La Ville de Lachute a présenté son rapport financier 2022 lors de la séance publique du conseil municipal le 5 juin dernier. Dans celui-ci, on apprend que la Ville a dégagé un surplus de 2,9 M$ pour l’exercice financier s’étant terminé au 31 décembre 2022, ce qui est largement en baisse du surplus de 5,5 M$ réalisé en 2021. Qui plus est, ce surplus aurait pu être encore moindre si Lachute n’avait pas été aussi attirante pour les nouveaux résidents. Explications.
En 2022, la Ville de Lachute avait prévu un budget équilibré de 28,3 M$. Or, les revenus furent légèrement plus élevés à 29 M$ tandis que les dépenses furent plus basses à 24,6 M$, pour un écart de 4,4 M$ entre les revenus et les dépenses. En prenant en compte le remboursement de la dette à long terme (2,92 M$) et d’autres éléments de conciliation, le surplus réel de 2022 se chiffre à 2,9 M$.
Or, ce surplus est beaucoup moins élevé que les 5,5 M$ supplémentaires qui avaient été engrangés en 2021. Cette baisse s’explique notamment par l’inflation: les charges à la Ville ont augmenté de 9,73% tandis que ses revenus n’ont augmenté que de 8,09%.
En ce qui a trait à savoir pourquoi Lachute a réalisé un surplus cette année encore malgré que la hausse des dépenses est plus élevée que celle des revenus, ce sont certains éléments impossibles à prévoir qui ont permis à la Ville de réaliser cet exploit. L’élément le plus important est une hausse plus importante que prévue des droits de mutation immobilière (la fameuse «taxe de bienvenue»): alors que Lachute ne prévoyait dans son budget qu’un million de dollars en revenus provenant de cette taxe, ce sont en fait 2,1 M$ qui ont été perçus, soit 1,1 M$ supplémentaire, ce qui représente 38% du surplus de cette année. C’est donc dire que le marché immobilier lachutois a été plus actif que prévu en 2022.
«La pression est encore très forte: ce sont presque 800 nouveaux résidents à Lachute en 2022, c’est énorme! En comparaison, Victoriaville n’en a eu que 500, lance le maire Bernard Bigras-Denis. Par contre, on est encore en pénurie de logements et on n’a plus beaucoup de demandes de permis de construction. La hausse des taux d’intérêts a eu un grand impact sur les entrepreneurs et la Ville doit travailler avec eux pour alléger la réglementation pour les aider à avancer.»
L’autre élément contribuant au surplus de 2022 est une baisse de 655 000$ en rémunérations et charges sociales au sein même de l’organisation municipale. Cette «économie» ne provient cependant pas de l’abolition de postes.
«Ça, ce n’est pas le ‘fun’ car ce sont en fait des cadres qui sont partis en congé de maladie ou ce sont des postes disponibles qui sont restés vacants, explique le maire. Ça crée beaucoup plus de travail à l’interne. Ça réduit nos charges mais ce n’est pas ce que l’on souhaite.»
Une kyrielle d’autres dépenses ont aussi été moins importantes que prévues, comme l’électricité et la location d’équipements, tandis que la Ville a réduit de son plein gré certaines dépenses. Au final, la marge de manœuvre financière de la Ville de Lachute (qui se calcule en divisant les excédents et les fonds réservés par le budget annuel) n’est que de 2,3%.
«C’est très bas pour une municipalité de notre genre, concède monsieur Bigras-Denis. D’habitude, on roule entre 5 et 7%, des fois 10%. Si on libère tous les facteurs non-récurrents, ça ne donne que 600 000$ qui soit budgétable. Le reste du surplus prévient de sommes non-récurrentes.»
Réinvestir dans la communauté
Même si ce surplus n’était pas réellement prévu, le maire Bernard Bigras-Denis prévient que ces 2,9 M$ seront bel et bien réinvestis dans la communauté.
«Attendez-vous à voir des investissements dans les parcs, dit-il. On veut aussi créer un fond d’urgence: c’est ridicule que Lachute n’en ait pas un. Cela va aider à palier à des dépenses imprévues, par exemple s’il y a plus de neige que prévu lors d’un hiver ou s’il y a des inondations.»
Le verdissement de la Ville pour contrer les îlots de chaleur et la bonification de projets municipaux existants sont aussi dans les plans.
«Il y a souvent des projets que l’on a retenus et dans lesquels on n’est pas allé aussi loin que voulu en raison du prix. Ça pourrait nous aider à livrer ces projets», conclut le maire de Lachute.