En commençant par le 10 novembre, le maire de Hawkesbury, Paula Assaly, a entrepris de marcher tous les jours, de midi à 13h, pour dénoncer le climat toxique entourant les dirigeants de la ville depuis bien avant son propre mandat. Quelques jours plus tard, le journal s’est entretenu avec elle pour parler de cette initiative, mais aussi pour donner sa version des faits sur les accusations portées envers elle dans les derniers mois.
« La première chose que les gens doivent savoir c’est que même à titre de maire, mon vote a le même poids que celui des autres membres du conseil. On m’accuse d’être la seule et unique responsable des dépenses juridiques de la ville, mais la vérité c’est que toutes ces dépenses ont été acceptées par le conseil (une approbation nécessitant quatre votes ou plus)», a-t-elle mentionné d’entrée de jeu, en faisant référence au rapport des dépenses liées aux événements de juin 2020 surpassent les 500 000 dollars.
Dans les dernières semaines, notamment dans le contexte du dépôt du rapport M’Garry, le terme « climat toxique » a été fortement utilisé et associé à l’ancien conseil municipal entré en fonction en 2014. Cependant, comme le rappelle madame Assaly, le problème remonte à bien plus loin. Un rapport confidentiel, ordonné et publié en 2018, soit quelques mois avant l’arrivée du conseil actuel, dénonçait d’ailleurs le « climat toxique » au niveau organisationnel de la ville de Hawkesbury. Gardé confidentiel (encore à ce jour), ce document a même été cité dans le rapport Saywell, publié le 31 décembre 2020. C’est d’ailleurs seulement à ce moment-là que madame Assaly a pu le consulter.
« Je trouve que les recommandations (faites par une firme indépendante Alternative RH) peuvent encore très bien s’appliquer au climat actuel et j’ai donc voulu faire venir un consultant indépendant [tel que recommandé par le rapport] pour aider à réinstaurer un climat sain, mais par trois fois le conseil n’a pas voulu aller de l’avant », déplore-t-elle.
Réponses aux accusations
Pour en revenir brièvement au rapport Saywell, madame Assaly croit que l’ancien commissaire à l’intégrité n’a pas vraiment été intègre et n’a pas respecté l’équité procédurale lorsqu’est venu le temps de rédiger son rapport. Elle affirme même que son but premier était qu’elle quitte ses fonctions.
« La preuve, c’est qu’il m’a dit lui-même qu’il ne déposerait pas son rapport si je quittais par moi-même mes fonctions avant sa parution », raconte-t-elle, en soulignant que pour des raisons de transparence et pour répondre au code de déontologie municipal établi en 2018, ce dernier avait l’obligation de faire paraître le rapport, qu’elle soit encore ou non rendue là.
Au-delà de la situation de monsieur Saywell qui n’est aujourd’hui plus en poste, Paula Assaly dénonce un autre événement qui l’a mise en mauvaise posture, cette fois impliquant la directrice générale actuelle, Dominique Dussault.
« Sans même respecter les étapes établies par le code de déontologie municipal, le conseil s’est empressé de la nommer directrice générale de la ville. Pourtant, tout le monde savait très bien qu’elle avait une plainte contre, à ce moment-là, devant les tribunaux [ayant finalement mené au rapport Saywell] », déplore-t-elle, en laissant les citoyens conclure par eux-mêmes s’il s’agit ou non d’un conflit d’intérêts.
Un monde de différence
Afin de prouver l’étrangeté des accusations qui semblent la fusiller d’un peu partout à Hawkesbury, madame Assaly contraste le climat de sa ville avec celui des autres comtés dans lesquels elle s’implique.
« C’est curieux de constater qu’à Hawkesbury, mon comportement semble constamment remis en question. Pourtant, dans les Comtés unis, je travaille avec onze gestionnaires et je siège ou préside sept comités, à travers lesquels je n’ai jamais reçu aucune plainte ou même aucun commentaire me reprochant mes agissements », indique-t-elle pour contester la validité de ce qui lui est reproché.
Bref, c’est pour combattre le climat toxique qu’elle a décidé de marcher chaque jour. Cependant, bien que le conseiller municipal Lawrence Bogue l’ait accompagné lors de sa marche du 10 novembre, elle ne s’attend pas nécessairement à attirer les foules.
« Il y a un climat toxique et il y a aussi un climat de peur. Même si on sait que ce climat existe depuis bien au-delà de 2018, peu d’employés de la ville vont le dénoncer parce qu’ils ont peur pour leur emploi et c’est donc pour ça que je marche », dit-elle, en affirmant même qu’un représentant syndical régional de la ville avait prévenu des employés municipaux qu’ils risqueraient de perdre leur emploi en marchant avec elle.
Lawrence Bogue, qui a aussi accompagné madame Assaly lors de l’entretien, croit donc que tout le monde aurait besoin de se regarder avant de faire des accusations.
« Tout le monde est frustré de la situation et tout le monde semble frustré par les dépenses, même ceux qui les ont approuvées. Ce qui est dommage, c’est que certains semblent plus intéressés à jouer avec les ‘politiques’ pour chercher un coupable, plutôt que de corriger le problème et finalement stopper les dépenses qui y sont liées », conclut monsieur Bogue.
Les prochaines élections municipales ontariennes se tiendront en octobre 2022. Peu importe qui est le « coupable », il reste moins d’un an, au conseil actuel, pour réussir là où le conseil précédent a échoué, c’est-à-dire à finalement se débarrasser d’un « climat toxique » qui, selon les faits écrits, règne depuis maintenant près de sept ans.