Pour la première fois en plus de 15 ans, c’est un nouveau visage qui représentera le Parti conservateur du Canada (PCC) dans le comté de Glengarry-Prescott-Russell. Après un règne de près de neuf ans, les deux victoires relativement aisées du député libéral Francis Drouin ont poussé les conservateurs à prendre une direction différente. C’est ainsi que Susan McArthur a débarqué dans le comté avec bagage d’expérience rempli, un plan en main et des souliers bleus aux pieds.
Impliquée dans le parti depuis des années, celle qui fut coprésidente de la campagne de l’Ontario lors de la première élection générale de ce dernier a un élément bien précis en tête lorsqu’on lui demande pourquoi elle a choisi de faire le saut maintenant.
« Je suis quelqu’un qui est passionée par le Canada, j’adore les services publics et donc la politique a toujours été quelque chose qui me tentait au fond de moi. Il faut dire que la COVID-19 a vraiment été pour moi un appel à l’action car quand on voit comment on est géré en temps de crise, on voit l’importance du gouvernement. Alors si on n’est pas content des décisions prises et qu’on trouve que c’est mal géré, il faut s’impliquer et c’est pour ça que je me suis présentée », indique celle qui est originaire d’Hudson.
Pourquoi Glengarry-Prescott-Russell?
Comme on a pu l’entendre récemment, certains étaient mécontents du départ de Pierre Lemieux, bien connu dans la région depuis des années mais pourtant « tassé » par une candidate qui ne vient pas « d’ici ». À l’inverse, Susan McArthur, elle, connaissait très bien la région et cette dernière répondait en plus à tous les critères qu’elle recherchait en réfléchissant où elle ferait campagne.
« J’ai passé mon enfance à Hudson donc je me sens très à l’aise ici (Glengarry-Prescott-Russell) parce que c’est très similaire. Dans les deux cas, il y a beaucoup de petits villages, de fermes, de PME. J’ai travaillé un peu partout en Ontario aussi donc je voulais évidemment me présenter dans un comté ontarien. Plus encore, je voulais me présenter dans un comté billingue car c’est non seulement un atout majeur de parler les deux langues mais il s’agit aussi des deux langues officielles de notre pays et donc de notre héritage, ce qui est très important pour moi », raconte la candidate conservatrice en laissant la porte ouverte quant à un déménagement possible après les élections.
Le Plan de rétablissement du Canada
Alors que le pays et la planète se trouvent encore dans une situation précaire, quelque chose qui revient régulièrement est que le déclenchement des élections a surpris plusieurs gens. Susan McArthur n’y fait pas exception.
« Avec tout ce qui se passe actuellement, avec la COVID-19, avec la situation en Afghanistan, je n’aurais jamais cru que Trudeau appellerait l’élection maintenant. En plus avec l’été qui tire à sa fin et les gens qui sont concentrés sur le retour à l’école de leurs enfants, je trouve très irresponsable et même égoïste qu’il décide de faire cela maintenant », raconte Susan McArthur pour qui tout a déboulé très vite suite à l’annonce.
Une chose est sûre, même pris par surprise, tout le monde devait être prêt et c’est ainsi que les conservateurs ont répondu à l’appel en présentant le Plan de rétablissement conservateur le 16 août dernier. Un plan très complet contenant plus de 160 pages qu’a grandement étudié Susan McArthur car bien qu’il s’adresse à tout le pays, cette dernière note que plusieurs enjeux comme l’emploi, le transport, le logement et même l’environnement touchent directement sa circonscription d’adoption.
« La pénurie de main-d’œuvre par exemple, on a un programme qui aiderait directement les PME au lieu de donner l’argent directement aux gens (qui pourraient ensuite être encore moins enclins à travailler). On en a aussi un autre qui viendrait donner des crédits d’impôts proportionnels aux investissements faits par les entrepreneurs dans leurs entreprises » indique celle qui assurait justement la présidence d’un comité sur l’avenir du travail avant de tomber en campagne électorale à temps plein.
Évidemment, bien que l’économie représente un point important parmi les enjeux de la région, l’aspect ‘qualité de vie’ l’est tout autant, élément que ne néglige pas la diplômée de l’Université Western.
« La région de Glengarry-Prescott-Russell est vraiment intéressante, située entre les grandes villes (Ottawa et Gatineau notamment), elle offre aussi aux familles un mode de vie ‘relaxe’ et en pleine nature. Bref, c’est un endroit idéal pour vivre et c’est pour rendre ce style de vie possible (surtout dans l’ère du télétravail amenée par la COVID-19) qu’amener l’internet haute vitesse est une priorité pour nous », mentionne-t-elle en ajoutant que d’amener davantage de logements abordables ainsi que du transport en commun pour justement transporter la population dans les grandes villes avoisinantes sont aussi des priorités associées au développement et à la qualité de vie de la région.
Future ministre?
Susan McArthur ne veut pas brûler les étapes, elle est bien consciente que la priorité, politiquement parlant est de d’abord remporter l’élection et de défendre les habitants de Glengarry-Prescott-Russell plus fort qu’ils ne l’ont été dans les dernières années.
Cependant, il suffit de regarder son ‘cv’ pour constater son immense expérience dans des sphères multiples. En plus de sa participation active dans le Parti conservateur depuis sa création en 2003, elle possède plus de 35 ans d’expérience dans le domaine de la finance, ayant notamment déjà passé par des instituts publics tels l’Agence du revenu du Canada en temps que présidente du conseil d’administration. Bref, il est justifiable de se demander s’il elle ne serait pas déjà prête à occuper un plus grand rôle dans une future administration menée par Erin O’Toole.
À cette question, la femme d’affaires reste prudente mais ouverte à utiliser son expertise pour aider les gens.
« Il faut d’abord gagner le comté, ensuite si j’ai le privilège de représenter les gens de Glengarry-Prescott-Russell, là on va voir ce que ça donne mais il faut dire que j’ai beaucoup d’expérience dans les finances, dans l’assurance, dans la technologie et dans l’investissement. Cela fait 35 ans, j’ai travaillé un peu partout dans le monde, oui j’ai beaucoup d’expérience et j’aimerais bien l’utiliser pour les gens du comté », a-t-elle mentionné en concluant.
Une chose est sûre la lutte s’annonce intéressante pour la femme d’affaires déterminée aux valeurs conservatrices. Bien qu’elle se sente déjà comme chez elle dans son comté d’adoption, elle aura jusqu’au 20 septembre prochain pour arpenter Glengarry-Prescott-Russell avec ses souliers bleus pour convaincre les citoyens qu’elle est l’une des leurs.