Les actualités en Ukraine sont dramatiques. Le monde est témoin d’événements qui semblent sortir d’une autre époque. La fin de la guerre froide et la mondialisation étaient perçues comme le début d’une nouvelle ère de coopération internationale. Malheureusement, cet optimisme était de courte durée avec une multitude de guerres fratricides à la fin du vingtième et le début du vingt et unième siècle. Cependant, l’invasion de l’Ukraine par la Russie est sur un tout autre niveau. Il n’est pas exagéré de voir l’impact de cette guerre comme la plus importante de tous les conflits depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. La Russie menace l’utilisation d’armes de destructions massives. Si l’Occident évite de provoquer la Russie directement, il continue de démontrer une solidarité impressionnante avec l’Ukraine dont la résistance du peuple à l’envahisseur est héroïque.
Cette guerre touche même l’Est de l’Ontario, Luc Chénier, franco-ontarien, originaire d’Alexandria et éditeur du journal Kyiv Post a dû quitter l’Ukraine avec sa famille. Le parcours de Luc pour revenir au Canada avec sa famille démontre que, malheureusement, le gouvernement du Canada fait peu jusqu’à maintenant pour aider les réfugiés victimes de cette guerre. Luc, son épouse ukrainienne et son enfant sont finalement arrivés au pays après 17 jours de déplacement. De retour au Canada, ils sont en sécurité à Hawkesbury. Selon lui, c’est grâce à ses contacts et aux nombreuses entrevues qu’il a accordées aux médias canadiens depuis le début du mois de mars qu’il a finalement pu obtenir un visa canadien pour sa femme ukrainienne Iryna. Il se considère chanceux, mais très inquiet pour les gens qui n’ont aucun contact et aucune ressource. « Si c’était dur pour moi, c’est encore plus compliqué pour les autres » explique-t-il. Luc assure que le Kyiv Post continuera d’être publié malgré son départ de l’Ukraine.
Cette guerre change la géopolitique du monde post-guerre froide. Les effets sont cruciaux et multiples. Le prix du gaz et du pétrole est dans les nouvelles, mais la Russie et l’Ukraine sont respectivement le premier et le cinquième exportateur de blé dans le monde. Les pays importateurs verront la rareté de ces denrées et des hausses dramatiques des prix. Les pays dépendant de l’aide alimentaire, déjà fragilisés par la COVID-19, pourraient voir des pénuries et des crises.
Les pays européens, surtout limitrophes de la Russie, se sentent menacés et révisent à la hausse leurs budgets de la défense. Cette guerre a uni les pays de l’OTAN, dont le Canada est membre. Après beaucoup de tergiversation, les pays atteindront et même dépasseront l’objectif de consacrer 2% du PIB pour la défense. Le Canada qui consacre seulement 1.4% de son PIB n’a pris aucun engagement en matière de défense nationale. Des chefs d’État de l’OTAN ont demandé au Canada de faire leur part, lors du déplacement récent du premier ministre Justin Trudeau en Pologne.
Les experts sur les questions de la défense soulignent le manque de sérieux de la politique de sécurité du Canada ainsi qu’un manque de solidarité décevant avec les autres démocraties. Outre leur piètre contribution à la défense nationale, le Canada présente une grande vulnérabilité dans la défense de son territoire arctique compte tenu de la proximité avec la Russie. Sommes-nous en mesure de défendre notre territoire?