Quelques cas de grippe aviaire (H5N1) ont été répertoriés dans l’Est ontarien depuis quelques semaines, une forme d’influenza qui attaque les volailles domestiques et de ferme, ainsi que plusieurs groupes d’oiseaux sauvages (oies, canards, bernaches, mouettes); le Bureau de santé de l’est de l’Ontario se veut rassurant en citant que la transmission humaine est très rare, généralement liée à un contact direct avec un oiseau infecté ou ses résidus liquides ou solides.
Les oiseaux migrateurs sont souvent accusés d’être les vecteurs principaux de transmission, spécialement en période de migration. Le printemps est une saison où l’on peut être témoins de déplacements et de voyagements de milliers de bernaches dans la zone riveraine que nous habitons, traversée par la rivière des Outaouais; les résidents riverains des deux côtés de la rivière doivent alors apprendre à vivre avec leur présence sur leurs terrains et à ‘gérer’ les résidus importants et peut-être dangereux qu’ils laissent derrière eux, une tâche déplaisante.
Mais avant d’en accuser la bernache, voyons-en les faits. La bernache du Canada, aussi communément appelée outarde(d’après les récits de Jacques Cartier et Samuel de Champlain)ou oie sauvage, est la plus grande de sa famille : 75 à 110 cm de longueur, 2.6 à 6.5 kg de pesanteur. Elle est végétarienne, se nourrissant de plantes aquatiques, céréales, graminées. La bernache est monogame : dès la deuxième année de sa vie, elle trouvera un compagnon/une compagne pour s’accoupler et lui sera fidèle; une couvée compte de cinq à sept œufs et dure environ 28 jours : la femelle couve pendant que son compagnon assure la garde; la moitié des oisons seulement survivra. Six à neuf semaines après éclosion, on peut s’envoler en famille. La bernache se reproduit et niche partout en Amérique du Nord dans les zones plus tempérées et dans des terres humides puisqu’elle y trouve une grande partie de son alimentation; on la retrouve aussi dans quelques pays d’Europe où elle a été introduite. On explique leur fameuse formation de vol en V par le fait qu’ainsi, celles placées à l’avant offrent une protection aux suivantes qui sont tenues à un moindre effort et profitent de la turbulence générée par leurs mouvements d’ailes; elles se remplacent ainsi à tour de rôle quand fatiguées. La population mondiale de la bernache est estimée à près de 6 millions.
La chasse aux oiseaux migrateurs, tels la bernache, est réglementée par le gouvernement fédéral qui requiert certains permis et autorisations, ainsi que par certains quotas provinciaux; l’Ontario est subdivisé en quatre districts de chasse, chacun ayant ses propres spécifications et périodes autorisées; le Québec a ses propres quotas et périodes autorisées. Les bernaches sont chassées principalement pour leur viande et leurs plumes.
Dans certaines grandes villes canadiennes, notamment Vancouver et Toronto, la bernache est devenue un ennemi public et on cherche par tous les moyens à en limiter la prolifération urbaine dans les parcs et espaces verts où elles se donnent rendez-vous pour entretenir des conversations cacophoniques, se gloutonner des végétaux sur place et laisser derrière des excréments qui peuvent atteindre, chaque jour pour chaque bernache, la grosseur et le poids d’un chou (1 kg/jour). Les conservationnistes et environnementalistes expérimentent différentes stratégies de stérilisation, mais cela s’avère une tâche impossible considérant son ratio de reproduction; environ un million de bernaches sont chassées et tuées annuellement, mais ce pourcentage est nettement insuffisant à en contrôler la flambée. Les divers paliers de gouvernement tendent à cette tâche avec retenue parce que cet oiseau est en quelque sorte un symbole canadien; mais les spécialistes en faune avouent eux-mêmes que les méthodes d’euthanasie et d’élimination les plus humaines/les moins barbares possibles ne donnent que des résultats mitigés et seulement à court terme, puisque les nouvelles couvées ramèneront les mêmes problèmes, les doubleront, les tripleront; et sans compter leurs ‘amis humains’ qui s’amuseront à les nourrir pour leur propre plaisir sans considérer les conséquences!
FAIT : En France, la bernache est classée ‘nuisible’ et ‘chassable’ depuis un édit de 2013. FAIT : Le 15 janvier 2009, un vol de bernaches se dirigeant vers le Canada a heurté les réacteurs du vol USAirways 1549 qui a été forcé d’amerrir d’urgence sur la rivière Hudson près de Manhattan; les 155 personnes à bord ont été saines et sauves; on en a fait un film, SULLY, avec Tom Hanks.
Entretemps, à L’Orignal, à Chute-à-Blondeau, à Grenville-sur-la-Rouge, à Montebello et chez tous les propriétaires riverains de la région, dans les terrains de golf, les parcs et plages municipaux, on a remisé nos pelles d’hiver, sorti nos pelles d’été, nos gants latex et nos sacs à ordures, et on ramasse les ‘choux’!