont 75% aux États-Unis, la Chine et le Japon étant également d’importants clients.
La situation actuelle est devenue intenable : l’approvisionnement est insuffisant et imprévisible, les prix ont atteint des plafonds inégalés. Comment en est-on arrivé là? Posez la question à des spécialistes dans l’exploitation forestière et ils seront d’accord à en jeter le blâme sur les forestières puisque ce sont elles qui récoltent et transforment cette matière première en produits de consommation. Celles-ci argumentent cependant que la pandémie les a aussi frappées de plein fouet : réductions de personnel, réductions de production, délais et retards de transformation et de livraison, sans compter les énormes feux de forêts, facteurs qui ont amplifié la demande pour le produit, créant une surenchère et une augmentation des prix au consommateur : une hausse de près de 300% en douze mois! Et tout indique que cette tendance se maintiendra. Les détaillants doivent se concurrencer les uns les autres, d’abord pour obtenir une garantie de matériaux, ensuite au niveau des prix à débourser ; les prix garantis, c’est du passé : on est passé de prix garantis mensuels à hebdomadaires à ‘au-jour-le-jour’, ceci supposant qu’on réussisse à obtenir le stock convoité et à quel prix.
La construction résidentielle vit un boom immobilier incomparable : les mises en chantier de maisons unifamiliales ont augmenté de plus de 40% depuis le début de 2021 et cette tendance à la hausse semble également vouloir se maintenir : une maison qui coûtait 200,000$ avant la pandémie en coûtera maintenant 230,000$, soit une augmentation de 15%. Le consommateur doit faire un choix sérieux et éclairé : aller de l’avant avec ses projets, quitte à sur-payer maintenant les matériaux nécessaires, ou remettre ça à plus tard et …sur-payer son projet à cause de l’inflation. Pile ou face? Face ou pile?
Au cours des prochaines semaines, Le Régional tentera d’avoir le pouls de la situation auprès des fournisseurs, contracteurs et consommateurs de la région afin de vous guider et vous informer le mieux possible pour vos projets à venir ou en cours.