Situation difficile à l’hôpital de Lachute ces dernières semaines: le service d’imagerie médicale, qui comprend la radiologie, a dû suspendre ses opérations à quelques reprises en raison d’un manque de technologues. Le syndicat de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) demande au Centre intégré de santé et services sociaux (CISSS) des Laurentides d’améliorer les conditions de travail des employés à Lachute pour empêcher ceux-ci de migrer vers d’autres centres hospitaliers.
C’est à travers une note de service que l’APTS a été mise au courant des bris de service en imagerie médicale à l’hôpital de Lachute. Les 30 décembre et 1er janvier, le service a été suspendu de 15h à minuit ainsi que de 16h à 8h dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Plus récemment, la situation s’est répétée alors que le service a été interrompu de 16h à minuit le soir du 9 janvier ainsi que de 16h à 8h dans la nuit du 14 au 15 janvier. Un autre bris de service est survenu le 15 janvier, cette fois-ci de 16h à minuit.
Ces interruptions auraient été causées par un manque de personnel confirme le CISSS des Laurentides. «Le recrutement de technologues en imagerie médicale est problématique et ce, pour l’ensemble des CISSS et CIUSSS du Québec, indique par courriel Maxime LeDuc, agent d’information au CISSS des Laurentides. Plusieurs activités de recrutement sont en cours afin de rectifier la situation le plus rapidement possible.»
«Le manque de personnel en radiologie est particulièrement criant à Lachute, ajoute pour sa part Marie-Ève Meilleur, représentante nationale pour la région des Laurentides de l’APTS. C’est un hôpital qui est un peu plus loin des grands centres et qui est moins attractif. Si on recrute des gens en radiologie à Lachute et qu’un poste s’ouvre par exemple à St-Jérôme, ceux-ci vont souvent aller le chercher pour s’éviter du voyagement.»
Manque de ressources et de financement
Selon madame Meilleur, un autre argument qui jouerait en défaveur de l’hôpital lachutois serait un manque de ressources et de financement.
«Il y a peu d’argent pour les rénovations dans cet hôpital: il y a une salle de rayons X qui devait être rénovée avant la pandémie et ça n’a pas encore eu lieu, affirme-t-elle. Ça fait en sorte que cette salle n’est pas attractive pour le personnel.»
Madame Meilleur affirme qu’une employée en radiologie de l’hôpital de St-Eustache aurait été prête à venir travailler à Lachute mais qu’en voyant cette fameuse salle, elle aurait tout simpement changé d’idée.
«On a besoin d’un investissement massif à l’hôpital de Lachute pour pouvoir attirer de la main-d’œuvre et rendre les appareillages fonctionnels et au goût du jour, dit-elle. Quand on prend des radiographies, qu’elles ne sont pas belles et que l’on doive les reprendre, on expose les patients à des rayons de façon répétitive ce qui n’est pas très bon.»
Elle ajoute que la proximité avec l’hôpital de Hawkesbury, où les conditions de travail seraient meilleures qu’au Québec, serait aussi un facteur.
De son côté, le CISSS confirme que des améliorations seront apportées mais rien concernant la rénovation des locaux. «Des travaux de remplacement d’équipements sont en cours de planification dans ce service, notamment pour le secteur de la mammographie qui obtiendra un appareil à la fine pointe de la technologie au cours de l’année 2023», explique Maxime LeDuc par courriel.
Conséquences
Comme ces bris de service sont survenus en soirée et dans la nuit, le CISSS indique qu’aucun rendez-vous en externe n’a été reporté. Cependant, pour les cas urgents, ces derniers auraient été redirigés vers d’autres hôpitaux des Laurentides.
«Tous les moyens à disposition ont été déployés afin de s’assurer qu’une personne nécessitant ce service puisse y avoir accès sur place ou être redirigée ou transportée rapidement vers un autre établissement de santé du CISSS des Laurentides, dit monsieur LeDuc. Le CISSS des Laurentides assure que les personnes dans une situation critique et instable seront prises en charge rapidement dans l’ensemble des urgences de la région.»
Mais pour l’APTS, les patients qui se présenteraient à l’urgence alors que le service d’imagerie médicale est fermé pourraient devoir attendre jusqu’au moment où celui-ci rouvrira, ce qui peut se traduire en plusieurs heures d’attente. «Les médecins doivent attendre après les radiographies. Si c’est un cas très urgent, on doit l’envoyer ailleurs, ce qui nécessite un transport supplémentaire, affirme madame Meilleur. On met plus en danger la personne qui doit se déplacer.»
Selon le syndicat, il s’agissait des premiers bris de service à l’hôpital de Lachute au cours de la dernière année et aucun autre n’est prévu dans un avenir proche. Mais madame Meilleur dit craindre que la situation ne se reproduise si rien n’est fait, qualifiant les secteurs de l’imagerie médicale et des laboratoires de Lachute comme étant fragiles.
Quant au CISSS, il invite la population à ne pas se rendre dans les urgences pour des problèmes non-urgents et de plutôt vérifier les options alternatives disponibles de consultation. Tous les services sont présentés dans la section «Consulter un professionnel» du site Internet santelaurentides.gouv.qc.ca.