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le Mardi 21 septembre 2021 16:17 Société

Une espèce problématique détectée dans la rivière des Outaouais

Une espèce problématique détectée dans la rivière des Outaouais
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Le 8 juillet dernier, après plus de trois ans d’observation, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP) a officiellement annoncé la présence de la tanche, une espèce aquatique envahissante originaire d’Europe dans la rivière des Outaouais.

Alors qu’on sait que la tanche est présente dans le fleuve Saint-Laurent depuis au moins 2005, sa présence dans la région avait commencé à se faire sentir en 2018 quand des pêcheurs en avaient capturé une dans la baie des Atocas tout près de la rive ontarienne de la rivière des Outaouais. Depuis 2019, le MFFP effectuait donc de la surveillance pour voir si sa présence n’était qu’un hasard ou bien une problématique bien réelle. De ce fait, en 2020, en effectuant un test d’ADN avec un échantillon d’eau, la présence de la tanche dans la rivière et en aval avec le barrage de Carillon a finalement été confirmée.

« Même si une première a été repérée il y a trois ans, on voulait attendre de voir si c’était un cas isolé pour ne pas alarmer la population pour rien. En tout, en plus du test d’ADN, des pêcheurs en ont capturé trois dans leurs filets (dont la dernière près de Casselman au printemps 2021). On croit donc qu’on est au début de la dispersion, mais évidemment on peut se tromper et il pourrait y en avoir plus qu’on pense », raconte Thierry Calvé, biologiste pour le MFFP.

Un vol transatlantique qui laisse des marques

Plusieurs se demanderont : « Mais comment un poisson européen a-t-il bien pu se rendre au Canada ? » La vérité est qu’il n’est pas venu à la nage ou par ses propres moyens.

« La théorie la plus populaire est qu’un homme d’affaires en aurait illégalement transporté par avion en provenance d’Allemagne pour créer une pisciculture (élevage) près de la rivière Richelieu (autour des années 80). On ignore ce qu’il voulait faire, cela peut être pour des raisons alimentaires, sportives (pêche) ou même ornementales (poissons d’étangs). Peu importe, dû à d’autres raisons multiples inconnues (relâchement illégal, mauvais drainage de son étang dans la rivière ou inondations), il a clairement perdu le contrôle de son élevage (dans les années 90) qui s’est donc retrouvé dans la rivière Richelieu. L’espèce aurait ensuite voyagé jusqu’au fleuve Saint-Laurent pour ensuite partir dans les deux directions, soit le lac Saint-Pierre et vers la porte des Outaouais (pour maintenant se retrouver ici) », témoigne celui qui travaille au bureau régional de la gestion de la faune du secteur des Outaouais.

En quoi est-elle envahissante?

Ainsi, la tanche est une espèce aquatique qu’on pourrait décrire comme ayant un fort instinct de survie. Elle n’a besoin que d’un faible taux d’oxygène pour vivre, c’est une espèce généraliste (s’habituant à presque tous types d’habitats), en plus d’être très féconde (produits beaucoup d’œufs). Comme le nom l’indique, il est donc très facile pour elle d’envahir l’habitat des autres espèces et donc de nuire à l’équilibre des écosystèmes. En plus, elle est plus difficilement repérable, car c’est en quelque sorte une espèce nocturne qui aime se cacher dans la vase et en sortir la nuit pour se nourrir (un peu comme le doré).

Que faire maintenant?

Comme mentionné plus haut, le MFFP procède depuis 2019 à des observations pour pouvoir en apprendre davantage sur la présence de tanches dans la rivière. Que ce soit en faisant des tests d’ADN, avec des filets ou même des bateaux à électricité spécialisés pour ce genre d’opérations.

« On veut surtout sensibiliser les gens à ne pas mettre n’importe quoi dans nos plans d’eau et donc à les conscientiser. Après ça, il y a plusieurs autres moyens pour gérer la présence d’espèces envahissantes du genre. On peut notamment faire plus de contrôles (comme on le fait actuellement) ou même modifier la réglementation pour encourager davantage la pêche de ce poisson (si sa présence augmente) », indique le biologiste du MFFP en ajoutant que le ministère collabore aussi avec celui de l’Ontario, en ayant un plan de pêche et de gestion de la rivière conjoint depuis 2017-2018 et en se partageant constamment l’information et les données.

Bref, en dehors des pêcheurs commerciaux, le MFFP invite aussi la population à entrer en contact avec eux si quelqu’un capturait par hasard ou possédait une information quelconque sur la présence de tanche (ou d’une tout autre espèce envahissante) dans la région ou/et dans la rivière.

Le numéro du service à la clientèle du MFFP est donc le 1-877-346-6763, ce dernier peut toutefois aussi être contacté par courriel à l’adresse services.clientele@mffp.gouv.qc.ca.