Encore une fois, le conseil de ville de Hawkesbury a dû faire appel au commissaire à l’intégrité, Me Jean-Jacques Lacombe, pour investiguer trois plaintes logées contre le conseiller Yves Paquette. On lui reproche notamment d’avoir tenu des propos disgracieux tout en utilisant un langage abusif lors d’une réunion en mars dernier ainsi que de s’être ingéré sans autorisation dans le processus de sélection de la nouvelle directrice générale. Pour fin de confidentialité, le plaignant dans cette affaire n’a pas été identifié.
Selon le commissaire, ce genre de comportement est inacceptable dans tout milieu de travail. Le conseiller Paquette fait face à des allégations de harcèlement et d’ingérence pour avoir mis en doute la validité du comité de sélection. Pour la plainte de harcèlement, le commissaire a conclu que « le plaignant n’avait pas à subir les propos déplacés du conseiller Paquette lors de la rencontre à huis clos et que celui-ci devrait s’abstenir de faire des commentaires abusifs envers un pair, ce qui est contraire au code de déontologie ».
De plus, le commissaire a fait la remarque que monsieur Paquette aurait avantage à contenir ses émotions lorsqu’il s’engage dans des débats autour de la table du conseil, rappelant aussi aux élus de s’en tenir aux questions en litige plutôt que de s’en prendre l’un à l’autre. Même si le conseiller Paquette n’a pas agi de mauvaise foi et qu’en murmurant un « sans rancune » en quittant la rencontre du 19 mars, il en demeure pas moins qu’il a enfreint au code d’éthique et que Me Lacombe le jugeait fautif dans ses propos agressifs dirigés envers le plaignant.
Concernant la plainte d’ingérence, dont Yves Paquette a offert le plus de résistance pour justifier sa défense, toute cette affaire tourne autour d’un manque de communication entre madame la mairesse Paula Assaly et les conseillers ainsi qu’un manque de connaissances procédurales de la part du conseiller Paquette. Le commissaire explique : « Je ne doute pas de l’honnêteté du conseiller Paquette lorsqu’il s’est ingéré dans le processus de sélection […] En vérité, monsieur Paquette a jugé que la maire Assaly a erré en nommant le conseiller Tsourounakis comme remplaçant dû à un conflit d’intérêt, sans avoir convoqué une réunion spéciale; monsieur Paquette n’aurait pas dû communiquer cette information à une tierce partie, là en est sa faute. Cette action va à l’encontre des lois municipales et du principe de délégation», a expliqué le commissaire Lacombe.
La troisième allégation traite d’un certain courriel que monsieur Paquette aurait fait circuler parmi les autres conseillers, mettant en doute la validité du comité de sélection et son impartialité. Le commissaire juge encore une fois que les agissements du conseiller constituent un manquement au code de déontologie et surtout d’ingérence.
Pour toutes les raisons citées, le commissaire Lacombe recommande quatre sanctions contre le conseiller Paquette. En premier lieu, concernant le langage abusif et le ton agressif utilisé par l’accusé envers le plaignant, le commissaire recommande une réprimande. Deuxièmement, en ce qui concerne le comportement, l’ingérence et le manque d’impartialité, il recommande au conseiller Paquette de s’excuser devant les membres du conseil lors de la prochaine réunion à huis clos.
Ironiquement, le conseil municipal a rejeté unanimement les recommandations du commissaire Lacombe. Malgré tout, le conseiller Paquette a tenu à s’excuser publiquement lors de la séance en vidéoconférence pour ses agissements et ses manquements au code de déontologie, et ce en toute franchise.
Mais il a aussi tenu des propos sévères en répliquant : « Je suis très désappointé de voir que les lignes de communications entre les conseillers sont pratiquement inexistantes, dû en partie au manque de leadership ».
Selon Yves Paquette, « toute cette affaire aurait pu être réglée facilement si le plaignant avait pris la peine de me téléphoner », a-t-il dit d’un ton sec. Il se dit choqué qu’une fois de plus, la ville aura à défrayer pour les coûts pour l’investigation et les frais de la part du commissaire Lacombe, ajoutant du même souffle qu’il s’agit d’une perte de temps.
Malgré tout ce brouhaha, le conseiller Paquette se dit fier de représenter les citoyens de Hawkesbury et d’avoir le privilège de siéger à la table du conseil municipal. « Je me fais un devoir d’accomplir mes tâches de toute bonne foi mais occasionnellement, je le reconnais, ma franchise, mon honnêteté et mon ton de voix me causent certains problèmes que je devrai apprendre à contrôler », dit-il en concluant.
Des frais élevés
Selon la directrice générale, Dominique Dussault, toutes ces controverses au niveau de la gestion de la ville de Hawkesbury commencent à peser lourdement sur les finances de la ville.
D’après elle, jusqu’à présent, la ville a dépensé tout près de 425 000 $ pour se défendre contre son propre maire, Paula Assaly, suite à l’investigation du précédent commissaire John Saywell, pour régler les coûts reliés aux congédiements de trois employés en juin dernier, pour régler les frais de départ de l’ancien DG, Daniel Gatien, sans compter les déboursés pour régler l’affaire Paquette et régler les honoraires du commissaire Lacombe.
La directrice Dussault s’inquiète devant le fait que tout le budget dédié annuellement pour couvrir les frais juridiques est déjà tout épuisé et ce, tout juste après les premiers quatre mois de l’année.
Le conseiller Lefebvre rétorque : « Basé sur des expériences vécues auparavant à Hawkesbury, on ne peut plus continuer de cette façon-là ».
Et le conseiller Paquette de renchérir : « C’est malheureux d’avoir dépensé à date 425 000$ car ce sont plusieurs projets qui ne pourront pas être mis de l’avant, une somme qui représente environ 4,2% des taxes résidentielles ».
L’année 2021 semble être une autre année houleuse au niveau du conseil municipal et elle sera certainement très onéreuse pour les citoyens de la ville de Hawkesbury.