Le projet artistique Un pas dans ta brume a présenté sa sixième chanson le 27 septembre dernier. Intitulée Uppercut, la nouvelle composition explore le sujet de la violence conjugale et met les projecteurs sur l’impact que celle-ci a sur la santé mentale des victimes.
Lancée il y a plus d’un an, Un pas dans ta brume est une initiative citoyenne qui vise à créer une douzaine de chansons traitant chacune de santé mentale sous différentes formes. Chacune des chansons est associée à une œuvre d’art d’un artiste de la région ainsi qu’à un organisme local qui œuvre auprès de personnes pouvant vivre des problématiques de santé mentale.
Comme pour les compositions précédentes, Émilie Lavigne, instigatrice du projet, signe une nouvelle fois les paroles de la chanson. Uppercut, qui traite de violence conjugale, est chantée par Chantal Ranger, agente de développement en prévention de la criminalité à la MRC d’Argenteuil et membre du comité d’Un pas dans ta brume.
La pièce a une nouvelle fois été enregistrée au studio Les Frères Grand de Morin-Heights. Guillaume Jabbour est également de retour en tant que réalisateur tout en accompagnant la chanteuse avec sa guitare. Cette fois-ci, Bill Gossage (contrebasse), Zeneli Codel (violon et choriste), Pierre Diotte (guitare électrique) et son fils Alex St-James (guitare à pédale, communément appelée ‘pedal steel’) sont les autres musiciens que l’on peut entendre sur cette chanson.
«C’est une chanson qui aborde la violence conjugale, l’intimidation et les relations toxiques mais aussi la résilience des victimes et leur courage, explique son auteure Émilie Lavigne. Ce fut une belle collaboration de la part de tout le monde, des musiciens au comité en passant par l’artiste.»
Pour l’interprète d’Uppercut, Chantal Ranger, cette chanson résonnait d’une manière toute particulière pour elle. «J’ai été adoptée dans une famille dysfonctionnelle où il y avait de la violence conjugale, raconte-t-elle. Quand on a commencé à pratiquer la chanson, ça ne marchait pas pour moi. J’ai réalisé que ça me prenait tellement d’effort que je n’étais pas capable de la chanter pour la rendre positive, pour montrer qu’il y avait une issue à [la violence conjugale]. On ne sait pas à quel moment cela peut venir nous brasser.»
Une autre raison qui a incité madame Ranger à chanter cette chanson est un drame qui a secoué tout le Québec: Yvon Lacasse, ce Lachutois qui a été assassiné par un homme en fuite qui venait de tuer son ex-conjointe, était un parent de la chanteuse. «Je m’étais dit qu’il fallait que [ces féminicides] cessent mais malheureusement, aux nouvelles, on voit que ça se répète, dit-elle. Il faut que l’on en parle pour les jeunes et moins jeunes.»
Mettre des mots en image
Comme pour les chansons précédentes, une œuvre d’art a été créée pour représenter les paroles d’Uppercut. Celle-ci a été réalisée par France Paquette, une artiste de Wentworth-Nord.
«J’ai lu les paroles et je me suis mise en contexte. J’ai ouvert mon esprit pour accueillir ces paroles pour pouvoir ensuite en dire quelque chose à travers l’œuvre, explique-t-elle. C’est un projet qui me rejoint beaucoup car la santé mentale touche tout le monde. En tant qu’artiste, on nous dit souvent que l’on a des bébittes alors moi, je me soigne avec des images! J’ai pu illustrer la chanson avec la vision d’Émilie.»
Madame Paquette a annoncé que son œuvre allait être remise au centre d’hébergement La Citad’Elle de Lachute, qui vient en aide aux femmes aux prises avec une problématique de violence conjugale. Il s’agit également de l’organisme qui a été mis de l’avant lors du lancement de la chanson et pour lequel Chantal Ranger est présidente de son conseil d’administration.
Sophie Laroche, coordonnatrice clinique à La Citad’Elle, a tenu à remercier Un pas dans ta brume de mettre de l’avant la problématique de la violence conjugale. «Ces paroles résonnent. La violence conjugale a une répercussion sur la santé mentale des femmes qui en sont victimes tout comme la santé mentale peut avoir une résonance dans une relation de violence conjugale, explique-t-elle. Les paroles démontrent toute la fragilité dans laquelle se retrouvent les femmes mais aussi toute la force et la résilience qui font en sorte qu’elles peuvent s’en sortir.»
Comme il s’agit de la 6e chanson d’Un pas dans ta brume, le projet en est donc rendu à mi-chemin. Émilie Lavigne indique que la MRC d’Argenteuil a annoncé qu’elle allait remettre une somme de 2000$ au projet, ce qui s’ajoute aux 3500$ déjà annoncés. Au total, Un pas dans ta brume a amassé 33 050$ sur son objectif de 40 000$, montant qui sert à réaliser les chansons du projet.
La chanson Uppercut, ainsi que les chansons précédentes, peut être écoutée sur la page Facebook d’Un pas dans ta brume. Le projet est aussi à la recherche d’artistes et de chanteurs pour ses prochaines chansons. Les personnes intéressées peuvent écrire au unpasdanstabrume@gmail.com.