le Mardi 13 mai 2025
le Jeudi 2 février 2023 16:13 Société

La Maison Interlude essuie un troisième refus de financement

L'organisme veut construire un immeuble de 24 logements pour femmes victimes de violence conjugale.
La Maison Interlude essuie un troisième refus de financement
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Alors que l’organisme Maison Interlude célèbre son 40e anniversaire d’existence, une tuile s’est abattue sur sa tête : la demande de financement que la Maison a déposée auprès de la Société canadienne d’hypothèque et de logement a été refusée pour une troisième fois. Ce financement aurait permis la construction d’une maison de deuxième étape de 24 logements dans la municipalité de Russell pour venir en aide aux femmes victimes de violence et leurs enfants.

«  Une statistique importante à retenir est que présentement, il y a 50 femmes sans logements dans la région de Prescott-Russell. Ce projet n’aurait pas pu subvenir à l’ensemble des besoins de pénurie de logements mais ça aurait pu donner un bon coup de main à notre clientèle », explique la directrice générale de la Maison d’hébergement, Muriel Lalonde.

Le projet, qui a pourtant bénéficié d’un grand soutien de la population, incluait entre autres des logements de types bachelor et jusqu’à 3 chambres à coucher pour dépanner les femmes. « La municipalité de Russell nous a démontré un énorme soutien, c’est grâce à eux si nous avions trouvé le terrain pour mettre sur pied ce projet. »

L’année dernière, la municipalité de Russell a généreusement offert la vente d’un terrain au prix coûtant, ce qui représente une contribution en nature de 470 000 $. Depuis, MIH a acheté le terrain, modifié le zonage avec succès et lancé la conception des plans et devis.

Refus en série

La maison de deuxième étape de MIH est en conception depuis cinq ans et profite d’un appui sans précédent des Comtés unis de Prescott et Russell, de la province de l’Ontario ainsi que du député fédéral monsieur Francis Drouin, sans compter les 35 lettres d’appui communautaire.

En novembre dernier, MIH a encore reçu une mauvaise nouvelle : une autre demande, cette fois-ci visant du financement initial (‘seed funding’), a été refusée par manque de fonds du programme. MIH a tenté de communiquer par écrit avec le ministre responsable de la SCHL, l’honorable Ahmed Hussen, depuis le mois d’août 2022, mais ses lettres demeurent sans réponse.

« Notre projet coûtait 11,8M$ (487,500 $ / unité) tandis que la plupart des projets financés varient entre 450 000  à 880 000 $ / unité , affirme Mathieu Mault, consultant et PDG d’Activar, un cabinet d’expert-conseil en gestion de projet. Le député fédéral se dit impuissant face à la SCHL car c’est une organisation apolitique, tandis que la SCHL nous dit qu’elle n’a plus de fonds. »

Pourtant, monsieur Mault affirme que le projet de maison de deuxième étape de la Maison Interlude ne demandait aucune contribution opérationnelle de la SCHL tandis que la SCHL a financé jusqu’à 5M$ pour des projets semblables. 

L’incompréhension semble aussi être partagée par la directrice générale de l’organisme. « Tout ce qu’on demande, ce sont des réponses. On veut comprendre pourquoi notre projet n’a pas été retenu malgré qu’il soit parfaitement ficelé, qu’il soit le plus avancé (selon Hébergement Femmes Canada) et qu’il réponde à tous les critères que doit prioriser la SCHL », explique madame Lalonde.

La Maison Interlude étant la seule maison d’hébergement francophone de la région sur 3, madame Lalonde se désole que les besoins des femmes de la région ne soient pas pris davantage au sérieux.

« Il est grand temps que les gouvernements portent attention aux besoins des organismes communautaires francophones, il n’y a pas que les grands centres comme Toronto qui existent. »

Un besoin

Chaque année, MIH accompagne plus de 500 femmes victimes de violence des comtés de Prescott-Russell et Stormont-Dundas-Glengarry. Interrogée quant à sa plus grande fierté face aux 40 ans d’existence de la Maison Interlude, madame Lalonde répond : « C’est bien sûr l’intervention auprès des femmes et notre travail afin de les aider à se sortir d’un milieu défavorable pour elles. »

En plus de diriger une maison d’hébergement à court terme pour les femmes victimes de violence ainsi que leurs personnes à charge, MIH offre une multitude de services d’approche. Ces services soutiennent les femmes qui souhaitent quitter un milieu violent, mais qui n’ont pas forcément besoin d’hébergement d’urgence. Offerts en français et en anglais, ces services sont donnés dans les six bureaux satellites de l’organisme.

Selon des informations obtenues par le journal Le Régional, La Maison Interlude, une organisation à but non lucratif, doit maintenant se tourner vers des programmes génériques de la SCHL qui offrent simplement du prêt et aucun financement opérationnel. Celle-ci doit maintenant faire compétition à des promoteurs privés qui aspirent la plupart du financement de la SCHL.

Mme Lalonde espère pouvoir miser sur des fonds supplémentaires afin que le projet, qui est en branle depuis 5 ans, finisse par voir le jour. En attendant, elle mise sur la collaboration de ses partenaires et des médias pour se faire entendre.

«  En étant un organisme communautaire, nous n’avons pas nécessairement les moyens de faire des levées de fonds et en tant que directrice générale, je suis ultra impliquée [dans la cause].  Notre consultant, Mathieu Mault, est très impliqué également. Nous cherchons aussi à développer des partenariats avec d’autres organismes comme Hébergement Femmes Canada afin de trouver des solutions. »