Le 28 mars dernier, l’émission d’affaires publiques L’Avenir nous appartient a tiré sa révérence après trois ans sur les ondes de Télé-Québec. Or, les animatrices Monic Néron et Émilie Perreault ont laissé les téléspectateurs sur une note plus que positive: le dernier segment de l’émission a été consacré à la remise du prix Initiative de l’avenir, tel que voté par les auditeurs, à la Lachutoise Marie-Josée Clermont et au programme Parents à l’école du Centre de formation générale aux adultes (CFGA) Le Parallèle.
Parents à l’école est un programme qui a été lancé en janvier 2018 au Parallèle de Lachute, puis en septembre de la même année au CFGA Le Pilier à St-Jérôme. Il permet aux parents d’enfants de moins de 18 ans de compléter leur diplôme d’études secondaires en calquant leur horaire sur celui de leur progéniture. Par exemple, un parent pourra arriver en classe après avoir déposé son enfant à son école et il pourra quitter à temps pour aller le chercher à la fin de la journée. Le parent pourra même avoir les mêmes journées pédagogiques que son enfant. La formation est gratuite et les inscriptions se font en tout temps.
Marie-Josée Clermont est l’enseignante responsable de ce programme au Parallèle. Elle admet qu’elle n’est pas nécessairement celle qui l’a lancé bien qu’elle y ait contribué en y apportant des améliorations.
«On m’a donné le bébé et j’en ai pris soin, raconte-t-elle. C’est parti d’une idée qui ne ressemble pas du tout à ce que l’on a aujourd’hui. Ma collègue Sonia Bradette a vu qu’un groupe de parents en Gaspésie prenaient des cours en mathématiques et en français et elle a pensé créer ici un programme où les parents auraient un horaire calqué sur celui des enfants. C’est par hasard que je me suis retrouvée à enseigner à ce groupe.»
De seulement quatre élèves lors de son lancement, le programme a rapidement gagné en popularité grâce au bouche-à-oreille. Près de 80 parents ont ainsi complété ou sont sur le point de compléter leurs études secondaires depuis cinq ans, uniquement au Parallèle.
Initiative de l’avenir
En mars 2021, l’émission L’Avenir nous appartient avait consacré un reportage à ce programme. Pour sa dernière saison, la production avait demandé aux téléspectateurs de voter pour le sujet de reportage coup de cœur de l’histoire de l’émission et c’est celui sur le programme Parents à l’école qui l’a remporté. Madame Clermont s’est donc faite surprendre en classe lorsque les deux animatrices sont venues lui donner le prix Initiative de l’avenir, qui s’accompagne d’une bourse de 2500$ pour le programme.
«Je ne m’y attendais tellement pas, avoue-t-elle. Ce qui me rend encore plus débordante de reconnaissance, c’est que le Québec ait décidé de voter pour nous. On vit dans ce programme à chaque jour, donc c’est sûr qu’on l’aime, mais de voir que ça touché le cœur d’autres personnes, c’est vraiment extraordinaire.»
Selon elle, la relation d’égalité qui s’est établie entre elle et les élèves aide grandement ceux-ci à mieux apprécier leur retour sur les bancs d’école. «Ma plus grande fierté, c’est eux. Quand ils sont fiers d’eux, je suis fière.»
Expérience gratifiante
Au moment du passage du Régional dans les locaux du Parallèle, trois des douze parents actuellement inscrits au programme Parents à l’école étaient présents et ont bien voulu parler de leur expérience.
«C’est vraiment gratifiant!, lance Élizabeth Magnan. Ça fait plusieurs fois que je tente de revenir à l’école mais chaque fois, c’était difficile en raison des enfants et des responsabilités qui viennent avec. Ailleurs, il n’y avait pas le même encadrement qu’ici. Là, j’ai vraiment tout pour me motiver à persévérer.»
Pour sa part, Stéphanie Marois-Bois a joint le programme après avoir perdu son emploi durant la pandémie. Lorsqu’elle est revenue sur les bancs d’école, son français et ses mathématiques étaient de niveau secondaire 1 tandis que son anglais était de niveau pré-secondaire.
«Ça fait deux ans que je suis ici: il y a eu un avant et il y aura un après, lance-t-elle. J’ai des difficultés d’apprentissage qui n’ont pas été reconnues à l’époque et je revenais de loin. Mais avec les encouragements, toutes les petites réussites ont fait que maintenant, j’achève! Je vais pouvoir m’envoler dans pas long!»
Au fil des ans, seulement quatre pères ont joint le programme Parents à l’école, dont deux suivent actuellement des cours. Éric Mojzak est l’un de ceux-là et il concède que les hommes semblent peut-être plus réticents à faire un retour en classe que les femmes.
«En parlant avec mes amis, je me rends compte de ça, dit celui qui tente un changement de carrière. Mais pour moi, il n’était pas question de rester à la maison. Le fait de ne pas avoir mon diplôme de secondaire m’a motivé car ça va m’ouvrir des portes pour après.»
Pour Marie-Josée Clermont, le fait que ces parents aient tenté un retour aux études ne peut qu’être positif. «J’espère sincèrement que leur passage dans le programme aura eu un effet positif pour le reste de leur vie, dit-elle. En fait, je l’espère pas, j’en suis persuadée! Peu importe ce qu’ils viennent chercher ici, ils vont repartir avec quelque chose.»
Pour plus d’information sur le programme Parents à l’école, visitez le cfgacsrdn.com.