On s’attendait à une soirée électorale expéditive le 3 octobre dernier et ce fut le cas: à 20h44, Radio-Canada annonçait qu’Agnès Grondin était réélue dans Argenteuil alors que les premiers résultats étaient dévoilés. Ayant pris une confortable avance dès le départ, la députée sortante n’a jamais été inquiétée.
La députée caquiste a remporté l’élection par près de 9500 voix (45,1% des votes) sur son plus proche adversaire, le candidat du Parti québécois François Girard (16,21% des voix). Au troisième rang, le candidat conservateur Karim Elayoubi est allé chercher pour son parti près de 4400 voix de plus qu’en 2018 (14,72% des votes). Marcel Lachaîne, de Québec solidaire, a pris le quatrième rang avec un pointage sensiblement identique à celui obtenu par son parti lors de la dernière élection (10,79% des voix). Il a tout juste devancé Philippe LeBel, du Parti libéral, qui n’a obtenu que quelque 3325 voix (10,18% des voix), le pire résultat du parti dans Argenteuil en près de 60 ans.
Le taux de participation se chiffrait à 64,17%, soit en baisse de 1% par rapport à 2018.
«C’est avec humilité que j’apprends que je serai la prochaine députée d’Argenteuil, a-t-elle lancé aux gens rassemblés au Pub Code Rouge de Lachute. C’est un privilège d’être à l’Assemblée nationale et de représenter Argenteuil. Je vais continuer à représenter tous les gens d’Argenteuil et d’être la voix pour défendre nos projets.»
La candidate a souligné comment cela avait été intéressant de pouvoir débattre de différents enjeux avec les sept autres candidats dans la course dans Argenteuil et a invité ceux-ci à venir la rencontrer pour discuter d’enjeux sur lesquels elle pourrait travailler lors de son prochain mandat.
«On a eu des débats d’idées très respectueux, a-t-elle dit. Ça prend du courage de se présenter en politique. Je tiens donc à saluer le courage des autres candidats et j’espère qu’ils vont continuer à s’impliquer en politique pour le bien commun.»
Elle admet avoir été émue par le résultat du scrutin. «Il fallait voir quelle serait la réaction des électeurs: ont-ils été contents malgré la pandémie? Ont-ils été contents du travail qui a été fait par la CAQ? Par moi?», a-t-elle expliqué. La réponse des électeurs a été sans équivoque.
Madame Grondin a réitéré que ses priorités durant le prochain mandat seraient celles qu’elle avait nommées durant la campagne (santé, environnement, couverture cellulaire…) mais qu’elle fera également une tournée des 17 municipalités de la circonscription pour connaître les priorités de chacune.
«L’objectif est d’être à l’écoute le plus possible partout sur le territoire», dit-elle.
Défaits mais heureux
L’ambiance était légèrement différente à quelques pas du rassemblement électoral d’Agnès Grondin. Le candidat du Parti conservateur, Karim Elayoubi, qui tenait sa soirée électorale au Resto-bar Le Caucus, était très encouragé par le résultat du scrutin même s’il a fini troisième.
«En regardant les sondages, on voyait bien que ça aurait relevé du miracle que le Parti conservateur soit élu dans Argenteuil, admet-il. Mais si on regarde les résultats de la dernière élection où le parti avait recueilli 1,5% des votes, on est aujourd’hui à près de 14,5%. C’est un bond qui ne s’est probablement jamais vu dans l’histoire du Québec. C’est une grande réussite.»
Monsieur Elayoubi a confirmé qu’il accepterait l’invitation d’Agnès Grondin de la rencontrer pour discuter des enjeux de la circonscription. «[Au Parti conservateur], on a d’excellentes idées, en l’occurrence en matière de santé, qui se comparent aux meilleurs pays sur la planète, a-t-il lancé. Mais je crois qu’il va falloir que l’on raffine la manière de communiquer nos informations afin de mieux faire passer notre message. Mais je considère que c’est une énorme victoire pour notre parti.»
Le candidat conservateur a appuyé les propos de madame Grondin en disant que la campagne dans Argenteuil s’est déroulée sans grande animosité entre les candidats et qu’il avait même grandement apprécié discuter avec son adversaire de Québec solidaire, Marcel Lachaîne. Il a également indiqué qu’il continuera à s’impliquer au sein de la commission politique du Parti conservateur au cours des prochaines années, sans pour autant s’avancer quant à une possible candidature en 2026.
Joint au téléphone, le candidat François Girard, du Parti québécois, était lui aussi serein face aux résultats où il a pris le deuxième rang. «Ce soir, je suis content, on est deuxième, a-t-il dit. Ça lance le message que nos propositions sont importantes.»
Le péquiste a indiqué être content pour Agnès Grondin d’avoir pu renouer avec la victoire. «Elle a à cœur Argenteuil. Je lui souhaite bonne chance», a-t-il lancé avant d’y aller avec cette déclaration: «Même si notre plateforme au Parti québécois est plus proche de celle de Québec solidaire que de la CAQ, j’aurais voté pour Agnès car elle aime Argenteuil!»
Mode de scrutin sous la loupe
Ce qui est ressorti de cette soirée électorale est surtout le mode de scrutin actuellement utilisé au Québec, le système uninominal à un tour. Si la CAQ a obtenu la majorité des sièges avec près de 41% des voix, la représentativité accordée aux autres partis politiques est actuellement questionnée. Le Parti libéral du Québec a fait élire plus de députés que Québec solidaire et le Parti québécois mis ensemble alors que ces derniers ont chacun obtenu plus de voix que la formation de Dominique Anglade. La réforme du mode de scrutin vers un système comportant une proportionnalité était sur toutes les lèvres quelques minutes à peine après que la victoire de François Legault ait été confirmée.
C’est le cas du candidat péquiste François Girard qui se disait dérangé par le fait que plusieurs électeurs ont voté pour un parti qui n’aura finalement que peu de représentants à l’Assemblée nationale même s’il a obtenu un meilleur pointage que d’autres formations.
«Ça serait bien que la représentation proportionnelle soit faite, a-t-il déclaré. Il y a des partis qui vont avoir moins de votes mais plus de sièges. Je me questionne: est-ce normal par exemple qu’un parti ait 500 000 votes mais aucun siège alors qu’un autre qui reçoit 400 000 votes ait 15 sièges? Il y a une réflexion à avoir.»
«Il y a un projet de loi qui avait été déposé mais il n’y avait pas eu d’unanimité au sein des différents partis, a indiqué de son côté Agnès Grondin. La réforme du mode de scrutin est un immense chantier. Il y a tout un travail de réflexion, d’éducation à faire. Mais ce n’est pas à moi de décider, ce n’est pas moi l’experte.»