Le mois de mai est souvent synonyme de légèreté, avec la fonte des neiges et l’arrivée imminente des vacances d’été. Toutefois, c’est aussi la chance d’éduquer sur un sujet beaucoup plus délicat puisqu’il s’agit aussi du Mois de la prévention de l’agression sexuelle en Ontario.
« C’est encore très tabou, encore plus parce qu’on est dans une région aux valeurs traditionnelles, où il y a encore beaucoup de patriarcat. Une région rurale où plusieurs pensent que les agressions n’arrivent que dans les grandes villes », explique Martine Lanthier, directrice générale du Centre Novas, organisme apportant du soutien aux femmes de Prescott-Russell victimes d’agression sexuelle.
L’effet de la pandémie
La pandémie de COVID-19 n’a pas non plus aidé les choses, comme plusieurs, les femmes victimes de ce crime se sont retrouvées plus isolées et/ou ont dû carrément mettre leurs énergies ailleurs.
« C’est déjà difficile de se confier, mais avec la pandémie, c’est devenu encore moins une priorité pour les femmes avec la nouvelle réalité du télétravail, des enfants à la maison et encore plus d’insécurité financière », poursuit celle dont l’organisme est basé à Casselman.
Chiffres à l’appui, jusqu’en 2019, la moyenne annuelle de femmes desservies par le Centre pour du soutien individuel était d’environ 120. Depuis l’arrivée de la pandémie, cela a chuté de près de 50% et ce n’est pas parce que ce type d’agression est à la baisse. À titre d’exemple, de l’autre côté de la rivière, au Québec, une étude a démontré qu’une femme sur trois en serait victime au cours de sa vie.
En parler dès l’enfance
S’il n’y a pas de recette miracle pour combattre un tel fléau, la clé demeure dans la prévention de par la sensibilisation et l’éducation, et ce, dès un jeune âge.
Justement, avec le déconfinement, dans les derniers mois, le Centre Novas a enfin pu retourner dans les écoles pour faire de la prévention en « présentiel ». Une prévention qui peut se faire autant avec les élèves de niveau primaire, avec un vocabulaire adapté, que ceux du secondaire, où ils sont dans l’âge de leurs premières expériences.
« Les enseignants sont contents de savoir qu’on a des intervenantes à l’aise d’en parler, car ils ne sont pas tous outillés ou simplement confortables d’en parler et c’est normal, ce n’est pas un sujet facile », explique la directrice générale de Centre.
Une conférence
Tenant aussi encore des activités virtuelles, le Centre Novas a notamment tenu une conférence de cette manière, le 24 mai dernier, soit la dernière semaine de ce mois de sensibilisation provinciale. La première partie de cette conférence a été assurée par le Centre ontarien de prévention des agressions (COPA), alors qu’une survivante a ensuite pris la parole pour faire un témoignage.
« C’est un véritable défi [niveau financement], parce que plusieurs sont moins sensibles à la cause, car ils croient que cela ne les concerne pas. Toutefois, souvent sans le savoir, tout le monde connait quelqu’un qui en est victime et c’est aussi pour ça que c’est important d’en parler », conclut Martine Lanthier.