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le Vendredi 24 Décembre 2021 8:48 Société

Cimenterie à L’Orignal: Malakos refuse d’abandonner

Cimenterie à L’Orignal: Malakos refuse d’abandonner
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Le 20 novembre dernier, après avoir consulté les membres d’Action Champlain, Konstantine Malakos a officiellement déposé la pétition e-3695 sur la plateforme web de la Chambre des communes du Canada. Un effort ultime visant à bloquer le projet de cimenterie à L’Orignal.

« Au moment des élections, j’avais donné ma promesse aux gens d’Action Champlain que je ferais tout en mon pouvoir pour combattre le projet. Même si je n’ai pas été élu, il était clair à mes yeux que je devais tenir ma parole », a affirmé celui qui a représenté le NPD lors des deux dernières élections fédérales et qui ne ferme pas la porte à le refaire une troisième fois.

Pour proposer une pétition à la Chambre des communes du Canada, il faut qu’elle touche une loi fédérale et non un projet en particulier. Ainsi la pétition a dû être écrite pour être applicable à tout le Canada en se basant sur les principes suivants.

« Le gouvernement du Canada a présenté un engagement envers la neutralité carbone, les industries très polluantes ont souvent l’impact inverse, le ministère des Pêches et des Océans dispose de lignes directrices pour l’utilisation d’explosifs dans les eaux de pêche canadiennes ou à proximité, il est nécessaire d’établir des lignes directrices sur tous les impacts (air, eau, son, ondes de choc) concernant l’utilisation d’explosifs près des zones résidentielles, la Cour suprême du Canada a statué que le gouvernement fédéral a le droit d’annuler les décisions provinciales sur les questions relatives aux changements climatiques, et le Canada a récemment adopté une loi respectant les principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones », peut-on lire, alors que monsieur Malakos spécifie que pour le projet de Colacem, c’est le peuple autochtone de Kanesatake qui est touché, via la rivière des Outaouais.

En se basant sur ces principes, la pétition fait les demandes qui suivent.

« D’arrêter la construction de toutes les nouvelles installations liées à des industries très polluantes, telles que les cimenteries, les installations de déchets nucléaires, les usines, etc., jusqu’à ce que des consultations approfondies soient menées (en acceptant un refus, si c’est le cas) avec les communautés autochtones dont l’environnement sera touché par le projet. De demander qu’un examen approfondi soit effectué par le ministère des Pêches et des Océans sur les impacts sur la faune, si le projet de construction touche les eaux interprovinciales ou internationales. De demander qu’un examen soit effectué par une tierce partie neutre et non par des entreprises embauchées par les compagnies qui tentent de construire les projets, et que les frais de ces examens soient payés par ces compagnies », a écrit monsieur Malakos.

Bel et bien un enjeu fédéral

Pour être envoyée à l’équipe qui révise le dépôt des pétitions sur la plateforme Nos communes, la pétition devait avoir initialement cinq signataires, ce qui a été fait par cinq membres d’Action Champlain. Ensuite, un député devait accepter d’éventuellement la présenter à la Chambre des communes. Ce qui a encore une fois été fait puisque le député du NPD dans  Rosemont—La Petite-Patrie, ayant auparavant donné son appui à la cause, a accepté la demande de Konstantine Malakos.

Maintenant, pour aller de l’avant et pour obtenir une réponse formelle de la Chambre des communes, la pétition doit recueillir un minimum de 500 signatures. En date du 13 décembre, elle était déjà à plus de 200 et selon monsieur Malakos, le simple fait que son dépôt soit accepté, envoie un message important.

« L’équipe qui gère les pétitions de Nos communes est neutre et veille par-dessus tout à ce que la pétition touche un enjeu lié au gouvernement fédéral. Cela vient donc contredire Francis Drouin qui disait que ce n’était plus de son ressort, ainsi que tous les autres qui disaient que seulement le provincial avait son mot à dire », a mentionné celui qui réside tout près des Comtés unis de Prescott-Russell et qui travaille dans une clinique vétérinaire de Vankleek Hill.

De plus, même si le « nombre magique » est de 500, selon Konstantine Malakos, plus elle recueillera de signataires, plus il sera difficile pour le gouvernement fédéral de ne pas céder à cette cause qui lui tient tant à cœur.

« J’adore l’environnement et j’ai été inspiré par les gens d’Action Champlain pour qui c’était une cause si importante. J’invite donc tous les gens intéressés à la cause d’à leur tour inspirer leurs collègues, familles et amis de partout au Canada, pour qu’ils signent la pétition et obtenir du changement », a-t-il conclu sur un ton rassembleur.

Francis Drouin n’y croit pas

Contacté par le journal au sujet de la pétition, le député fédéral Francis Drouin a réaffirmé que le dossier n’était réellement pas du ressort fédéral.

« Bien que j’appuie l’idée en principe, je crois que la pétition induit les gens en erreur, car pour la faire ajuster au cadre fédéral, [Konstantine Malakos] demande l’arrêt de tous les projets polluants au pays, ce qui relève de rêver en couleur », a-t-il affirmé.

Il a aussi affirmé que plusieurs éléments de la pétition ne cadrent pas. Notamment, que la carrière opère à plus d’un kilomètre des eaux et donc, que le seul cas où le ministère des Pêches et des Océans pourrait intervenir serait si une espèce menacée par les activités de Colacem était découverte. Pour le reste, que les ententes avec les entreprises qui payent pour leur production de carbone relèvent du gouvernement provincial ontarien.

« Je salue l’objectif, mais le chemin pour s’y rendre n’est pas réaliste », a indiqué Francis Drouin.