Le titre de cette chanson /disque d’or exprime magnifiquement les sentiments d’attachement que ses fans lui vouaient. Le décès de Michel Louvain le 14 avril dernier a frappé de plein fouet toute la communauté musicale francophone : dès la déclaration de son cancer quelques semaines auparavant, nous étions tous convaincus, les doigts croisés, qu’il allait s’en sortir : toute cette technologie médicale moderne ne fait-elle pas des miracles? Elle en fera pour sauver notre Michel se disait-on entre nous. Parce que Michel avait promis que dès la fin de la pandémie, il ferait un retour sur scène et viendrait probablement nous voir dans notre coin de pays : sa tournée d’adieu quoi! Et pourquoi pas? Celle de Charles Aznavour a bien duré une quinzaine d’années…
Le petit Poulin (parce que c’était son nom de famille réel) de Thetford Mines en aura fait du chemin au cours de ses 83 ans. Suite à un concours d’amateurs tenu au cabaret El Mocambo de Montréal qu’il a remporté, il est invité à chanter devant 20,000 personnes au Colisée de Québec et il y présente Buenas noces mi amor qui devient un succès spontané et consacre déjà Michel dans un statut de vedette. Suivent au cours des années d’autres gros hits comme la fameuse Dame en bleu et Un certain sourire. Animateur de télévision, chanteur de l’année, élu Monsieur Radio-Télévision et artiste Métro-Star par vote populaire, honoré au gala de l’Adisq, reçu de l’Ordre du Canada : les honneurs pleuvent! Mais Michel est un homme de scène, un homme public : reprendre la tournée et revoir ses fans/ses amis le démange : c’est sa raison d’être et son bonheur.
La chanteuse Patsy Gallant décrit ainsi ‘sa classe et ses valeurs impeccables’ : ‘Regardez toutes les images d’archives ou récentes que les réseaux diffusent depuis sa mort : ses cheveux sont toujours impeccablement placés, ses mains manucurées, sa cravate bien placée, le pli du pantalon bien pressé, portant boutons de manchette avec élégance, une voix suave, une prestance, une dignité…’ Il s’est fait traiter de ‘quétaine’ plus souvent qu’à son tour parce qu’il était une des têtes d’affiche de la culture ‘populaire’; mais il était beaucoup plus que ça, il était fidèle à lui-même, un petit gars d’origine modeste bien élevé, et surtout fidèle à ses fans qu’il traitait d’égal à égal, comme des membres de sa propre famille.
Suite à un ‘appel à tous/toutes’ lancé par le biais du groupe FB Histoire Hawkesbury, j’ai appris que Michel avait été très fidèle à son public local au cours des 50 dernières années : l’affiche qui accompagne ce texte annonce probablement sa dernière visite dans la région : le 23 novembre 2013 au Centre communautaire de Grenville (merci Valérie Desrosiers pour l’affiche). Il s’était auparavant produit à plusieurs reprises à Hawkesbury, comme, croyez-le ou non, hockeyeur (!) au vieux Centre Mémorial, une promotion des artistes de stations de radio de Montréal qui affrontaient une équipe de vétérans locaux en octobre 1966; puis en 1969 à l’occasion de la Foire commerciale, c’est un groupe de Hawkesbury, les Teenagers, qui avaient assuré la première partie de son spectacle (merci Raymond Durocher pour le scoop); par la suite, le 1er juin 1988 au complexe sportif Robert Hartley, il a pu rencontrer Janie Renée, artiste de la région, qui assura la première partie de son spectacle et qu’il invita à son émission ‘De bonne humeur’; en 2006 à l’école Le Sommet, son spectacle était à l’invitation du club CB de Hawkesbury. Bref, notre région faisait partie de sa ‘famille’ et de son circuit.
Cher Michel : Le groupe de chanteurs rétro dont je fais partie, les Crooneux, s’assurent de toujours avoir une ou deux de tes chansons à notre répertoire et c’est l’évidence qu’elles sont parmi les plus appréciées. En clôture, puisque tu ne pourras plus être physiquement parmi nous dans ce coin-ci du pays, nous allons te faire la promesse que le jour même où la fin de cette pandémie sera officiellement annoncée, nous allons entonner en pensant à toi : ‘A cause d’un regard, maintenant plus rien ne nous sépare, je suis amoureux de la dame en bleu’, en prétendant que nous sommes ton petit groupe de voix d’harmonie. Merci pour le privilège!