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le Lundi 14 novembre 2022 12:01 Économie

Une innovation «jamais vue» pour trouver des travailleurs dans Prescott-Russell

Le Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell (CSEPR) a annoncé qu’une dizaine d’emplois avaient été comblés grâce à un projet pilote collaboratif avec le Centre régional de santé mentale et toxicomanie de l’Hôpital général de Hawkesbury (HGH).
Une innovation «jamais vue» pour trouver des travailleurs dans Prescott-Russell
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Dans le cadre d’une conférence de presse tenue à Hawkesbury, le 27 octobre, le Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell (CSEPR) a annoncé qu’une dizaine d’emplois avaient été comblés grâce à un projet pilote collaboratif avec le Centre régional de santé mentale et toxicomanie de l’Hôpital général de Hawkesbury (HGH).

« Notre alliance avec ce département [du HGH] est une innovation. Selon ce qu’on sait, en Ontario, c’est une première pour un centre comme le nôtre de travailler si étroitement avec un hôpital », a lancé d’entrée de jeu, Lionel Renaud, président du conseil d’administration du CSEPR.

Avec les 10 emplois qu’il a permis de pourvoir, le projet pilote a été déclaré « un succès » par ceux qui l’ont élaboré, si bien qu’il sera de retour de manière permanente, dès l’année prochaine, sous le nom de l’entente de service InterAction Emploi.

Des résultats prometteurs

Les emplois que le projet pilote a permis de combler sont de toutes sortes. On dénote par exemple un travailleur dans le monde du paysagement, un directeur de magasin, une préposée en soins et services personnels, deux commis d’épicerie et même un ingénieur.

« On voit une diversité. Des fois on peut avoir un stéréotype que ce sont des personnes qui travaillent dans des postes sous-payés, mais on voit que ce n’est vraiment pas le cas », a soutenu Lynda Tessier, conseillère à l’emploi au CSEPR.

En plus de ces huit postes, deux autres personnes ont quant à elles choisi le processus de formation à l’emploi, s’orientant ainsi vers des carrières en agriculture et en conduite de camion.

Cela représente donc 10 dossiers concluant pour le CSEPR, sur le total des 22 référencements faits par le HGH.

Un projet « personnalisé »

Questionné sur le plus grand défi que représentait ce projet, Lynda Tessier a répondu que chaque personne, étant unique, représentait un défi qui lui est propre et que la beauté du projet est justement qu’il se peut se faire différemment pour chaque personne.

« L’un de nos critères est de baser l’admissibilité à un emploi sur le choix du client […], de faire attention à ses préférences », a-t-elle indiqué en spécifiant qu’il ne s’agit pas de combler n’importe quel emploi avec n’importe quel client.

Pour ce qui est des autres principes du projet, le CSEPR vise notamment à envoyer ses clients vers le marché du travail régulier, à l’aide d’une recherche d’emploi active, à intégrer le client à son travail, à tenir compte de sa situation financière et ainsi, à lui offrir un support « illimité et personnalisé ».

« Il n’y a pas de ‘fin’ concrète au projet, même si la personne se trouve un emploi, elle peut toujours nous appeler ou venir nous voir pour demander des conseils ou donner de ses nouvelles », a-t-elle affirmé.

« Briser le tabou »

Au sens plus large, le projet ne brise pas simplement le tabou que les personnes souffrant de problèmes de santé mentale ou de toxicomanie ne sont qu’éligibles à des emplois « sous payés ». Lynda Tessier croit aussi qu’il démontre une ouverture de plus en plus grande des employeurs à cet enjeu.

« Oui, il y a des employeurs qui sont ouverts à embaucher des personnes, en sachant qu’ils ont un trouble de santé mentale. Donc, je pense que tranquillement, ça se parle de plus en plus et le tabou commence à diminuer dans la population en général », a-t-elle affirmé.

Les bienfaits de l’emploi

Même si elle convient que le marché du travail peut être un milieu stressant pour certains, et que chaque cas est personnel à chacun, la conseillère à l’emploi croit que les bienfaits du travail sur la santé mentale sont bien plus importants que les inconvénients.

« Cela permet de créer une routine à la personne, une structure, un sens à sa vie, une identité, des objectifs, une raison de se lever le matin, une fierté, un sentiment d’appartenance et des relations interpersonnelles, parce que ça sort de l’isolement », a-t-elle énuméré, en soulignant le « petit coup de pouce financier » que cela représente.

De ce fait, Benoit St-Jean, qui est gestionnaire clinique à l’HGH, a pris la balle au bond pour inviter les organismes à suivre le pas du projet InterAction Emploi.

« J’invite toutes les agences à créer des partenariats pour faciliter l’accès aux services. Je pense que ce projet-là ouvre la porte à des possibilités très grandes, entre autres à travailler ensemble et plus étroitement à la place de travailler individuellement », a-t-il conclu sur un ton rassembleur, en soulignant qu’autant la santé mentale, la toxicomanie et la pénurie de main-d’oeuvre sont des enjeux qui dépassent largement un seul organisme ou une seule région.