Suite aux recommandations de ses avocats, Action-Champlain ira en appel de la décision du Tribunal d’appel de l’aménagement local (TAAL) qui avait décidé que le projet de l’entreprise Colacem de construire une cimenterie à L’Orignal était valide.
« Nos avocats ont identifié des erreurs sur des questions de droit à l’appui de notre demande d’appel devant la Cour divisionnaire de l’Ontario afin que la décision du Tribunal soit soumise à une révision judiciaire », de mentionner Michael Santella, représentant d’Action-Champlain.
Par contre, il n’y a aucune garantie que la Cour accepte la demande d’appel. Pour tous les supporteurs qui s’opposent fermement au projet de la cimenterie à L’Orignal, ceci semble une injustice. La requête devait être déposée devant la Cour divisionnaire avant le 27 avril dernier.
Action-Champlain dit continuer son combat et demande aux gens qui le désirent de continuer à y contribuer financièrement. Rappelons que le regroupement citoyen a pour objectif d’amasser 110 000$ afin d’avoir en main un dépôt en garanti qui servira à défrayer les coûts des avocats qui les représentent ainsi que les frais de la Cour d’appel et les frais de Colacem, advenant le cas où la cause soit une nouvelle fois rejetée. Environ 60 000$ ont été récoltés jusqu’à présent.
Le maire se prononce
D’entrée de jeu, le maire du canton de Champlain, Normand Riopel, se dit très déçu de la décision rendue par le TAAL le 12 avril dernier, concernant la question de changer le zonage agricole actuel en celui de zonage industriel lourd. Cette décision permet en partie à Colacem d’aller de l’avant avec ses plans d’expansion.
« Je suis contre le projet en tant qu’individu et en tant que maire aussi », dit-il d’un ton assuré. Mais, comme élu et représentant de tous les citoyens du Canton de Champlain, il en reviendra au conseil de prendre des décisions futures suite au jugement du TAAL.
Concernant la demande faite par Action-Champlain qui voudrait que la municipalité contribue financièrement à cette contestation du jugement, le maire affirme avoir eu une conversation avec l’organisation mais qu’il était trop tôt pour y acquiescer. Le montant demandé serait d’environ 50 000$. «Notre avocate exige des informations additionnelles de la part [d’Action-Champlain], afin qu’elle puisse faire des recommandations bien fondées au conseil municipal, indique monsieur Riopel. C’est au conseil de décider si nous supportons financièrement Action-Champlain et non à moi personnellement ».
Au moment d’écrire ces lignes, le maire a indiqué qu’il n’y avait pas eu de communication avec les représentants de Colacem et qu’il était prématuré d’entrevoir une rencontre dans un avenir rapproché. Il est conscient que la municipalité devra accepter les décisions rendues par les tribunaux et qu’éventuellement les deux parties devront s’asseoir ensemble.
Au sujet des retombées fiscales anticipées, il rappelle que les 125 emplois mentionnés par Colacem ne sont que des emplois reliés à la construction de la cimenterie et que seulement quelques emplois permanents subsisteront une fois celle-ci en opération. Il rappelle l’aventure de la cimenterie de Port-Daniel en Gaspésie, où le maire de l’endroit dit apprécier les retombées fiscales dont jouit sa communauté alors que ses citoyens se plaignent beaucoup de la poussière générée. L’aspect monétaire n’est pas dédaignable mais comme premier magistrat du Canton de Champlain, il rajoute avec fermeté que la santé de sa communauté est beaucoup plus importante que quelques retombées économiques.
Une conseillère indignée
Tout comme le maire Riopel, la conseillère Violaine Tittley, représentante du District Longueuil du Canton de Champlain, se dit très déçue du verdict rendu par le TAAL. Elle respecte en tant qu’élue municipale la divergence d’opinion. «Par contre, je peux vous assurer que durant toute ma campagne électorale, j’ai rencontré tous les résidents de Bay Road, et seulement un d’eux s’est prononcé en faveur de la cimenterie, affirme-t-elle. Le message était clair : NON à la cimenterie.»
Son opposition au projet est fondée sur trois points: la proximité de la construction qui sera tout près de résidences de L’Orignal, à moins d’un kilomètre environ, l’effet des gaz et des poussières qui retomberont à partir d’une cheminée de plus de 125 mètres (400 pieds) et qui risquent d’affecter les terres agricoles environnantes, et surtout leur impact sur la santé des citoyens.
Au niveau politique, madame Tittley est indignée que les maires des CUPR, majoritairement ceux des municipalités à l’ouest du Canton de Champlain, puissent jouir d’un pouvoir décisionnel sur les intérêts de ses propres électeurs. Rappelons que le conseil des CUPR avait approuvé à la majorité en 2017 des modifications à son Plan directeur pour permettre l’implantation de la cimenterie alors que les trois municipalités les plus à l’est des Comtés unis (Champlain, Hawkesbury et Hawkesbury-Est), qui pourraient subir le plus les répercussions engendrées par la cimenterie (pollution, trafic lourd, état des routes), s’étaient prononcées contre.
« C’est un projet qui n’a pas de sens pour nous, gens de L’Orignal et des environs, lance madame Tittley qui dit supporter l’expansion industrielle mais pas à n’importe quel prix. Le Canada prône une relance économique dite verte en investissant des millions pour réduire l’émission des gaz à effet de serre et je veux faire partie de cette relance économique verte, de cette création d’emplois basée sur des technologies qui sont propres et qui n’affecteront point la santé des gens du Canton de Champlain. »