Ceux qui ont récemment emprunté la rue Tupper de Hawkesbury l’auront déjà remarqué, mais la construction de l’Artist in Residence (AIR) Distillerie va bon train. Malgré quelques retards, l’homme derrière le projet croit même que la production pourrait débuter d’ici à septembre prochain.

« C’est au niveau de la structure que ça a été le plus long. Avec la pandémie, au début, plusieurs ingénieurs travaillaient à distance, ce qui causait des retards de communication, des retards de planification. Il y avait aussi des matériaux qui n’étaient pas disponibles […], mais au final, je crois qu’on a trouvé un bon rythme », affirme Pierre Mantha, fondateur d’AIR Distillerie.

La première phase des huit phases du projet de Hawkesbury devait initialement voir le jour en mai prochain, après que sa construction ait débuté en mai dernier.

Une étape à la fois

Cette première phase, c’est celle du bâtiment principal sur lequel on peut déjà voir l’enseigne, et donc, le néon géant de l’entreprise. C’est là que, « peut-être en août, mais au plus tard en septembre », le whisky devrait commencer à être produit.

« On me dit que le plancher devrait être coulé en avril et que l’équipement devrait arriver de Chicago en juin. Après cela, ce n’est pas un problème parce qu’on est familier avec toute l’installation à cause de notre autre ‘lab’ à Gatineau », raconte l’entrepreneur originaire de cette même ville.

Une fois cela accompli, les autres phases pourront se mettre en branle et le projet, évalué à plus de 40M$, pourra prendre de l’expansion ; que ce soit pour assurer une production plus grande, que d’aménager un restaurant.

« Va-t-il y avoir huit phases, on verra rendu-là, mais ce que je sais, c’est que je n’ai pas acheté un terrain de 15 acres pour en faire quatre », ajoute-t-il, en précisant que les plans de la deuxième phase seront entre les mains de la Ville de Hawkesbury dès le début de l’année prochaine.

Deux marchés différents

En prenant de l’expansion en partant du Québec et ainsi débarquer en Ontario, le fondateur d’AIR Distillerie bénéficie évidemment déjà d’une certaine expérience, mais continue son apprentissage à travers un nouveau marché.

« Au début, à Gatineau, je ne savais pas non plus ce que je faisais. En fait, je ne sais toujours pas exactement ce que je fais parce que chaque fois que j’agrandis, c’est comme si je redevenais une recrue », dit-il en riant.

Visant à produire 4 000 barils de whisky par année, à Hawkesbury uniquement, Pierre Mantha est aussi confronté à un nouveau distributeur, soit la Régie des alcools de l’Ontario (LCBO).

« C’est sûr que c’est différent, tu peux mettre moins de produits en vente qu’avec la SAQ, il peut y avoir un horaire de distribution, mais en même temps, c’est quasiment mieux fait comme ça, parce que ça empêche de se ramasser avec un paquet de surplus », explique celui dont l’entreprise offre plus d’une trentaine de produits sur les étagères de la Société québécoise.

« Une distillerie, pas une usine »

Justement, pour ce qui est du produit en soi, Pierre Mantha persiste et signe sur le fait qu’il soit avant tout abordable. Un concept d’autant plus important en Ontario, selon son expérience personnelle.

« Moi, je suis un ‘p’tit’ gars de Gatineau, mais ma mère est ontarienne, alors j’ai de la famille ontarienne. Au Québec, on dirait que par une journée chaude, les gens vont moins se soucier de prendre un gin qui coûte trois ou quatre piastres de plus, mais en Ontario, ils vont peut-être un peu plus regarder et c’est normal dans un sens », affirme-t-il, voulant notamment vendre ses bouteilles à moins de 40$.

Au chapitre de la production, là aussi, il compte bien se démarquer de ce qui se fait ailleurs.

« Quand tu regardes ça, juste en Ontario, il n’y a pas vraiment de distillerie comme ce qu’on va avoir à Hawkesbury. Ce sont des corporations qui gèrent le marché, et cela ne veut pas dire que ce qu’ils font n’est pas bon, mais nous, ce qu’on va avoir, c’est une distillerie, pas une usine », lance-t-il avec passion.

Du point de vue de la passion, en écoutant parler l’entrepreneur derrière AIR Distillerie, on constate qu’il n’en manque pas. C’est pourquoi il compte la partager avec toute la ville très bientôt.

« Je l’ai déjà dit, et je vais le redire souvent, mais c’est tout un projet qu’on a là. Je veux que Hawkesbury en soit fière et je crois que dans cinq ans, tout l’Ontario l’être! », achève-t-il, disant que c’est notamment pour démontrer cette fierté qu’il tenait à ce que l’enseigne de sa distillerie de Hawkesbury soit lumineuse jour et nuit.