Francis Drouin entame sa huitième année au poste de député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell (GPR). Puisqu’en politique les années se suivent, mais se ressemblent rarement, le Régional s’est entretenu avec le député libéral pour faire le bilan de sa première année de troisième mandat, le 14 octobre dernier.
« Jusqu’à l’année dernière, on était encore davantage confiné, alors je pense qu’en général, ça a juste fait du bien de pouvoir enfin revoir les gens et la communauté en ‘présentiel’ », a lancé d’entrée de jeu Francis Drouin, laissant parler en lui le citoyen avant le député.
Amener des travailleurs
Avec l’effacement de la pandémie est venue une relance économique. Cette dernière vient toutefois avec un inconvénient, soit l’accentuation de la pénurie de main-d’œuvre. Une réalité à laquelle n’échappe pas GPR.
« Ce que je peux faire de mon côté et qui devient de plus en plus nécessaire c’est d’amener des travailleurs par l’immigration », affirme le député en indiquant travailler avec plusieurs entreprises afin de les aider dans cette relance, notamment en matière d’accès aux subventions.
Pour ce qui est ensuite de leur trouver des employés, il croit que dans certains cas, la solution pourrait être plus près qu’elle ne le semble.
« Ce n’est pas uniquement d’amener des travailleurs internationaux, c’est aussi d’amener des travailleurs du pays dans notre région », précise celui qui collabore régulièrement avec des organismes tels que le Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell (CSEPR).
Aider les gens, sans leur nuire
Un autre enjeu économique majeur est celui de l’inflation. Pour aider les citoyens qui en auront le plus besoin, Francis Drouin évoque que le gouvernement offrira une bonification de 500$ des chèques HST (Harmonized Sales Tax), encore communément appelée TPS.
Toutefois, étant donné la complexité du problème, il ne cache pas que même le gouvernement a « les mains liées ».
« On ne peut pas non plus trop injecter d’argent dans l’économie, parce qu’après, cela va juste créer encore plus d’inflation et ça n’aidera pas davantage les gens […] », déplore-t-il.
Une nouvelle fonction
En plus de son travail « de terrain » dans la région, Francis Drouin est aussi resté actif d’un point de vue parlementaire. Occupant depuis deux ans le poste de président de la Section canadienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), il a accepté celui de la présidence de l’APF elle-même en juillet dernier.
Alors âgé de 38 ans, il est ainsi devenu le plus jeune président de l’Assemblée, fondée en 1967 par l’Organisation internationale de la francophonie, et comprenant aujourd’hui 88 nations.
« Mon travail, c’est de me rapprocher de nos jeunes francophones de partout dans le monde […], de leur faire comprendre notre système parlementaire pour qu’ils en aient plus confiance », résume celui qui veut aussi trouver des solutions pour « protéger la langue française » dans un monde de plus en plus virtuel.
Travailler en équipe, plus que jamais
Bien que certains enjeux de cette nouvelle fonction ne sont pas étrangers au fier Franco-Ontarien qu’est Francis Drouin, il ne cache pas que ce titre vient avec un agenda plus chargé.
Au moment de l’entretien, il était d’ailleurs en déplacement, revenant d’une conférence à Kitchener, cette fois dans le cadre de sa fonction de secrétaire parlementaire de la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire. Ne disant pas mettre son travail et ses implications à GPR de côté pour autant, le député souligne être bien entouré pour pouvoir gérer toute cette charge de travail.
« Ce n’est jamais uniquement Francis Drouin qui fait le travail, c’est plutôt des partenaires et Francis Drouin », lance humblement celui qui a eu 39 ans une semaine avant l’entretien, en ajoutant que toutes ses responsabilités viennent simplement avec « un peu plus de cheveux gris ».
Un mot sur les élections provinciales
Bien que Francis Drouin soit député fédéral de GPR depuis plus de sept ans, cela ne veut pas dire que le portrait politique de la région n’a pas récemment changé.
Aux élections provinciales ontariennes du printemps 2021, la population a élu Stéphane Sarrazin, du Parti progressiste-conservateur, plutôt que la députée sortante Amanda Simard, qui représentait la bannière provinciale du Parti libéral.
« Même si les conservateurs ne représentent pas mes valeurs personnelles, j’ai beaucoup plus en commun avec monsieur Sarrazin que l’inverse », souligne-t-il, disant travailler en étroite collaboration avec Stéphane Sarrazin.
De ce fait, Francis Drouin se veut doublement clair sur le fait qu’il ne laissera jamais une bannière politique se mettre sur le chemin du travail à accomplir.
« Pour moi, une campagne électorale c’est comme des playoff, une fois que c’est terminé, on se serre la main et on va de l’avant », ajoute-t-il, disant tenir cette mentalité de son père, Yves Drouin, un ancien maire de Hawkesbury.
« Allez voter »
Dès octobre, les Ontariens seront de nouveau appelés aux urnes, pour une troisième fois en 13 mois. Cette fois, ce sera pour des élections municipales.
Aux derniers scrutins fédéraux (2021), le taux de participation était de 63%, du côté du provincial (2022), c’était 44%. En dernière position, lors des dernières élections municipales (2018), le vote n’était que ressorti à 38%. Le mot d’ordre est donc simple pour le député.
« Pourtant [la branche municipale] c’est celle qui a l’impact le plus direct sur leur vie du quotidien, on n’a qu’à penser aux infrastructures, aux routes, aux taxes […], alors pour moi, c’est juste de dire aux gens d’aller voter le 24 octobre », implore-t-il.
Vers une nouvelle carte fédérale?
Au Canada, la Constitution veut que la carte des circonscriptions soit révisée à chaque décennie. En août dernier, la commission qui en est en charge a déposé une proposition ayant un impact direct sur la région. Bien que le tout n’ait pas encore été accepté, sous cette proposition, Glengarry-Prescott-Russell deviendrait simplement Prescott-Russell, alors que Stormont-Dundas-South-Glengarry deviendrait Stormont-Dundas-Glengarry.
Affirmant qu’uniquement « Prescott-Russell » ne serait pas vraiment représentatif du territoire, le député aimerait bien faire ajouter le nom de Cumberland, parce que simplement Prescott-Russell serait selon lui moins représentatif à la proposition, mais dans tous les cas, il n’a pas l’intention de s’arrêter aux frontières d’une carte pour faire son travail.
« C’est sûr que je veux toujours aider les gens de la région, mais si quelqu’un m’approche avec un projet qui est juste à l’extérieur du comté, c’est sûr que je ne vais pas lui dire non pour ça », conclut Francis Drouin, entamant sa huitième année en tant que député fédéral de ce qui est toujours pour l’instant Glengarry-Prescott-Russell.