Le projet artistique Un pas dans ta brume a présenté sa quatrième chanson le 16 février dernier. Intitulée Tu l’vois même pas, la nouvelle composition explore le sujet de l’itinérance, une problématique souvent liée à la santé mentale et qui n’est pas toujours visible.
Lancée il y a bientôt un an, Un pas dans ta brume est une initiative citoyenne qui vise à créer une douzaine de chansons traitant chacune de santé mentale sous différentes formes. Chacune des chansons est associée à une œuvre d’art d’un artiste de la région ainsi qu’à un organisme local qui œuvre auprès de personnes pouvant vivre des problématiques de santé mentale.
Comme pour les chansons précédentes, Émilie Lavigne, instigatrice du projet, signe une nouvelle fois les paroles de la chanson. Tu l’vois même pas, qui traite de l’itinérance, est chantée par Christian Tavernier, ancien enseignant de la polyvalente Lavigne, et a une nouvelle fois été enregistrée au studio Les Frères Grand de Morin-Heights. Guillaume Jabbour est également de retour en tant que réalisateur tout en accompagnant le chanteur avec sa guitare. Cette fois-ci, Pat Loiselle (harmonica) et Dominique Grand (percussions) sont les autres musiciens que l’on peut entendre sur cette chanson.
Quant à elle, l’œuvre d’art associée à Tu l’vois même pas a été créée par l’artiste lachutoise Sabrina Marineau. Autant cette dernière que monsieur Tavernier ont été charmés par ce projet et n’ont pas hésité à y participer.
«Ils m’ont sorti des boules à mites: avant d’enseigner, j’ai beaucoup roulé ma bosse en culture, que ce soit en tant que chansonnier, acteur dans des comédies musicales ou même conservateur du Musée régional d’Argenteuil, explique Christian Tavernier qui a pris sa retraite du monde de l’enseignement l’an dernier. Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de quoi en culture. Quand on m’a appelé, j’ai été très touché. Un pas dans ta brume nous emmène dans la sphère de la santé mentale et je trouvais que c’était un projet qui était noble qui valait la peine de s’y investir.»
«L’art, c’est toute ma vie. Le fait de participer à Un pas dans ta brume, ça m’enthousiasme, lance pour sa part Sabrina Marineau. Quand j’ai lu les paroles de la chanson, ça m’a rentré dedans même si l’itinérance n’est pas une situation que j’ai vécue. C’est du réel, il n’y a pas d’abstrait là-dedans. En lisant les paroles, ça vient nous démontrer que l’itinérance, ça peut arriver à tout le monde.»
L’itinérance invisible
Comme pour les autres chansons du projet, Tu l’vois même pas est associée à un organisme oeuvrant en santé mentale. Cette fois-ci, L’Écluse des Laurentides est l’organisation associée à la composition.
Créée en 1991, L’Écluse des Laurentides offre un service de travail de rue à travers toutes les Laurentides, à l’exception de Mirabel. Dans Argenteuil, Yan Bourdages est celui qui représente l’organisme depuis maintenant huit ans.
«Le travail de rue, c’est plus une relation d’êtres plutôt qu’une relation d’aide, illustre-t-il. Ce n’est pas un service d’urgence: c’est un service qui permet d’être en lien avec des gens sur du long terme, des gens marginalisés qui ne veulent pas aller vers le réseau de la santé ou les services. Je rencontre les gens quand ça va mal mais aussi quand ça va bien. L’itinérance n’est qu’une partie de mon travail.»
Selon lui, environ 75% des gens en situation d’itinérance ont un problème de santé mentale, souvent en lien avec la toxicomanie. Cependant, les problèmes d’itinérance dans Argenteuil sont beaucoup moins visibles que dans les grands centres.
«L’itinérance dans la région est moins visible que si l’on compare à Montréal. Ici, on a des gens qui prennent leur douche chaque matin, qui ont l’air de ce que nous tous ici avons l’air. Il y en a même qui travaillent mais qui dorment dans leur voiture, explique-t-il. À Lachute, l’itinérance est un peu plus cachée. Les gens font surtout du ‘couch surfing’: ils passent quelques jours chez un ami, puis une semaine chez quelqu’un d’autre. Ils y vont au jour le jour.»
Selon monsieur Bourdages, la difficulté à trouver des logements, avec l’inflation des dernières années, a augmenté le nombre de personnes en situation d’itinérance issues de la classe moyenne. À Lachute, bien qu’il rencontre des gens de tous les âges dans cette situation, la majorité de ceux-ci sont âgés entre 45 et 55 ans.
«Je trouve ça important d’avoir quelqu’un qui fait ce travail avec ces gens-là. Ça peut faire une différence dans leur vie.»
Un pas dans ta brume est à la recherche d’autres artistes pour créer les prochaines œuvres d’art ainsi que pour chanter les prochaines chansons. Pour obtenir plus d’informations visitez la page Facebook du projet, où les chansons sont aussi disponibles, ou écrivez au unpasdanstabrume@gmail.com.
Pour en savoir plus sur L’Écluse des Laurentides, visitez le www.ecluse.org.