C’était le 1er septembre 1990, que Lino Gambuto et son école de karaté donnait ses premiers coups de pieds. 33 ans plus tard, l’école Kyokushin Hawkesbury est reconnue mondialement avec des adeptes avancés qui sont certifiés au Japon, mais ce n’est qu’un des hauts faits de cette école.
Avec les années, ce n’est rien de moins que 49 karatékas de la région qui y ont obtenu leur ceinture noire du style de karaté Kyokushin. L’école, ou « dojo » en japonais, menée par Lino Gambuto, s’anime deux fois semaine grâce aux 9 Shodans (ceinture noire 1ière dan), 4 Sandan Sensei (ceinture noire 3ième dan), 2 Yondan Sensei (ceinture noire 4ième dan), et aux 2 Shihans, Glen Collard et Lino Gambuto (ceinture noire 5ième dan). Une qualité de participation impressionnante et une passion qui est certainement contagieuse.
Les 24 et 25 novembre dernier, à Saint-Bruno-de-Montarville, quatre élèves de l’école de Hawkesbury tentaient de réussir le très exigeant examen de passage de l’emblématique ceinture noire. Maggie Poirier, Mélanie Lacelle, Éric Aubichon et Sébastien Fournier, ont accompli l’exploit des 5 étapes et sont revenus ceinturés de noir.
La première soirée de l’évaluation était le calme avant la tempête, avec le questionnaire à répondre par écrit et l’examen de kata, qui est une longue suite de mouvements spécifiques qui peut prendre jusqu’à 90 minutes à exécuter. Le lendemain c’était l’évaluation des techniques de base, les démonstrations de qualités physiques, les épreuves de cassage et les 15 combats. Une longue journée au bureau…
Les athlètes s’entraînent évidemment bien plus que deux fois semaine. Sébastien Fournier mentionne s’être entrainé sept jours sur sept pour les deux mois précédant ce passage de ceinture.
L’attribution de la ceinture noire n’est pas automatique. Aujourd’hui en 2023, tout comme au début du karaté sur l’île d’Okinawa, il faut vraiment mériter la ceinture noire. Certains échouent, et ce, même si tous les participants et tous les évaluateurs s’entraident pour la réussite.
Il faut réussir les 15 combats, il faut casser les planches, il faut faire la « split » et les push-ups qui semblent ne jamais s’arrêter, il faut mémoriser et exécuter le kata, et il faut passer l’examen écrit avec une note de plus de 70%.
Pour Éric Aubichon c’est clair : « Le karaté c’est vraiment pas juste la bataille. Toute la partie philosophie de l’art m’intéresse beaucoup. Par exemple, le passage de ceinture noire, j’ai vraiment vécu ça comme une initiation. C’est pas juste physique, tu passes à travers quelque chose et tu es transformé intérieurement. Je suis changé! »
Les quatre nouveaux Shodans mentionnent à plusieurs reprises la belle et grande famille que représente pour eux l’école de karaté de Hawkesbury. Mélanie Lacelle mentionne avoir débuté le karaté en 2003 pour les bienfaits de l’activité physique mais qu’au départ ce ne fut pas le coup de foudre : « Après cinq minutes de mon premier cours, je me suis dit que ce n’était pas pour moi. Puis j’ai continué, une étape à la fois, à certains moments de vie plus assidue que d’autres. Aujourd’hui je flotte avec ma ceinture noire! C’est tellement d’entraînement, d’efforts et de joies. Un vaccin pour aider la confiance en soi que je souhaite à tous, tout particulièrement à toutes les jeunes filles. »
Comme plusieurs autres, Maggie Poirier raconte que son parcours en karaté n’a pas été une ligne droite et que ça se passe souvent en famille : « J’avais fait un peu de karaté dans mon adolescence, puis j’ai repris avec la famille. Tout d’abord une activité avec mon conjoint et mes deux filles, puis une vraie passion depuis 2017. »
Attention, les ceintures noires sont partout, et ils proviennent de toutes les sphères de la société, de toutes professions ou métiers. C’est peut-être votre voisin, votre collègue de travail, la coiffeuse ou le serveur au restaurant? Sébastien Fournier confirme que vous n’avez rien à craindre et que de fait, c’est plutôt tout le contraire : « Avec le karaté on apprend le « self control », comment mieux gérer nos colères intérieures. Ça fait de nous des meilleurs individus en société. »
Si au départ le novice s’initie au karaté en pensant à apprendre à se battre, plus il avance et plus il comprend qu’il apprend à ne pas se battre. Ne pas se battre, contre rien ni personne, extérieurement et intérieurement.
Avant d’être associé de façon populaire à l’enseignement des arts martiaux, le dojo désignait un lieu de croissance, souvent une salle de temple pour la méditation. Aujourd’hui encore, les dojos comme celui de l’école Kyokushin Hawkesbury, sont des endroits où l’on étudie et où l’on cherche la voie.
Pour les quatre nouveaux Shodans; Maggie, Mélanie, Éric et Sébastien, tout recommence avec la ceinture noire…